Les Décombres
intrépidité. Ils sont toujours curés, en pénitence dans d’infimes paroisses, de même que les officiers au caractère bien trempé et aux idées neuves ne deviennent jamais généraux.
Les grands coupables de l’Église rôdent dans les couloirs du Vatican. Les cardinaux, les évêques, les coadjuteurs, les vicaires généraux, les supérieurs d’ordres, les prélats, les camériers, les nonces, sont neuf fois sur dix des drôles, des crapules politiciennes dont les physionomies suffiraient à révéler la bassesse et la fourbe.
Comme chez leurs compères des parlements, des synagogues et des Loges, leur politique a été un tissu, non seulement de calomnies et de mensonges, mais d’idioties. Avec ses finasseries, ses trahisons, ses torves cheminements, l’Église n’a cessé depuis tantôt cent ans, d’être grossièrement dupée : « En politique, il n’y a pas pires c… que les curés », dit lapidairement mon ami Georges Blond, catholique pratiquant.
L’Église, fille du Très Haut, a singulièrement dû le dégoûter, pour qu’il l’ait laissé patauger dans de telles sottises sans lui dispenser la plus modeste lumière.
Pie IX aura été le dernier des papes virils, bataillant d’ailleurs fort terrestrement pour un pouvoir temporel devenu caduc, et d’une remarquable ingratitude à l’endroit de la France, qui seule se compromettait et se faisait casser les os en son nom. Le « Syllabus » de cet agité, catalogue complet de la tyrannie cléricale, n’était qu’un suprême effort pour s’accrocher à un passé aboli quand il eût fallu voir loin dans l’avenir. Il se fit arroger froidement l’infaillibilité pour remplacer la perte de ses États.
Léon XIII élu, l’Église se met à pactiser avec la République, et ordonne au clergé français le Ralliement. Elle se voit bientôt payée de ses courbettes et platitudes par le roide coup de pied au derrière des lois combistes. Pie X tente une réaction purement religieuse, mais il meurt bientôt. Benoît XV éprouve le besoin de se déclarer en pleine guerre pour les Empires centraux, voués selon toute vraisemblance et toute logique à la défaite. Ratti, en pleine déliquescence démocratique, épouse passionnément la cause des démocraties, vole à la rescousse des Juifs au plus fort de leur lutte contre la chrétienté. Le clergé suit comme un seul homme. Un Baudrillart aura été le dernier représentant de la race des Darboy, des Dupanloup, des Pie, évêque de Poitiers, qui savaient encore claquer avec vigueur la porte d’une Académie, défendre contre le gouvernement ou contre Rome leur foi et leurs opinions. Le haut clergé français forme, depuis trente années, l’une des plus remarquables collections de laquais et de chiens couchants, rampant devant le pouvoir, que puisse offrir l’histoire de la lâcheté humaine.
Devant la déchéance de ce personnel, il ne reste plus aux âmes vraiment nobles et dévouées d’autre idéal que l’exode dans les missions lointaines. L’Église, incapable de tenter quoi que ce soit contre la putréfaction morale et sociale des Blancs, essaye de se donner le change à elle-même en allant baptiser des sauvages et battre les « records de communion » (J’ai lu cela un jour) chez les Pygmées ou les Papous. Les missions ont du moins trempé de beaux types d’hommes. Ils ont exercé aux pays de la lèpre et des fièvres des vertus tangibles. Ils ont souvent servi magnifiquement le pavillon français. C’est parmi ces coureurs de brousse, ces apôtres aux paroisses grandes comme trois pays d’Europe, que l’Église pourrait peut-être retrouver de nouveaux chefs. Mais Ratti, le contre-raciste, préférait donner des gages aux athées des Droits de l’Homme et au Sanhédrin en promouvant des évêques nègres et jaunes. Le vœu le plus ardent de ce rabbin d’honneur eût été certainement de cardinaliser cinq ou six Juifs.
Les larbins mitrés de l’épiscopat français ont pourléché et goupillonné en pure perte, de Briand à Mandel, une série de pâles gredins qui furent pour la France les pires ennemis qu’elle ait connus. Ces personnages à qui l’Église réservait toutes ses adulations, dont elle emboîtait pieusement le pas, étaient pourtant à bout de course, ministres désignés de la crevaison républicaine. On ne saurait se déshonorer plus inutilement que l’Église ne l’a fait chez nous. La démocratie a cocufié en troupes innombrables
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