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Les Dames du Graal

Les Dames du Graal

Titel: Les Dames du Graal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Lancelot, qu’elle comprend que son amant est resté d’une absolue fidélité.
    Cela fait le jeu des adversaires et des jaloux de Lancelot. Les amants sont dénoncés, surpris en flagrant délit. Arthur, qui fermait les yeux sur cette liaison tant qu’elle demeurait secrète, ne peut que réagir et condamner à mort la reine adultère. Lancelot et son clan délivrent alors Guenièvre et s’enfuient avec elle en Armorique. Il s’ensuit une guerre fratricide ponctuée par un duel à mort entre Lancelot et Gauvain, devenu son pire ennemi. Ainsi se disloque le compagnonnage de la Table Ronde. Car si, par suite d’une médiation, Guenièvre est réintégrée à la cour d’Arthur, le roi doit poursuivre Lancelot pour laver non seulement son honneur mais l’honneur du royaume. Il s’embarque donc pour l’Armorique, confiant la garde de la reine et la régence du royaume à son neveu Mordret, qui est aussi son fils incestueux.
    Fâcheuse initiative ! Ivre de pouvoir, Mordret fait courir le bruit qu’Arthur est mort et affiche sa volonté d’épouser Guenièvre et de se faire couronner roi. C’est d’ailleurs reconnaître que la souveraineté est réellement incarnée par la reine. Mais celle-ci s’enfuit. On sait comment finit l’histoire : Arthur et ses fidèles combattent Mordret et la coalition de Gaëls, de Pictes et de Saxons qu’il a formée. La plupart des compagnons de la Table Ronde périssent au cours de cette bataille. Arthur et Mordret s’entre-tuent, mais on prétend que le roi blessé a été recueilli par sa sœur la fée Morgane et emmené par elle dans l’île d’Avalon, où il est en « dormition », attendant le moment propice pour revenir réunifier le royaume disloqué de Bretagne.
    Et Guenièvre termine sa vie dans un monastère, parallèlement à Lancelot qui se fait ermite. C’est du moins ce que raconte la version « cistercienne » de la légende, attribuée à Gautier Map, et reprise ensuite au XV e  siècle par Thomas Malory dans sa vaste compilation dite le Morte Darthur , version popularisée ensuite par de nombreuses œuvres littéraires, picturales et cinématographiques.
    Si l’on ne tient compte que de la version classique en prose de la légende, celle qui est attribuée à Gautier Map et celle du Chevalier de la Charrette , il n’est guère possible d’imaginer la reine Guenièvre sans faire intervenir Lancelot du Lac. À travers les multiples aventures qui sont concentrées autour du mystérieux « saint » Graal, le couple Guenièvre-Lancelot apparaît comme une sorte de pivot, un schéma qui conditionne tout le récit. Si Lancelot, qui est étranger (« Il est de Gaule, il en a le parler ») et n’appartient pas au compagnonnage de la Table Ronde, n’avait pas été subjugué par Guenièvre, il ne serait peut-être pas resté à la cour d’Arthur. Et cette société « arthurienne » n’aurait pas brillé de tout son éclat sans la participation de Lancelot, le « meilleur chevalier du monde ». En tout cas, la fin de l’histoire est significative : la rupture entre Lancelot et Arthur provoque directement la dislocation de cette société idéale, puis sa complète disparition. On est bien obligé d’admettre que le couple Guenièvre-Lancelot est nécessaire et qu’il ne suffit pas de voir dans le récit de leurs amours une merveilleuse histoire sentimentale.
    Lancelot est inexistant dans les versions primitives du cycle arthurien. C’est Chrétien de Troyes qui l’a introduit dans la légende et en a fait l’amant de la reine. Ce dernier ne l’a pas inventé, il l’a seulement emprunté à une autre tradition pour l’intégrer au cycle, sans aucun doute pour répondre au souhait de sa commanditaire, la comtesse de Champagne, fille d’Aliénor. Comme le dit Jean Frappier : « On devine aisément les transformations essentielles qu’il a dû apporter au thème primitif, en particulier à l’instigation de la comtesse Marie. Au détriment du roi Arthur, il a fait de Lancelot le libérateur de la reine, illustrant de la sorte la doctrine de l’amour courtois, de la fin’amor chantée par les troubadours. Le chevalier-amant l’emporte en prouesse et en valeur sur tous les autres chevaliers, parce qu’il est guidé par Amour, infaillible divinité, vertu ennoblissante, et qui obéit avec soumission et joie aux volontés, voire aux caprices de la dame à la fois adorée et désirée. C’est dans cette conception que réside le

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