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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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la petite chambre qui communiquait avec la pièce d’entrée, le péristyle et non l’atrium de cette maison de campagne. On voit encore cette chambre : c’est la troisième porte à droite en entrant. La première conduit à l’escalier, la seconde n’est qu’une fausse porte où se trouvait une statue de bronze.
    « Mon fils, reprit Médon, lorsqu’ils furent loin de tous les regards, tes motifs sont pieux, généreux, dictés par une profonde affection, mais ton action en elle-même est coupable. Tu veux risquer ton sang pour la liberté de ton père… cela mériterait le pardon ; mais le prix de la victoire est le sang d’un autre. Ah ! ceci est un péché mortel ; rien ne peut le purifier. Ne le fais pas ! ne le fais pas ! J’aime mieux être esclave toute ma vie que d’acheter ma liberté à ce prix.
    – Paix, mon père ! répliqua Lydon avec un peu d’impatience : vous vous êtes laissé gagner par cette nouvelle croyance, dont je vous prie de ne pas me parler ; car les dieux, qui m’ont donné la force, m’ont refusé l’intelligence, et je ne comprends pas un mot de tout ce que vous m’avez prêché plusieurs fois. Vous avez, vous dis-je, dans cette foi nouvelle, puisé des idées singulières du juste et de l’injuste. Pardonnez si je vous offense ; mais réfléchissez : quels sont mes adversaires ? Oh ! je voudrais que vous connussiez les misérables avec qui je me suis associé pour l’amour de vous, et vous penseriez que je purifie la terre en la délivrant de l’un d’eux : ce sont de véritables bêtes, dont les lèvres dégouttent de sang ; des êtres sauvages, dont le courage même est sans règle ; féroces, sans cœur, sans le moindre sentiment, aucun lien de la vie ne peut les attacher. Ils ne connaissent pas la crainte, il est vrai ; mais ils ne connaissent pas davantage la reconnaissance, la charité, l’amour. Ils ne sont faits que pour leur profession, pour massacrer sans pitié ou pour mourir sans peur. Les dieux, quels qu’ils soient, peuvent-ils regarder avec colère un combat contre de pareils hommes, et pour une cause comme la mienne ? Ô mon père ! lorsque les êtres supérieurs contemplent la terre, aucun devoir ne leur paraît plus sacré, plus saint que le sacrifice offert à un vieux père par la piété d’un fils reconnaissant ! »
    Le pauvre vieil esclave, privé lui-même des lumières de la sagesse, et qui n’était converti que depuis peu au christianisme, ne savait plus par quel argument éclairer l’ignorance de son fils, à la fois si profonde et pourtant si belle dans son erreur. Son premier mouvement fut de se jeter dans les bras de son fils, son second de s’arrêter, de se tordre les mains ; et, dans l’effort qu’il faisait pour le blâmer, sa voix se perdait dans les larmes.
    « Ah ! reprit Lydon, si cette divinité (car je crois que vous n’en admettez qu’une) est aussi bienveillante, aussi compatissante que vous le dites, elle sait aussi que votre foi même m’a déterminé d’abord à prendre la résolution que vous blâmez.
    – Comment ? que dis-tu ? s’écria l’esclave.
    – Ne savez-vous pas que, vendu dans mon enfance comme esclave, j’ai été affranchi à Rome, par la volonté de mon maître, à qui j’avais eu le bonheur de plaire ? Je me hâtai d’accourir à Pompéi pour vous voir. Je vous trouvai, déjà âgé et infirme, sous le joug d’un maître capricieux et opulent. Vous veniez d’adopter la foi nouvelle, et cette adoption vous rendait l’esclavage doublement pénible. Elle vous ôtait le charme solennel de l’habitude, qui quelquefois nous réconcilie avec les situations les plus dures. Ne vous êtes-vous pas plaint à moi d’être condamné à des offices qui ne vous répugnaient pas comme esclave, mais que vous trouviez coupables comme Nazaréen ? Ne vous êtes-vous pas confessé à moi que votre âme éprouvait un remords, et frémissait lorsque vous étiez forcé de déposer même quelques miettes de gâteau devant les lares qui veillent sur l’impluvium ; que votre esprit ne cessait d’être tourmenté, et perpétuellement en lutte avec votre position ? Ne m’avez-vous pas dit qu’en répandant les libations sur le seuil, et en prononçant le nom de quelque divinité de la Grèce, vous craigniez d’attirer un jour sur vous des peines plus affreuses que le supplice de Tantale, des tourments éternels plus redoutables que ceux de notre Tartare ? Ne m’avez-vous

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