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Les derniers jours de Jules Cesar

Les derniers jours de Jules Cesar

Titel: Les derniers jours de Jules Cesar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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toge
qu’il arborait le jour des ides de mars de façon qu’on distingue les coups de
poignard et les taches de sang.
    Il déploya autour un manipule de légionnaires de la IX e sur le pied de guerre pour éviter que quiconque ne s’en approche.
    La procession commença devant le bûcher funèbre. Une file interminable
d’hommes et de femmes du peuple, de vétérans, d’amis et même de sénateurs et de
chevaliers. Certains y jetaient des objets précieux, d’autres une simple fleur.
Nombreux étaient ceux qui pleuraient, tandis que d’autres contemplaient
longuement la dépouille du plus grand des Romains.
    Celle-ci demeura exposée pendant les trois jours suivants,
puis la cérémonie débuta. Des magistrats portèrent sur l’épaule le sarcophage,
escortés par des centaines de légionnaires en tenue de parade que menaient leurs
officiers vêtus de capes rouges et coiffés de casques à crête, au son des
buccins et des trompettes, au roulement des tambours. Devant, deux soldats
brandissaient comme en triomphe la toge ensanglantée de César. Derrière,
marchait Calpurnia, en larmes, soutenue par ses servantes.
    L’émotion grandissait à chaque pas. Elle atteignit son
comble quand une machine de théâtre fut placée devant le sarcophage. De ses
engrenages monta une statue du corps nu de César réalisée en cire, sur laquelle
les vingt-trois plaies sanglantes avaient été reproduites avec un réalisme
impressionnant. Cela permettait à ceux qui ne pouvaient pas apercevoir la
dépouille de contempler le corps massacré du défunt.
    Le bûcher funèbre avait été dressé au Forum, sur une
esplanade voisine du palais. Quand le sarcophage y fut déposé, un silence de
plomb s’abattit sur la place bondée.
    Un acteur déclama les vers d’un grand poète qui
disaient :
     
    Je les ai
épargnés
    Pour qu’ils
puissent me tuer !
     
    Ils suscitèrent une explosion de cris indignés qui
redoublèrent lorsqu’un héraut lut le texte du sénatus-consulte par lequel les
sénateurs juraient de défendre César au prix de leur vie. Hurlements et
imprécations s’élevèrent de toutes parts.
    Deux centurions apparurent alors : Publius Sextius, dit
« le Bâton », et Silius Salvidienus, armés de pied en cap et munis
d’une torche. Ils se placèrent des deux côtés du bûcher.
    Antoine monta sur les Rostres et, d’un geste de la main,
demanda le silence à la foule bouleversée, prête à se déchaîner. Brutus était tapi
au fond de la place derrière les arbres de la fontaine de Juturne. En voyant au
loin la grotesque image de César poignardé, il entendit une nouvelle fois les
mots que celui-ci avait lancés au moment où lui-même plongeait son poignard
dans son corps : « Toi aussi… » Il comprit au même instant ce
que Cicéron avait voulu dire au cours de la séance dans le temple de Tellus et
se rendit compte que tout était perdu, qu’une nouvelle et sanglante guerre
civile éclaterait. La voix d’Antoine retentit dans le silence subit :
    « Amis, citoyens, Romains ! Je suis venu ensevelir
César ! »

 
Épilogue
    Decius Scaurus et ses compagnons, emportés par la fureur de
Publius Sextius et privés de leur guide, Mustela, avaient poursuivi leur
mission sans parvenir à rejoindre le centurion qui s’était sauvé sur les
sentiers parallèles de l’Apennin pour arriver, de toute façon, trop tard à son
rendez-vous avec le destin. Trois jours après, ils trouvèrent le corps de leur
chef, Sergius Quintilianus, mort dans son dernier combat.
    Ils lui réservèrent d’humbles funérailles et brûlèrent le
cadavre sur un bûcher de sarments, jetèrent dans le feu leurs armes en ultime
hommage à sa mémoire.
    Ils rapportèrent ses cendres à la villa et les enterrèrent
avec celles de son fils au pied des cyprès séculaires afin qu’ils reposent,
enfin réunis, dans le royaume des ombres.
     
    FIN
     

 
Personnages
    ANTISTIUS . C’est le
médecin de César. Ce personnage s’inspire du médecin homonyme qui, d’après
Suétone (César, 82), autopsia le corps du dictateur. Selon son témoignage,
un seul des vingt-trois coups de poignard fut mortel, le deuxième.
     
    ARTÉMIDORE DE CNIDE .
Ce personnage s’inspire d’un grammairien qui a vraiment existé. Il fréquentait
Brutus et certains de ses amis conjurés. Le jour des ides de mars, il remit à
César un billet portant la liste des conjurés que celui-ci ne parvint pas à
ouvrir en raison de la cohue. Le dictateur le

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