Les Décombres
friperies, appauvrissement et angoisse du chrétien que le marxisme installé avec l’envahisseur dépouille un peu plus chaque jour. ] Des hardes séchaient aux fenêtres de Schönbrunn transformé en phalanstère ouvrier. Les mendiants vous harcelaient, et les étudiants, quand je les interrogeais sur ces choses, ne répondaient pas, mais dessinaient une croix gammée sur mon Baedeker.
Je retrouvais une Vienne allégée et nettoyée. Cela sautait aux yeux dans ces rues reconquises par des jeunes filles en petites jupes à fleurs et gorgerettes de Gretchens, des garçons frais et athlétiques fiers de leurs uniformes neufs. J’aurais cru assez facilement, moi aussi, à des heurts de mœurs et de caractère entre Allemands et Autrichiens. Mais rien n’avait plus compté devant la joie de piétiner le traité qui avait férocement et stupidement coupé de tout, voué à une décrépitude fatale une ville de deux millions d’habitants, de se mettre entre les mains du chef prestigieux qui chassait l’ennemi et liait votre destinée à un empire fier et vigoureux.
[J’avais voulu revoir le ghetto de Leopoldstadt. Ses longues rues, à leur tour, étaient frappées de désolation. Les rideaux de fer aveuglaient maintenant d’innombrables devantures portant encore des noms baroques, forgés au fond des Karpathes ou de la steppe pour tous les nomades qui avaient campé là. Quelques escouades de « Hitlerjungen » venaient de terminer une petite expédition punitive. Les murs portaient de tous côtés d’énormes barbouillages :« Porc juif », « Maison juive – Désinfection urgente – Chrétien ! attention ! ». Des juifs s’efforçaient de gratter ces stigmates. D’autres dissimulaient peureusement leurs profils derrière des fenêtres. Je nageais dans une joie vengeresse. Je humais la revanche de ma race. Cette heure-là me payait de deux années d’humiliation.]
Le lendemain, j’étais dans le rapide de Bucarest à la frontière hongroise. Je contemplais derrière moi la magnifique plaine du Danube, étalant à perte de vue ses moissons et ses vergers sous la chaude lumière du couchant. Je songeais à la force redoutable de cet empire qui s’étendait maintenant des brumes de Königsberg jusqu’à ces beaux greniers ensoleillés et ouverts sur l’Orient. L’homme, parti avec six compagnons d’une brasserie obscure, qui l’avait réuni dans sa main par sa seule volonté, était un de ces mortels dont le souvenir ne s’effacerait jamais. Quelle grandiose destinée il forgeait à son peuple, tandis que nous accumulions nos lamentables avatars !
J’allais maintenant vers la Pologne et la Roumanie où je retrouverais des Juifs encore libres. J’irais voir aussi leurs ennemis de la Garde de Fer, comme j’étais allé deux ans auparavant en Belgique, accompagner Léon Degrelle {9} pendant trois journées tumultueuses et bien amusantes de sa propagande politique. Cette seconde visite me vaudrait certainement autant d’avanies que la première. Mais nous ne pouvions reprocher à Degrelle et à Codreanu de se refuser à entraîner la Belgique et la Roumanie dans la guerre des démocraties, puisque nous-mêmes nous faisions tout pour en éloigner notre pays. [ Les Juifs de Roumanie ne devaient leur sursis qu’à la scélératesse d’un gangster couronné, qui leur avait abandonné contre grasses commissions la moitié de son pays, pendant qu’il livrait le reste à leurs congénères de Wall Street ou du Stock Echange. Les frères et les cousins de ces gens-là étaient sur notre sol nos plus effroyables ennemis. Par quel miracle auraient-ils pu devenir hors de nos frontières, là où ils étaient plus pervers et plus nombreux encore que chez nous, des gardiens de nos intérêts ?
La tyrannie judéo-monarchique de Bucarest, cet immonde carnaval du putanat, du vol et du meurtre, avait ses chantres attitrés à Paris. Ces personnages, attachés par une saucisse d’or à la maison Prouvost, étaient les Tharaud, Jean et Jérôme, auteurs jadis d’un des plus écrasants réquisitoires contre la race des Hébreux, Quand Israël est roi, deux des hommes de France les plus profondément instruits de l’ignominie et de la férocité juives, les plus conscients de la sinistre besogne qu’ils accomplissaient.]
CHAPITRE III -
POUR L’AMOUR DES TCHÈQUES
Quelques semaines plus tard, je rentrais donc en France par l’Allemagne durant les premiers jours de septembre 1938.
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