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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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poussière à ton amour. Oui, tu peux éloigner de moi le poignard, le poison… tu peux m’enchaîner ; mais l’âme courageuse et décidée à quitter la vie n’est jamais sans moyens de le faire. Ces mains, nues et sans armes, déchireront les liens qui m’attachent à l’existence. Enchaîne-les, et mes lèvres se refuseront à respirer l’air. Tu es savant… tu as vu dans l’histoire plus d’une femme préférer la mort au déshonneur. Si Glaucus périt, je n’aurai pas l’indignité de lui survivre… Par tous les dieux du ciel, de l’Océan et de la terre, je me dévoue moi-même au trépas. J’ai dit. »
    Ione, en parlant ainsi, était noble, fière, elle redressait sa taille, elle avait l’air d’une inspirée ; son visage et sa voix remplirent de respect et d’effroi celui qui l’écoutait.
    « Brave cœur ! dit-il après un court silence ; tu es vraiment digne d’être à moi. Oh ! faut-il que j’aie cherché si longtemps celle qui devait partager mes destinées, et que je ne l’ai trouvée qu’en toi ! Ione, continua-t-il rapidement, ne vois-tu pas que nous étions nés l’un pour l’autre ? Comment ne reconnais-tu pas une sainte sympathie, avec ton énergie, avec ton courage, dans mon âme hardie et indépendante ? Nous avons été formés pour unir nos sentiments, formés pour animer d’un nouvel esprit ce monde usé et grossier, formés pour les puissantes fins que mon esprit, s’élançant au-dessus de l’obscurité des temps, aperçoit par une vision prophétique. Plein d’une résolution égale à la tienne ; je défie toutes les menaces de suicide. Je te salue comme mon épouse. Reine de climats que les ailes de l’aigle n’obscurcissent pas, que son bec n’a pas ravagés, je m’incline devant toi ; je te rends hommage, mais je te réclame pour l’adoration et pour l’amour. Nous traverserons l’Océan ; nous y trouverons notre royaume, et les âges futurs les plus lointains reconnaîtront une longue race de rois nés du mariage d’Arbacès et d’Ione.
    – Tu es dans le délire. Ces mystiques déclamations conviendraient mieux à quelque vieille paralytique vendant des philtres sur la place du marché qu’au sage Arbacès. Tu as entendu ma résolution ; elle est aussi irrévocable que les destinées. Orcus a entendu mon vœu, et il est écrit dans le livre de Pluton, dont la mémoire est sûre. Répare donc, Arbacès, répare le passé. Change la haine en respect, la vengeance en gratitude ; épargne un homme qui ne sera jamais ton rival. Ce sont là des actes convenables à ta nature première, qui a montré des étincelles de noblesse et de grandeur. Ces actes-là pèsent dans la balance des Rois de la mort ; ils la font pencher le jour où l’âme, dépouillée du corps, se tient tremblante et éperdue entre le Tartare et l’Élysée ; ils réjouissent le cœur de la vie bien mieux et plus longtemps que le vain prix d’une passion qui ne dure qu’un moment. Ô Arbacès, écoute-moi et laisse-toi attendrir.
    – C’est assez, Ione. Tout ce que je pourrai faire pour Glaucus, je le ferai. Mais si j’échoue, ne m’en fais pas porter la peine. Tu demanderas à mes ennemis eux-mêmes si je n’ai pas songé, si je n’ai pas cherché à détourner toute condamnation de sa tête. Juge-moi d’après ce qu’ils te diront. Prends du repos, Ione ; la nuit va faire place au jour, je te laisse, et puissent tes rêves être plus favorables à quelqu’un qui ne vit que pour toi ! »
    Sans attendre de réponse, Arbacès sortit précipitamment, effrayé peut-être de subir plus longtemps les prières passionnées d’Ione, qui excitaient en même temps que sa compassion toutes les rages de sa jalousie. Mais la compassion venait trop tard. Alors même qu’Ion lui eût promis sa main pour récompense, il ne pouvait plus maintenant, sa déposition faite et le peuple excité, sauver l’Athénien. Son ardeur s’augmentait encore de l’énergie de cette lutte, il se livrait aux chances de l’avenir ; il ne doutait plus de triompher d’une femme dont il était si fortement épris.
    Pendant que ses esclaves lui ôtaient sa robe, l’idée de Nydia lui revint. Il comprit qu’il était nécessaire qu’Ione ignorât l’égarement qui s’était emparé de Glaucus, afin qu’elle n’eût aucun motif d’excuser le crime qui lui était imputé ; il était possible que son esclave l’eût informée que Nydia était sous le même toit qu’elle,

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