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Les derniers jours de Jules Cesar

Les derniers jours de Jules Cesar

Titel: Les derniers jours de Jules Cesar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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dire… une conjuration ?
    — Oui. Aurais-tu à ce sujet des informations susceptibles
de m’aider ?
    — Juste des sensations, des impressions. Des
personnages fréquentent sa demeure à des heures incongrues.
    — C’est-à-dire ?
    — En pleine nuit, ou juste avant l’aube. On ne reçoit
des amis à ces heures-là que pour éviter de se montrer.
    — C’est exact. Et qui sont ces amis ?
    — Je l’ignore. Il faisait noir et les réunions se sont
tenues, portes fermées, dans le cabinet de Brutus. Je me suis levé en entendant
le chien aboyer et Brutus appeler un groupe d’individus qui entraient par la
porte de derrière.
    — Combien étaient-ils d’après toi ?
    — Je ne saurais le dire avec précision. Six ou sept,
peut-être plus.
    — Pourraient-ils se réunir pour un autre but qu’une
conjuration, à ton avis ?
    — Pour une alliance politique, par exemple, un accord
électoral en vue des prochains comices…
    — C’est possible, mais je suis méfiant et inquiet. Je
te demande d’être vigilant. Je veux savoir qui fréquente la demeure de Brutus
et pourquoi. Si jamais tu apprenais quelque chose, fais-le-moi savoir
immédiatement, je t’en prie.
    — Ce ne sera pas facile, répondit Artémidore. Mais je
ferai de mon mieux. Si je fais une découverte, je t’en informerai le plus vite
possible.
    — Ici. Si je ne suis pas là, mon assistant sait comment
et où me trouver à tout instant. Adieu, Artémidore. Sois prudent. »
    L’homme salua et sortit.
    Antistius se replongea dans ses réflexions. Bientôt, son
serviteur vint lui annoncer un nouveau patient.
     
     
    Romae,
in Taberna ad Oleastrum, a.d. V Id. Mart.,
    hora
octava
    Rome,
taverne À l’olive sauvage, 11 mars,
    une heure
de l’après-midi
     
    Assis au pied d’un olivier, Silius contemplait le soleil et
l’ombre du pieu qui soutenait un pied de vigne squelettique. Il appela le
serviteur de l’auberge : « Donne-moi un gobelet de Tusculanum rouge
et du pain grillé. »
    Quand l’homme se fut exécuté, il trempa le pain dans le vin
et mordit dedans. Il n’y avait pas grand monde dans la rue. Un vendeur de
saucisses installait sa charrette au fond de la place. Un groupe de gamins se
pressa autour. Pendant que deux ou trois d’entre eux le distrayaient, les
autres lui volèrent des saucisses qu’ils se passèrent dans le dos jusqu’au
dernier de la file. Puis, à un signal convenu, ils se sauvèrent dans des rires.
Le marchand les poursuivit avec un fouet, ce qui permit à trois ou quatre complices
de se servir à leur tour. « La tactique de la meute, songea Silius.
Éloigner la victime de son refuge. » Il leva les yeux au ciel et observa
pendant quelques instants le vol de deux mouettes. Son impatience croissait.
    Pour tromper son attente, il commanda un autre gobelet de
vin, puis un autre encore.
    Voyant l’aubergiste survenir avec un plat de loir à
l’étouffée, il l’apostropha. « Es-tu certain que personne ne m’a
demandé ?
    — Je te l’ai déjà dit. Il n’y avait pas âme qui vive.
Je connais tout le monde ici. Si un étranger s’était présenté, je l’aurais
compris immédiatement. Comment est ton type ? Grand, petit, brun,
clair ?
    — Je ne l’ai jamais vu. »
    L’aubergiste écarta alors les bras en signe de résignation.
    Silius avala une autre gorgée, se nettoya la bouche du
revers de la main et se leva. Ce faisant, il remarqua un individu au coin d’une
maison, sur sa droite, qui lui adressait d’étranges gestes.
    Il jeta un regard circulaire et le rejoignit le plus
discrètement possible. L’individu en question n’était autre qu’une femme
d’humble condition, sans doute une esclave ou une affranchie, vêtue d’une tenue
de travail qu’une ceinture de corde resserrait à la taille. Elle avait
apparemment une quarantaine d’années et, à en juger par ses mains calleuses,
travaillait à la campagne.
    « Approche-toi », dit-elle. Et quand Silius se fut
exécuté : « C’est moi que tu attendais.
    — Bien. Et alors ?
    — La personne qui m’envoie ne peut te recevoir. Elle ne
te connaît que de vue et ne pense pas pouvoir te fixer de rendez-vous.
    — Malédiction ! Pourquoi ? Lui a-t-on dit que
c’est important ? Que c’est une question de vie ou de mort ?
    — Je ne suis au courant de rien. Je n’ai jamais vu la
personne qui m’envoie. Je ne sais même pas de qui il s’agit. »
    Silius saisit la femme par sa

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