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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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placée dans l’espace laissé libre, s’ouvrit tout à coup, comme par magie, et répandit une pluie odoriférante sur la table et sur les hôtes. Lorsqu’elle eut cessé, le dais qui était au-dessus de leur tête fut enlevé, et ils virent qu’une corde avait été tendue en travers du plafond. Un de ces habiles danseurs si célèbres à Pompéi, et dont les descendants font encore la joie d’Astley et du Vauxhall, commençait ses évolutions aériennes.
    Cette apparition, qu’une corde seule séparait du péricrâne {66} des convives, et qui, dans ses joyeux ébats, semblait menacer à chaque instant d’une descente prochaine leurs régions cérébrales, serait probablement de nos jours considérée avec terreur par la société de May-Fair ; mais nos amateurs pompéiens paraissaient contempler ce spectacle avec autant de plaisir que de curiosité. Ils applaudissaient d’autant plus vivement que le danseur s’approchait plus près de la tête de l’un d’eux. Il fit au sénateur l’honneur de se laisser tomber et de ressaisir la corde, au moment où tout le monde croyait que le crâne du Romain était fracturé, comme celui du poète qu’un aigle prit pour une tortue. Enfin, au grand contentement d’Ione, qui ne prenait pas beaucoup plaisir à ce divertissement, le danseur de corde s’arrêta tout à coup, pendant qu’un accord de musique se faisait entendre au dehors. Il dansa de nouveau avec plus d’agilité. L’air changea ; le danseur fit une nouvelle pause ; mais rien ne semblait pouvoir dissiper le charme dont on le supposait possédé. Il représentait un homme qu’une maladie étrange force à danser, et qu’un certain air seul était capable de guérir {67} . Enfin, le musicien parut prendre le véritable ton ; le danseur bondit, s’élança de la corde à terre, et soudain on ne le vit plus.
    Après ce divertissement, un autre ; les musiciens placés sur la terrasse jouèrent un air doux et tendre, auquel se joignaient les paroles suivantes, qui furent à peine entendues, non moins à cause de la distance, que parce qu’elles furent dites presque à voix basse :
    LA MUSIQUE DES FESTINS NE DOIT PAS ÊTRE BRUYANTE
    I
    Notre musique envoie un doux murmure
    Dans cette salle où Psilas {68} fuit le jour.
    Le jeune dieu, dans une grotte obscure,
    Apprit lui-même à Pan ce chant d’amour.
    Harpe aux sons sacrés, fais entendre
    Pour Aphrodite un air divin,
    Doux comme les gouttes de vin
    Qu’un joyeux banquet voit répandre.
    II
    Que la trompette au vif et brillant son,
    Des cœurs guerriers aille exciter les flammes !
    Dans les banquets, notre douce chanson
    Des amoureux va caresser les âmes.
    Les fleurs couronnent leurs cheveux ;
    Glisse-toi, musique charmante,
    Pure, comme une voix d’amante
    Murmurant ses premiers aveux.
    À la fin de cette chanson, Ione rougit plus fort qu’auparavant, et Glaucus avait eu l’adresse de presser sa main sous la table.
    « C’est un agréable morceau, dit Fulvius d’un ton protecteur.
    – Ah ! si vous vouliez nous faire la faveur de chanter vous-même ! dit la femme de Pansa.
    – Souhaitez-vous que Fulvius chante ? » demanda le roi du festin, qui venait d’ordonner à l’assemblée de boire à la santé du sénateur romain, en vidant une coupe pour chaque lettre de son nom.
    « Pouvez-vous faire cette question ? » répondit la matrone en jetant un gracieux regard au poète.
    Salluste fit claquer ses doigts, dit un mot à l’esclave qui exécutait ses ordres ; celui-ci disparut et revint un moment après, tenant d’une main une petite harpe et de l’autre une branche de myrte.
    L’esclave s’approcha du poète, et lui présenta la harpe en s’inclinant aussi humblement que possible.
    « Hélas ! je ne sais pas jouer de la harpe, dit le poète.
    – Alors il faut chanter au myrte. C’est une mode grecque. Diomède aime les Grecs, j’aime les Grecs, vous aimez les Grecs ; et, entre vous et moi, ce n’est pas la seule chose que nous aurons prise d’eux. Quoi qu’il en soit, j’introduis cet usage… Je suis le roi, vous êtes le sujet. Chantez, sujet ! chantez ! »
    Le poète, avec un sourire modeste, prit le myrte des mains de l’esclave, et, après un léger prélude, chanta le morceau suivant d’une voix agréable et bien timbrée :
    LE COURONNEMENT DES AMOURS {69}
    I
    Les Amours, un jour de fête,
    Gambadaient joyeusement.
    Chacun faisait à sa tête ;
    Tout d’abord parut charmant.
    Bientôt

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