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Les croisades vues par les arabes

Les croisades vues par les arabes

Titel: Les croisades vues par les arabes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amin Maalouf
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artisans, que Zinki garda avec lui comme prisonniers pour les faire travailler chacun a son métier. Tous les autres Franj, environ cent hommes, furent exécutés.
    Dès que la nouvelle de la reconquête d'Edesse est connue, le monde arabe est saisi d'enthousiasme. On attribue à. Zinki les projets les plus ambitieux. Les réfugiés de Palestine et des villes côtières nombreux dans l'entourage de l'atabek commencent déjà à parler de reconquérir Jérusalém, un objectif qui deviendra bientôt le symbole de la résistance aux Franj. 
    Le calife s'est empressé de conférer au héros du jour des titres prestigieux : al-malek al-mansour, « le roi victorieux », zain-el-islam, « ornement de l'islam », nas-sir amir al-mouminin, « soutien du prince des croyants ». Comme tous les dirigeants de l'époque, Zinki aligne fièrement ses surnoms, symboles de sa puissance. Dans une note finement satirique, Ibn al-Qalanissi s'excuse auprès de ses lecteurs d'avoir écrit dans sa chronique « le sultan Untel », « l'émir » ou « l’atabek », sans y ajouter leurs titres complets. Car, explique-t-il, il y a depuis le x° siècle une telle inflation de surnoms honorifiques que son texte serait devenu illisible s'il avait voulu tous les citer. Regrettant discrètement l'époque des premiers califes, qui se contentaient du titre, superbe dans sa simplicité, de « prince des croyants », le chroniqueur de Damas cite plusieurs exemples pour illustrer ses dires, dont précisément celui de Zinki. A chaque fois qu'il mentionne Patabek, Ibn al-Qalanissi rappelle qu'il devrait écrire, textuellement :
L’émir, le général, le grand, le juste, l'aide de Dieu, le triomphateur, l'unique, le pilier de la religion, la pierre angulaire de l'islam, l’ornement de l'islam, le protecteur des créatures, l'associé de la dynastie, l'auxiliaire de la doc- trine, la grandeur de la nation, l'honneur des rois, l'appui des sultans, le vainqueur des infidèles, des rebelles et des athées, le chef des armées musulmanes, le roi victorieux, le roi des princes, le soleil des mérites, l'émir des deux Irak et de la Syrie, le conquérant de I’Iran, Bahlawan Jihan Alp Inassaj Kotlogh Toghrulbeg atabek Abou-Said Zinki Ibn Aq Sonqor, soutien du prince des croyants.
    Outre leur caractère pompeux, dont le chroniqueur de Damas sourit irrévérèncieusement, ces titres reflètent bien néanmoins.la place prépondérante que Zinki occupe désormais dans le monde arabe. Les Franj tremblent à la seule mention de son nom. Leur désarroi est d'autant plus grand que le roi Foulque est mort peu avant la chute d'Edesse, laissant deux enfants mineurs. Sa femme, qui assure la régence, s'est dépêchée d'envoyer des émissaires au pays des Franj pour y porter les nouvelles du désastre que son peuple vient de subir. On lança alors dans tous leurs territoires , dit Ibn al-Qalanissi, des appels pour que les gens courent à l'assaut de la terre d'Islam. 
    Comme pour confirmer les craintes des Occidentaux, Zinki revient en Syrie après sa victoire, faisant clamer qu'il prépare une offensive de grande envergure contre les principales villes tenues par les Franj. Au début, ces projets sont accueillis avec enthousiasme par les villes syriennes. Mais peu à. peu les Damascains s'interrogent sur les véritables intentions de l’atabek, qui s'est installé à. Baalbek, comme il l'avait fait en 1139, pour y construire de très nombreuses machines de siège. Ne serait-ce pas aux Damascains eux-mêmes qu'il compterait s'attaquer sous couvert du jihad? 
    On ne le saura jamais, car en janvier 1146, alors que ses préparatifs pour la campagne du printemps semblent terminés, Zinki se voit contraint de repartir vers le nord : ses espions l'ont informé qu'un complot est ourdi par Jocelin, d'Edesse, avec certains de ses amis arméniens restés dans la cité, pour massacrer la garnison turque. Dès son retour dans la ville conquise, l'atabek reprend la situation en main, exécute les partisans de l'ancien comte et, pour renforcer le parti anti-franc au sein de la population, installe à Edesse trois cents familles juives dont le soutien indéfectible lui est acquis. 
    Cette alerte convainc Zinki que mieux vaut renoncer, provisoirement du moins, à étendre son domaine et s'employer à le consolider. Il y a, en particulier, sur la grand-route d'Alep à Mossoul, un émir arabe qui contrôle la puissantê forteresse de Jaabar située sur l’Euphrate et refuse de

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