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Les Décombres

Les Décombres

Titel: Les Décombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lucien Rebatet
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véritable manifeste d’un national-socialisme français.
    Mais je ne voulais plus reculer mon départ d’un jour. Ou bien le gouvernement français crèverait à Vichy, ou bien il trouverait la volonté de vivre, et il rejoindrait alors dans la capitale ceux qui avaient déjà opté pour l’espérance.
    Le quinze octobre, je bouclais mes valises, aussi heureux et léger qu’au jour de ma dix-neuvième année où pour la première fois, en gare de Lyon-Perrache, je grimpais dans le rapide de Paris.
    FIN
    Moras-en-Valloire – Vichy – Neuilly-sur-Seine.
    Juillet 1940-Mars 1942.

Dix-huit mois ont passé. J’ai eu la joie de retrouver peu à peu mes vrais amis, fidèles à eux-mêmes. Ceux d’entre nous qui devaient se renier l’avaient déjà fait au 1 er  janvier de l’an Quarante. Quand nous débarquions de Vichy ou des camps de prisonniers, les uns après les autres, le Paris de l’occupation, humilié, appauvri, sans voitures, nous consternait. Mais nous vîmes notre vieille capitale, dont l’instinct est plus fort que toutes les sottises, reprendre lentement les couleurs de la vie et retrouver même ses sourires.
    Nous avons eu froid et faim. Nous avons beaucoup travaillé. Nous nous sommes fait des existences plus austères et studieuses dans ces grandes nuits sans mouvements où parfois d’un seul coup cent canons se déchaînent. Plus tard sans doute nous comprendrons combien fut précieux pour nous ce temps de retraite. Nous avons aujourd’hui bien d’autres pensées.
    Nous sommes en train de vivre l’un des plus grands chapitres de l’histoire humaine. Nous ne savions pas que ce pût être si long, si lourd, souvent si ridicule. La tempête qui bat notre terre est sombre et sublime. Comme tous les immenses cataclysmes, elle révèle de merveilleux héros. Mais dans tout cataclysme, on voit aussi apparaître le bourgeois au petit ventre, en bannière flottante, et qui cherche ses pantoufles parmi les ruines et les cadavres tordus.
    J’offre, entre mille qui les valent, ce diptyque de la France :
    Chez mon épicière, deux petites femmes conversent.
    — Avez-vous vu au Châtelet l’opérette Valses de Vienne ? Il paraît que c’est très joli.
    — Non, mais c’est une idée. Il faut que je prenne des places.
    — Oui, mais vous savez, c’est la musique préférée d’Hitler, les valses viennoises.
    — Oh ! comme vous faites bien de me le dire. Jamais je n’irai voir ça.
    Voilà pour le bas de l’échelle. Et voici pour le sommet. L’hiver dernier, les Allemands de Paris condamnaient à mort, après des attentats sur leurs troupes, une charretée de gredins communistes et juifs, ennemis de notre race et de notre pays, dont l’État français aurait dû depuis longtemps faire lui-même bonne justice. Les conseillers intimes du Maréchal Pétain le persuadèrent, pour sauver ces canailles, d’aller de sa personne s’offrir comme otage aux avant-postes allemands de Moulins. Deux ou trois ministres un peu moins aberrants que les autres le retinrent à grand’ peine par les pans de son veston.
    Nous avons vu les surintendants de nos subsistances qui prétendaient sereinement nourrir Paris pendant des semaines avec du cresson, des melons verts ou des navets gelés.
    En France, en Grande-Bretagne, les bellicistes les plus enragés étaient Pierre Cot, ministre de l’Air, le Juif Hore Belisha, ministre de la Guerre. Leurs pays sont entrés en campagne, le premier sans un bombardier moderne, le second avec une infanterie à peine égale en nombre à celle de la Belgique. Deux ans plus tard, le belliciste entre tous les bellicistes effervescents d’Amérique est le colonel Knox, ministre de la Marine. Il n’a eu de cesse que le Japon n’eût déclenché son attaque. Aussitôt, à la barbe de M. Knox et de ses superbes cuirassés, les japonais ont déferlé des Aléoutiennes à la Nouvelle-Guinée, ont fait flotter en maîtres leur pavillon sur la moitié du Pacifique,
    Au mois de mai 1941, une bombe a détruit à Londres la Chambre des Communes. Les députés ont trouvé le lendemain un autre habitacle : « Le libre jeu des institutions parlementaires reste assuré, se sont écriés les journaux anglais. Et c’est le plus beau gage de victoire. »
    En avril 1941, quarante-huit heures avant la capitulation serbe, Thierry Maulnier, devenu l’oracle militaire de la France vichyssoise, voyait dans l’ Action Française les armées de l’Axe en posture désespérée,

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