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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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survint la querelle…
    « Se quereller, fi » ! dit-elle ;
    Ma Lesbia, nous aussi,
    Avons eu querelle ici !
    II
    Jusqu’alors chaque Amour, libre,
    À son gré passait ses jours ;
    Mais de ce juste équilibre
    Hommes, dieux, sortent toujours.
    « Faisons un roi, dit la bande ;
    Que l’un d’entre nous commande !…
    – Un baiser ! – Donne-le moi,
    Pour mieux élire ce roi ! »
    III
    Ils trouvèrent un beau casque :
    C’était le casque d’Arès.
    Soudain la troupe fantasque
    D’un roi croit y voir les traits.
    Ils le mirent sur un trône !…
    Pour moi ce n’est pas, mignonne,
    Celui que j’aurais voulu ;
    Ton voile aurait mieux valu !
    IV
    Le casque avait fort à faire,
    Au milieu de tels sujets ;
    Désespérant de leur plaire,
    Il forma d’autres projets.
    Il dit : « Prenons une reine.. »
    Tu le vois, mon inhumaine,
    Peut-on vivre sans aimer !
    Crois-moi, laisse-toi charmer.
    V
    Une colombe jalouse
    Les surveillait dans un coin ;
    Le roi la prit pour épouse,
    Un cri retentit au loin :
    « Vive, vive la colombe,
    À ses pieds que chacun tombe !… »
    Toi, qu’on me voit tant chérir,
    Que n’ai-je un trône à t’offrir !
    VI
    Les Amours se croyant maîtres
    Allaient sonner le clairon ;
    Mais elle, à ces petits traîtres,
    Fit voir un air de Néron ;
    Ayant dans l’Olympe même
    Appris le pouvoir suprême…
    Je ne sais que trop par toi
    Des reines quelle est la loi !…
    Cette chanson, qui s’accordait à merveille avec la brillante et vive imagination des Pompéiens, fut couverte d’applaudissements, et la veuve insista pour qu’on couronnât le poète de la branche de myrte à laquelle il avait adressé ses chants ; on en fit aisément une guirlande, et l’immortel Fulvius la reçut au milieu des battements de mains et des cris d’Io, triomphe ! La harpe circula ensuite autour de la table pour ceux qui savaient en jouer. Une nouvelle branche de myrte passa de mains en mains, en s’arrêtant à ceux qui étaient priés de chanter {70} . Le soleil commençait à décliner, bien que les convives qui étaient à table depuis plusieurs heures ne s’en aperçussent pas dans la salle du festin, fermée au jour. Le sénateur, fatigué, et le guerrier, qui devait retourner à Herculanum, se levèrent et donnèrent le signal du départ général.
    « Attendez un instant, mes amis, dit Diomède, ou, si vous voulez vous retirer si tôt, que ce ne soit pas, du moins, avant notre dernier divertissement. »
    Il dit, et fit signe à l’un des serviteurs de s’approcher ; il lui glissa quelques mots dans l’oreille. L’esclave sortit, et revint bientôt avec un petit bassin contenant plusieurs tablettes soigneusement cachetées et toutes semblables en apparence. Chacun des hôtes devait en acheter une et la payer au prix nominal de la plus petite pièce d’argent. L’agrément de cette loterie (divertissement favori d’Auguste, qui l’avait introduit à Rome) consistait dans l’inégalité et quelquefois dans l’incongruité des prix, dont la nature et le montant se trouvaient désignés dans l’intérieur des tablettes. Par exemple le poète, assez mécontent, tira un de ses poèmes (jamais docteur n’avala moins volontiers une de ses pilules). Le guerrier eut pour lot un étui avec des passe-lacets, ce qui donna lieu à plusieurs bons mots d’une grande nouveauté sur Hercule et sur son fuseau. La veuve Fulvie gagna une large coupe ; Julia, une agrafe de manteau d’homme ; Lépidus, une boîte à mouches pour dames. Le lot le mieux approprié échut au joueur Claudius, qui rougit de colère en recevant des dés pipés {71} . La gaieté que la distribution de ces divers lots avait provoquée fut assombrie par un accident qu’on considéra comme de fâcheux augure. Glaucus avait obtenu du sort le lot le plus heureux : une petite statue de marbre représentant la Fortune, d’un travail grec des plus exquis. L’esclave qui la lui apportait la laissa tomber, et elle se brisa en mille morceaux.
    Un frisson courut dans l’assemblée, et chaque voix s’éleva spontanément pour prier les dieux de détourner ce présage.
    Glaucus seul, bien que superstitieux comme les autres, montra beaucoup de fermeté.
    « Douce Napolitaine, dit-il en se tournant vers Ione, qui avait pâli à la vue de la statue brisée, j’accepte le présage : il signifie que la Fortune, en te donnant à moi, ne peut donner rien de plus ; elle brise son image pour ne me laisser

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