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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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lesquelles on se plaisait alors à passer la nuit. Mais, en réalité, le lit n’était pas chez les anciens une chose domestique si grave, si importante, si sérieuse que parmi nous. Leur couche n’était qu’un étroit et petit sofa assez léger pour être transporté aisément d’une place à une autre par son possesseur lui-même {48} , et, sans aucun doute, on le changeait de chambre, selon les caprices du maître ou les variations de la saison : car telle partie de la maison, habitée pendant un mois, était délaissée le mois suivant.
    Les Italiens de cette époque avaient d’ailleurs une singulière appréhension du grand jour ; leurs chambres véritablement obscures, qu’on pourrait croire au premier abord le résultat d’une architecture négligente, étaient, au contraire, le résultat d’un art laborieux. Dans leurs portiques et dans leurs jardins, ils jouissaient du soleil autant que cela leur plaisait ; dans l’intérieur de leurs maisons, ils cherchaient plutôt l’ombre et la fraîcheur.
    L’appartement de Julia, dans cette saison, était retiré dans la partie la plus basse de la maison, immédiatement au-dessous des salles principales, et donnait sur le jardin, avec lequel il était de plain-pied. Une large porte vitrée n’admettait que les rayons du soleil levant ; cependant l’œil de Julia était assez habitué à l’obscurité pour apercevoir exactement les couleurs qui lui seyaient le mieux, et la nuance de rouge qui devait donner le plus d’éclat à ses yeux noirs et le plus de vivacité à ses joues.
    Sur la table devant laquelle elle était assise, se voyait un petit miroir circulaire en acier poli ; autour, se trouvaient rangés, dans un ordre précis, les cosmétiques et les onguents, les parfums et les fards, les bijoux et les peignes, les rubans et les épingles d’or, qui étaient destinés à ajouter aux attraits naturels de la beauté l’assistance de l’art et les capricieuses coquetteries de la mode. À travers la demi-obscurité de la chambre brillaient les couleurs vives et variées des peintures de la muraille, avec tout l’éclat des fresques pompéiennes. Devant la table de toilette, et sous les pieds de Julia, s’étendait un tapis sorti des métiers de l’Orient. À portée de la main, une autre table était chargée d’une aiguière et d’un bassin ; il y avait aussi sur cette table une lampe éteinte, du plus exquis travail, sur laquelle l’artiste avait représenté un Cupidon reposant sous des branches de myrte ; et un petit rouleau de papyrus contenant les plus douces élégies de Tibulle. Un rideau magnifiquement brodé de fleurs d’or servait de portière à l’entrée du cubiculum. Tel était le cabinet de toilette d’une beauté à la mode, il y a dix-huit siècles.
    La belle Julia s’appuyait indolemment sur son siège, pendant que l’ornatrix (la coiffeuse) élevait lentement les unes au-dessus des autres une foule de petites boucles, dont toutes n’appartenaient pas à Julia ; elle entremêlait les fausses et les vraies avec art, et portait si haut son édifice, qu’il semblait placer la tête plutôt au centre qu’au sommet du corps humain.
    Sa tunique, de couleur d’ambre foncé, qui convenait bien à ses noirs cheveux et à son teint un peu brun, descendait avec d’amples plis jusqu’à ses pieds, lesquels étaient renfermés dans des pantoufles attachées autour de sa jambe gracieuse à l’aide de cordons blancs ; une profusion de perles formait la broderie de ces pantoufles de pourpre, qu’on pourrait comparer aux babouches actuelles des Turcs, et une vieille esclave, versée depuis longtemps dans tous les secrets de la toilette, se tenait derrière la coiffeuse, ayant sous le bras la large et riche ceinture de sa maîtresse. Elle donnait de temps à autre des instructions à la femme chargée de l’édifice de la coiffure, sans omettre de judicieuses flatteries pour Julia.
    « Mettez cette épingle un peu plus sur la droite… plus bas… sotte… Ne voyez-vous pas la superbe égalité de ces sourcils ?… on dirait que vous coiffez Corinna, dont le visage est de travers… Maintenant, posez les fleurs… quoi… folle que vous êtes… Laissez là cette triste giroflée… vous ne choisissez pas ici des couleurs en rapport avec les joues pâles de Chloris… Les plus brillantes fleurs peuvent seules convenir aux joues de la jeune Julia !
    – Doucement ! dit la maîtresse en frappant la terre de son

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