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Les derniers jours de Jules Cesar

Les derniers jours de Jules Cesar

Titel: Les derniers jours de Jules Cesar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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tunique :
« Écoute-moi, c’est extrêmement urgent. Si tu m’obéis, je te paierai bien.
Dis à cette personne que j’ai des choses très importantes à lui rapporter, des
choses qui la concernent et qui concernent son fils. Tu es une esclave,
n’est-ce pas ?
    — Oui.
    — Je te donnerai assez d’argent pour que tu puisses
racheter ta liberté, mais fais ce que je te dis, par tous les
dieux ! »
    La femme écarta la main qui serrait l’étoffe de sa tunique
et répondit, la tête baissée : « Crois-tu vraiment qu’une esclave
puisse parler à des gens de haut rang ? J’ai reçu un ordre et j’ai appris
par cœur ce que je t’ai dit. Demain, je fagoterai des sarments quelque part à
la campagne. Je le regrette, je t’aurais volontiers aidé. »
    Elle s’éloigna.
    Silius s’appuya contre le mur et posa la tête sur son bras.
Il demeura longuement dans cette position, perplexe, tiraillé entre la rage et
la frustration.
    Soudain il sentit une main sur son épaule. Il se retourna,
les doigts refermés sur la garde du poignard qu’il portait à la ceinture, et se
trouva nez à nez avec l’aubergiste.
    « L’homme que tu attendais est arrivé.
    — Qu’est-ce que tu racontes ? Je viens de…
    — Un grand type, maigre, aux cernes noirs. Il a laissé
un message pour toi. »
    Silius le suivit jusqu’à l’auberge. Les clients qui avaient
consommé du loir à l’étouffée trempaient avec satisfaction du pain dans la
sauce ; un chien attendait les os. La carafe et le gobelet vide de l’aide
de camp étaient encore sur sa table.
    L’aubergiste le conduisit dans l’arrière-boutique et lui
tendit un petit rouleau scellé. Silius lui remit deux deniers, que l’homme
empocha avec joie. Puis il sortit et se coula dans l’ombre d’un portique, où il
ouvrit le rouleau.
     
    À Silius Salvidienus, salut !
    Tes mots, bien que voilés, étaient pour moi suffisamment
clairs. Je ne peux te voir pour des raisons que tu n’auras aucun mal à
imaginer. Je ne peux pas faire grand-chose car je suis tenue à l’écart de tout.
La route se déroule entre deux précipices. Je ferai ce qui est en mon pouvoir.
    Cette lettre commence sans ma signature. Mon nom est dans
la personne que tu as rencontrée tout à l’heure.
    Adieu.
     
    Silius s’assit sur le socle d’une colonne et soupesa chaque
mot de ce message.
    Son auteur lui livrait une réponse très complète.
    Elle prétendait ne rien savoir, mais se contredisait en
affirmant qu’elle voulait agir.
    La route parcourue se déroulait entre deux précipices.
    Cela illustrait parfaitement la situation. La femme était
tiraillée entre deux sentiments puissants et contraires.
    Elle ne pouvait pas faire grand-chose, mais elle agirait.
    La signature était la sienne. Son envoyée désignait son
nom : une serva, une esclave. Servilia.
    Elle était donc surveillée. On craignait quelle ne révèle
des secrets. Une conjuration ne constituait-elle pas le plus grave des
secrets ?
    Elle ne lui apprenait rien de précis, de peur que la lettre
ne soit interceptée. Voilà pourquoi elle avait signé son message de façon que
seul le destinataire fût en mesure d’identifier l’expéditeur. Parfait.
C’étaient des indices suffisants pour avertir Antistius puis César en personne.
Il l’obligerait à se défendre ! Entre-temps Publius Sextius arriverait
peut-être, et il lui demanderait conseil pour organiser une défense.
    Il déchira la lettre dont il sema les morceaux sur un vaste
tronçon de rue tout en se dirigeant d’un bon pas vers le dispensaire
d’Antistius, sur l’île Tibérine.
    Quand il y arriva, le soleil commençait à se coucher. Les
légionnaires de la IX e , de garde au pont Fabricius, baissèrent leurs
lances pour saluer son rang, qu’ils connaissaient bien désormais.
    Antistius avait, lui aussi, des nouvelles importantes. Il
commença : « Artémidore va nous aider. Il a des motifs suffisants
pour détester Brutus.
    — A-t-il des informations ?
    — Pas vraiment. Il m’a parlé d’étranges réunions en
pleine nuit, avant l’aube.
    — Des noms ?
    — Pas un seul. Il faisait noir et les individus en
question se sont enfermés dans le cabinet de Brutus. Je lui ai demandé
d’enquêter, de me rapporter autant de détails qu’il le pourra. Il a accepté, et
je crois qu’il ne ment pas. Et toi ?
    — J’ai fait parvenir un message à Servilia. Rien
d’explicite. Elle a toutefois compris et répondu. Elle ne

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