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Les croisades vues par les arabes

Les croisades vues par les arabes

Titel: Les croisades vues par les arabes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amin Maalouf
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chose, comparé à l'énorme domaine conquis par l'atabek, mais la modestie même de ce domaine initial va assurer la gloire de son règne. Zinki avait passé l'essentiel de sa vie à se battre contre les califes, les sultans et les divers émirats de l'Irak et de la Jézira. Une tâche épuisante et ingrate qui n'incombera pas à son fils. Laissant Mossoul et sa région à son frère aîné Saifeddin, avec lequel il maintiendra de bons rapports, et donc assuré de pouvoir compter à sa frontière orientale sur une puissance amie, Noureddin se consacre entièrement aux affaires syriennes. 
    Sa position n'est pourtant pas aisée lorsqu'il arrive à Alep en septembre 1146 accompagné de son homme de confiance, l'émir kurde Chirkouh, oncle de Saladin. Non seulement on y vit à nouveau dans la crainte des chevaliers d'Antioche, mais Noureddin n'a pas le temps d'établir son autorité au-delà des murs de sa capitale, qu'on vient lui annoncer, fin octobre, que Jocelin a réussi à reprendre Edesse avec l'aide d'une partie de la population-arménienne. Il ne s'agit pas d'une ville quelconque, semblable à toutes celles qui ont été perdues dès la mort de Zinki : Edesse était le symbole même de la gloire de l'atabek, sa chute remet en cause tout l'avenir de la dynastie. Noureddin réagit vite. Chevauchant jour et nuit, abandonnant au bord des routes les montures épuisées, il arrive devant Edesse avant que Jocelin ait eu le temps d'en organiser la défense. Le comte, que les épreuves passées n'ont pas rendu plus courageux, décide de s'enfuir dès la nuit tombée. Ses partisans, qui tentent de le suivre, sont rattrapés et massacrés par les cavaliers d’Alep. 
    La rapidité avec laquelle l'insurrection a été écrasée confère au fils de Zinki un prestige dont son pouvoir naissant avait grandement besoin. Comprenant la leçon, Raymond d'Antioche devient moins entreprenant. Quant à Ounar, il se dépêche de proposer au maître d’Alep la main de sa fille.
Le contrat de mariage fut rédigé à Damas, précise Ibn al-Oalanissi, en présence des envoyés de Noureddin. On se mit aussitôt à confectionner le trousseau, et, dès qu'il fut prêt, les envoyés se mirent en route pour regagner Alep.
    La situation de Nourredin en Syrie est désormais bien assise. Mais, comparés au péril qui se dessine à l'horizon, les complots de Jocelin, les razzias de Raymond et les intrigues du vieux renard damascain vont bientôt paraître dérisoires.
Des nouvelles successives parvinrent de Constantinople, du territoire des Franj ainsi que des contrées avoisinantes selon lesquelles les rois des Franj arrivaient de leur pays pour attaquer la terre d'islam. Ils avaient laissé leurs provinces vides, privées de défenseurs, et ils avaient amené avec eux des richesses, des trésors et un matériel incommensurable. Leur nombre, disait-on, atteignait un million de fantassins et de cavaliers, et même plus.
    Lorsqu'il écrit ces lignes, Ibn al-Qalanissi a soixante-quinze ans, et il se rappelle sans doute qu'un demi-siècle plus tôt il lui a déjà fallu rapporter, en des termes peu différents, un événement du même genre.
    De fait, la seconde invasion franque, provoquée par la chute d’Edesse, apparaît à ses débuts comme une réédition de la première. D'innombrables combattants ont déferlé sur l'Asie Mineure à l'automne de 1147, avec, une fois de plus, cousues sur le dos, des pièces de tissu en forme de croix. Traversant Dorylée, où avait eu lieu la défaite historique de Kilij Arslan, le fils de celui-ci, Massoud, les attend pour se venger avec cinquante ans de retard. Il leur tend une série d’embuscades, leur assenant des coups particulièrement meurtriers. On ne cessait d'annoncer que leurs effectifs s'amenuisaient, si bien que les esprits retrouvèrent quelque tranquillité . Ibn al-Qalanissi ajoute toutefois qu'après toutes les pertes qu'ils avaient subies, les Franj étaient, dit-on, au nombre de cent mille environ. Il ne faut évidemment pas prendre, là encore, ces  Il ne faut évidemment pas prendre, là encore, ces chiffres pour argent comptant. Comme tous ses contemporains, le chroniqueur de Damas n'a pas le culte de la précision et, de toute manière, il n'a aucun moyen de vérifier ses estimations. On doit toutefois saluer au passage les précautions verbales d'Ibn al-Qalanissi qui ajoute des « dit-on » à chaque fois qu'un chiffre lui paraît suspect. Bien qu'Ibn al-Athir n'ait pas de tels

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