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Les Décombres

Les Décombres

Titel: Les Décombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lucien Rebatet
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l’enthousiasme devant le pompeux prélude au casse-pipes, les conciliabules, les voyages des lords amiraux et des sirs maréchaux, les parades des Scotch Guards et de la Home Fleet, le juif Hore Belisha, ministre de la guerre londonien, passant à Paris le 14 Juillet la suprême revue des troupiers de France, vérifiant s’ils sont bons pour le service de son gracieux Roi. Thierry Maulnier ébloui juge l’effort militaire de John Bull grandiose. À l’énoncé des tonnes de bateaux que l’Union Jack va couvrir, le cœur du Frenchman est palpitant d’orgueil. Les plus farouches réfractaires, ceux de Je Suis Partout, se couvrent de périphrases pour rappeler timidement aux magnifiques gentlemen que la guerre se fait aussi avec de la piétaille. Lorsque Londres condescend à un simulacre dérisoire de conscription, la France d’une seule voix entonne un péan de gratitude.
    Maurras se garderait bien de reprendre ses admirables phrases d’autrefois sur l’Albion non moins « éternelle » cependant que l’Allemagne :
    … Le rôle égoïste et rapace de l’aristocratie britannique (1908).
    — L’Angleterre, si conservatrice pour elle-même, a semé la révolution et la guerre dans le monde entier. Il ne serait pas impossible qu’elle finît par voir lui revenir quelques-uns des fruits de cette semence (1909).
    — L’Anglais comprend l’indépendance des autres ; mais dès qu’il a senti chez quelque animal le goût de l’asservissement, il excelle à le seller, à le brider, à le monter et à l’éperonner sans merci (1921).
    … Le vrai est que l’histoire de l’empire britannique n’honore ni la paix universelle, ni l’esprit de l’homme, ni la conscience morale (1923).
    Tout ce qui a un nom dansl’ Action Française défile régulièrement, avec une candeur parfaite, à la table du major écossais Ruxton, si grand et cher ami de la maison, agent supérieur de l’Intelligence Service, en mission permanente auprès des nationalistes parisiens.
    La mobilisation de l’automne précédent a étalé à tous les regards une pagaïe inique, la nullité de l’Intendance, des centaines de milliers d’hommes parqués pêle-mêle et qui de huit jours n’ont fait que lire le journal, accroupis sur leurs talons dans un coin d’usine ou de garage, sans vivres, sans effets, sans même avoir soupçonné à quel régiment ils pourraient appartenir. Les Munichois ont crié à tous les vents que notre aviation était anéantie, notre D. C. A. inexistante, nos blindés embryonnaires. Personne n’en souffle plus un mot. Par une sorte de convention tacite, il est entendu que l’armée a miraculeusement bouché ses trous, refondu tous ses services, qu’il a suffi de neuf, dix mois pour que de marmiteuse et fourbue de vétusté, elle devînt étincelante et invincible comme le bouclier d’Ajax, que chars et bombardiers ont surgi au printemps, innombrables, comme des asperges. On ne peut pas dire, hein ! que M. Daladier n’a pas représenté dignement et sobrement la France dans son périple méditerranéen. En Tunisie, vous avez pu le voir, il a passé en revue au moins dix escadres de spahis. Quelle héroïque poussière ils soulevaient sur l’écran ! Il n’y avait pas seulement des chevaux : des chars aussi, on en a peut-être compté cinquante. Et quel beau plan de ce vieux médaillé marocain ! Au 14 juillet, il a peut-être défilé dans Paris douze mille hommes, des zouaves en culotte rouge, des turcos jonquille et bleu d’azur, des alpins avec des skis, des nègres et des Tonkinois en culottes courtes. Et on en a fait un film en couleurs, avec toutes les couleurs. Ah ! les chemises brunes trouveront à qui parler.
    Le général Weygand, au début de juillet, s’écrie à Lille en présidant un grand congrès hippique : « Je crois que l’armée française a une valeur plus grande qu’à aucun moment de son histoire. Elle possède un matériel de première qualité, des fortifications de premier ordre, un moral excellent et un Haut-Commandement remarquable. Personne chez nous ne désire la guerre, mais j’affirme que si on nous oblige à gagner une nouvelle victoire, nous la gagnerons. » Qui se permettrait de glisser le plus modeste doute dans les assurances que nous verse l’illustre soldat ?
    Jusque chez les plus francs, les plus violents, les plus lucides, tout n’est que faux-fuyants, fictions, battage, amusements du tapis, dérobades devant l’essentiel.
    Un

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