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Les contrebandiers de l'ombre

Les contrebandiers de l'ombre

Titel: Les contrebandiers de l'ombre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Laurie McBain
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bâtiment.
    C'était une sorte de manoir en bois, avec des excroissances pseudo-militaires, tourelles, échauguettes, belvédère, purement décoratives, et surchargé de gargouilles en forme de dragons. Les fenêtres de taille modeste, à croisées, donnaient sur la mer et sur les tours de Merdraco.
    — Quelle quiétude ! dit Rhea, juste avant qu'un oiseau ne s'envole à ses pieds, avec un cri strident d'exaspération.
    — Qui va là ? cria une voix flûtée en haut de la terrasse.
    Tous reculèrent. Dante poussa Rhea derrière lui pour la protéger de son corps. Tout ce qu'on pouvait voir était une longue claymore à deux mains et un bouclier rond.
    — Permission de monter à bord ! répondit Francis en se demandant où les deux incorrigibles gamins avaient trouvé cette quincaillerie d'un autre âge.
    — Mince ! Quelle frousse ! J'ai bien dû perdre deux ans de ma vie avec c't'émotion ! grogna Kirby.
    — Entrez, capitaine ! fit Conny. (Il ajouta sans trop de tact :) Cet endroit n'est pas en aussi mauvais état que Merdraco !
    — Sûr ! Permission de monter à bord accordée ! lança Robin.
    La devise des Leighton protégeait la porte, mais elle était presque totalement cachée sous le lierre. Un petit vestibule ouvrait sur une grande salle sous toiture. Les madriers étaient visibles et en bon état de conservation. Toutes les parties en bois avaient été sculptées. Malgré la poussière et les toiles d'araignée, ce pavillon dégageait une certaine impression de confort et de chaleur. Rhea envisagea sans peine un feu dans la grande cheminée, des meubles cirés à nouveau. Il devait y avoir à l'étage, auquel on accédait par un escalier de chêne, quelques chambres et peut-être même un petit salon. Les contrebandiers, pour une raison inconnue, avaient épargné cet endroit, qui semblait sommeiller depuis des siècles.
    Dante lut dans ses pensées, et lorsque les autres se dispersèrent pour visiter les lieux, il s'approcha de son oreille pour lui murmurer :
    — Ce n'est pas tout à fait ce que j'avais prévu pour nous, mais ça fera l'affaire pour le moment. N'est-ce pas, ma douceur ? Mon amour, que ferais-je sans toi ? Je viens de vivre le jour le plus noir de mon existence, mais, avec toi, j'ai l'indéfectible certitude de pouvoir triompher.
    Leurs lèvres se trouvèrent, et, pendant un instant enchanteur, le monde cessa d'exister.
    Comme dans un tourbillon, il fut éloigné par la passion de leur étreinte.
    Kirby dévala l'escalier, précédé par sa voix :
    — Cap'taine ! Le reste du pavillon, la cuisine, les communs et les chambres là-haut sont en parfait état. Les contrebandiers devaient ignorer son existence ! Nous pouvons nous y installer en un clin d'œil ! J'envoie du monde ici, et...
    Embarrassé, le petit valet s'arrêta au milieu de sa phrase, toussa légèrement et battit en retraite. Ils auraient bien assez de temps pour la revanche. Pour l'instant, le maître reprenait possession de son domaine.

    Chapitre 21

    Sam Lascombe examina d'un œil critique la réalisation de sa femme, qui encombrait toute la grande table de la cuisine.

    — Ben... Dora, j'peux pas dire... J'en ai jamais rencontré avant, admit-il avec réticence.
    Il lui fallait être diplomate : Dora se tenait trop près de ses casseroles et de ses poêles.
    Prudence !
    — C'est un dragon, bien sûr ! lui souffla-t-elle.
    — Oh sûr ! J'aurais jamais pensé que ça soit un autre animal ! reconnut Sam avec véhémence.
    En reconsidérant sérieusement l'objet, ça ressemblait vraiment à la bête mythique en question.
    — Tu crois que ça leur plaira, alors ? demanda Dora.
    Elle avait le trac, car c'était le plat principal du dîner de lord Jacobi et de sa suite.
    Sam Lascombe avala d'abord sa salive.
    — Ben, ça sera certainement une surprise, déclara-t-il, pour ajouter avec générosité : Et je peux voir déjà combien ils vont être impressionnés, Dora ! Voilà quelque chose qu'on n'oubliera pas !
    C'était en dessous de la vérité : l'œuvre de Dora était extraordinaire. On aurait réellement dit qu'une créature reptilienne s'était introduite dans l'auberge pour se poser sur ce plateau d'argent. Le monstre avait des écailles vertes, un mufle épais. Ses yeux étaient rouges, et sa queue débordait du plat. Pour ajouter au réalisme, les pattes prenaient appui sur la table même. Bien sûr les écailles étaient des tranches de concombre, ses yeux des groseilles.
    Dessous, se trouvaient plusieurs

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