Les Décombres
nous. Mais, si je ne me trouve pas physiquement avec vous dans les tranchées, je suis avec vous – comme tout homme du globe pensant honnêtement – je le suis moralement. Cette guerre est nôtre et vous la faites pour nous tous ».
Chalom ASCH, écrivain juif.
(Les Nouvelles Littéraires du 10 février.)
Autre voix de la race élue : M. Jacques Hadamard, Juif de l’Institut, dans Le Droit de Vivre, du Juif Bernard Lecache :
« Chacun de nous sent, chacun de nous sait que défendre la France et défendre les Juifs, sont une seule et même chose ».
« Si elle bombarde nos villes, l’Allemagne s’exposera à d’effroyables représailles qui faciliteront, par l’intérieur, l’écroulement germanique. L’offensive aérienne allemande, nous ne la redoutons pas. Bien au contraire ».
Aux Écoutes, de Paul LEVY (14 octobre.)
Guerre en dentelles :
« Les modèles charmants ne s’appellent plus Flirt, Intimité passionnée, Gamin parisien, etc., mais bien, Maginot, Bombardier, Avant-postes, Tank et 155 court.
« Un couturier fantaisiste avait même dénommé un déshabillé de dentelles, No man’s land. Devant l’hostilité voilée de ses clientes, il a dû rebaptiser ce tea-gown Permission de détente.
« Offensive associe une blousette de soie imprimée à une jupe assez longue de drap de même ton. Courte jaquette aux revers de soie imprimée, le masque à gaz placé dans un petit sac dressé dans ce même tissu décoré ».
(Le Cri de Paris, 5 novembre.)
« L’habit ne constitue-t-il pas une manifestation déplacée ? Le veston, par contre, ne risque-t-il pas de paraître une sorte d’abandon et, en somme, une manière de défaitisme vestimentaire ?
« On voit, par ce simple détail, combien la vie des hommes élégants est rendue difficile par les événements. »
(Match, 25 avril.)
« Collection de guerre, dit-on en contemplant avec un sentiment admiratif les robes parisiennes qui continueront à défiler dans les salons de nos grands couturiers.
« Mais c’est une guerre hardie, confiante, sachant allier l’audace au succès et la patience à l’espoir.
« Une robe en crêpe noir est rehaussée de broderies cloutées d’acier comme une nuit d’alerte sur la Blies.
(lbid., 26 novembre.)
En voulez-vous d’autres encore ? Voici nos chers alliés en guerre :
« Dans un de nos services de contrôle postal est arrivé récemment le premier message adressé à sa famille par un soldat anglais fraîchement débarqué.
« En voici le texte exactement traduit : «C’est le pays du Bon Dieu. On peut se saouler pour un shilling» ».
(Aux Écoutes, 21 octobre.)
« Dans un port du Nord de la France, l’envoyé spécial de l ’Evening News a visité l’hôpital militaire installé dans le casino. Les premiers pensionnaires sont, assure-t-il, des soldats anglais atteints d’indigestion pour avoir trop apprécié la cuisine. »
Jean OBERLE.
(Le Journal, 25 octobre.)
Enfin, côté des belles-lettres :
« Dans cette guerre, Jean Cocteau ne sera ni journaliste ni artilleur. Il écrira. C’est la mission des écrivains. Si le geste d’un Péguy ne fut pas inutile, que ceux qui ne peuvent mourir dressent au moins leur flambeau. »
Michel GEORGES-MICHEL.
(Le Cri de Paris, 26 novembre.)
« Alors que le Dr Goebbels écrivait, faisait écrire et trompettait partout que la vie de Paris était finie, il s’est trouvé quelqu’un pour lui faire cette jolie réponse : Malgré les difficultés centuplées par les hostilités, Henry Bernstein ouvrira lundi le Théâtre des Ambassadeurs avec sa nouvelle comédie dramatique Elvire. »
Marcel ACHARD.
(Paris-Soir, 28 janvier.)
Et pour finir, ce héros :
« D’aucuns diront que c’est une forfanterie et une insolence de faire représenter ma pièce en ce moment. Jedis, moi, que c’est du courage. »
Jean COCTEAU, interviewé par M lle Routier.
(Marianne. 21 février.)
* * *
Nous avions fait de solennels serments, celui-ci que nous devions bien souvent reproduire dans les blancs de la censure :
Nous nous tairons s’il le faut,
Nous ne mentirons jamais.
Celui encore de ne jamais oublier l’immense série de crimes qui nous avait conduits à cette guerre et les gredins couverts d’honneurs qui devaient en répondre, ces crimes dont témoignaient par des flaques de sang chacun des noms, Hornbach, Sierck, la Blies, la Warndt, de cette frontière où ni par la conciliation ni
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