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Les derniers jours de Jules Cesar

Les derniers jours de Jules Cesar

Titel: Les derniers jours de Jules Cesar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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l’étrange phénomène quand la lumière se dilata. Puis elle faiblit
avant d’être engloutie par l’obscurité.
    « Elle a disparu, lança-t-il à la sentinelle.
    — Oui.
    — Qu’est-ce que cela signifie ?
    — Rien. Cela ne signifie rien. Le commandant a dit
qu’il s’agissait d’une comète. Tu n’as pas entendu ?
    — Qu’est-ce que c’est, une comète ?
    — Qu’est-ce que j’en sais ! Va donc le lui demander.
Et tant que tu y es, apporte-moi du vin chaud. Je suis glacé. »
    Le serviteur disparut, et la sentinelle resta seule à
veiller dans la nuit.
     
     
    Ad
flumen secretum, a.d. V Id. Mort., tertia vigilia
    Fleuve
secret, 11 mars, troisième tour de garde,
    une
heure du matin
     
    Mustela se réveilla, engourdi et gelé. Il ignorait combien
de temps il avait passé dans l’herbe humide, trempé. Tout son corps était
douloureux. Une toux sèche et convulsive secoua sa poitrine. Dans l’obscurité,
il ne distinguait que l’eau du torrent à quelques pas de là. Où était la barque
qu’avait mentionnée le vieillard ? Il jeta un regard circulaire et aperçut
un bouquet d’arbres le long de la rive. Il s’y dirigea en titubant. Étaient-ce
les saules en question ?
    Une déchirure dans les nuages découvrit pendant quelques
instants le disque de la lune, lui permettant de voir le bouquet de saules et
la barque attachée à un pieu sur la rive. Sa silhouette sombre se dessinait
nettement sur la surface de l’eau argentée.
    Sa mission allait bientôt se conclure, si tant est que ses
forces ne l’abandonnent pas. Il avait accompli le plus dur. Il porta la main à
son bandage et l’écarta, sanguinolente : l’hémorragie ne s’était pas
arrêtée. Il resserra la bande de tissu et grimpa dans la barque. Pointant une
des rames contre la rive, il poussa l’embarcation vers le centre du courant.
    Il n’avait plus qu’à se laisser porter. Au fur et à mesure
qu’il se rapprochait de la plaine, la température s’adoucissait. Un vent du sud
léger et tiède le sécha. Derrière lui, le ciel sombre était traversé par des
éclairs, mais il s’éclaircissait devant. De temps en temps, il s’allongeait au
fond de la barque et dormait un peu, le strict nécessaire pour recouvrer sa
lucidité.
    Il rouvrait les yeux au moindre choc, au moindre sursaut, et
voyait défiler devant lui, éparpillés, des villages et des fermes isolées,
sombres contours se détachant contre la pâle lumière de l’aube. Des bruits
indéchiffrables parvenaient à ses oreilles. Il perçut un appel et, un peu plus
tard, ce qu’il interpréta comme un cri de désespoir. Des oiseaux de nuit
chantaient : des petits ducs au sanglot monotone et des chouettes au
hululement syncopé, insistant.
    Quand le jour se leva et que le paysage commença à s’animer,
il découvrit l’Arno.
    Le torrent se jetait dans le grand fleuve étrusque qui
coulait entre les collines en décrivant une large anse. La vitesse du courant
s’affaiblissait de plus en plus, mais la distance parcourue était sans doute de
plusieurs milles, pensait Mustela.
    Quoique caché derrière les nuages, le soleil devait être
déjà haut lorsqu’il atteignit un petit port fluvial où les marchandises issues
de la montagne étaient rassemblées pour être acheminées à Arezzo, à quelques
milles de là, dans la vallée. Avec le peu de forces qui lui restait, Mustela se
dirigea vers le quai et accosta. Il loua une mule à un magasinier, qui lui
fournit aussi un morceau de toile propre avec lequel il refit son bandage. Puis
il poursuivit son voyage vers sa destination : la maison des cyprès, à
l’intérieur des terres.
    De tous les messagers partis de la Mutatio ad Medias, aucun
n’avait probablement poussé plus au sud que lui. Qui d’autre aurait pu, en
effet, parcourir l’équivalent de son trajet souterrain à la vitesse d’un
torrent en pente ?
    Chaque pas de son mulet sur les pavés, chaque cahot lui
valait des élancements ; ses muscles engourdis par le froid, par la
fatigue et le jeûne ne répondaient plus. Il avait déjà traversé des expériences
en tout genre dans son existence d’informateur, mais il n’avait à présent qu’un
seul désir : s’allonger sur un lit propre dans un endroit protégé, à
l’abri.
    La villa entourée de cyprès lui apparut au sommet d’une
colline, après un carrefour et un édicule dédié à Hécate Trivia. Il lui jeta un
regard furtif avant d’abandonner la route

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