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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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Maintenant, ouvre aussi la porte de cette chambre à moitié, et donne-moi la lampe.
    – Comment ! est-ce que tu as l’intention de l’éteindre ?
    – Non ; mais il faut que je prononce mon charme au-dessus de la flamme… Il y a un esprit dans le feu. Assieds-toi. »
    L’esclave obéit ; et Nydia, après s’être penchée quelques instants sur la lampe, se leva et chanta à voix basse l’improvisation suivante, sans rythme régulier :
    INVOCATION AU SPECTRE DE L’AIR
    L’air, le feu, nous connaissent bien,
    Nous, les filles de Thessalie,
    Qui, sur le mont Olympien,
    Attirons la lune pâlie !
    À nous tous les secrets des fleurs,
    Des oiseaux à nous le langage ;
    À nous les changeantes couleurs
    Du ciel où va gronder l’orage !
    L’Égypte et la Perse n’ont pas
    De charmes plus forts que les nôtres.
    Le démon nous parle tout bas,
    Il nous aime au-dessus des autres.
    Spectre de l’air, écoute-moi,
    C’est Nydia qui t’en convie ;
    L’art d’Erichto, dans qui j’ai foi,
    Aux morts savait rendre la vie.
    Le roi d’Ithaque, sage roi,
    Faisait parler la voix des ondes ;
    Orphée, affrontant tout effroi,
    Descendait aux rives profondes ;
    Sa lyre, aux magiques accords,
    Entraînait sa chère Eurydice ;
    Et Médée, aux Colchiques bords
    Préservait Jason du supplice ;
    Par leurs charmes, et par les miens,
    Spectre de l’air, viens à moi, viens,
    Caresse cette coupe humide,
    Qui s’agite et te sent venir.
    Viens, révèle à l’âme timide
    Les secrets du sombre avenir ;
    Fils de la voûte aérienne,
    Réponds à la Thessalienne !
    Oh ! viens, viens,
    Je t’appartiens !
    Viens, ô viens, aucun dieu du ciel ni de la terre,
    Ne sera plus béni, plus honoré que toi ;
    Ni Vénus, ni le Dieu brillant de la lumière,
    Ni Diane, à la triple loi,
    Ni le grand Jupiter lui-même,
    Maître des dieux, le roi suprême !…
    Oh ! viens, viens,
    Je t’appartiens !
    « Le spectre ne tardera pas à venir, dit Sosie ; je le sens déjà dans mes cheveux.
    – Place ta coupe d’eau à terre. Donne-moi maintenant la serviette, pour que j’enveloppe ta figure et tes yeux.
    – Oh ! c’est toujours ainsi dans les enchantements ! Ne serre pas si fort… Eh ! plus doucement, s’il te plaît.
    – C’est fait. Peux-tu voir ?
    – Voir ? Par Jupiter, non ; tout est obscurité.
    – Adresse à présent au spectre les questions que tu veux lui faire, à voix basse, et trois fois de suite. S’il répond affirmativement à tes questions, tu entendras l’eau bouillonner sous le souffle du démon ; si ta demande ne doit pas être accomplie, l’eau restera silencieuse.
    – Mais tu ne remueras pas l’eau toi-même, eh ! eh !
    – Je vais placer la coupe à tes pieds ; ainsi tu pourras être sûr que je ne la touche pas à ton insu.
    – Très bien. Maintenant, ô Bacchus, sois-moi propice. Tu sais que je t’ai toujours donné la préférence sur les autres dieux, et, si tu consens à me protéger contre ce démon aquatique, je te consacrerai la coupe d’argent que j’ai dérobée l’année dernière au gros maître d’hôtel. Et toi, Esprit, écoute-moi. Pourrais-je acheter ma liberté l’an prochain ? Tu le sais : car, puisque tu vis dans l’air, les oiseaux t’ont sans doute appris les secrets de la maison {82}  ; tu sais que j’ai dérobé tout ce que j’ai pu honnêtement, c’est-à-dire sûrement, dérober depuis trois ans ; cependant il me manque encore deux mille sesterces pour compléter la somme. Me sera-t-il permis, ô bon esprit ! de combler ce déficit dans le cours de l’année ? Parle ! Ah ! l’eau bouillonne ; non, tout est calme comme la tombe… Eh bien, si ce n’est pas dans l’année, sera-ce dans deux ans ?… J’entends quelque chose ; le démon gratte à la porte… il doit être entré. Dans deux ans, mon bon ami ; deux ans, n’est-ce pas un temps fort raisonnable ? Rien encore. Toujours le silence ! Deux ans et demi… trois, quatre ans ?… Démon de malheur !… ce n’est pas bien… tu n’es pas femme, cela est clair ; tu ne garderais pas le silence si longtemps… Cinq, six ans… soixante ! et que Pluton t’emporte ! Je ne te demanderai rien de plus. »
    Et Sosie, dans sa rage, renversa l’eau sur ses jambes ; puis, après beaucoup de peine et plus encore de malédictions, il essaya de débarrasser sa tête de la serviette qui l’entourait, regarda autour de lui, et s’aperçut qu’il était dans

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