Les Derniers Jours de Pompéi
ensemble pour toujours ?
– Si je crois cela, Athénien ? non, non, je ne le crois pas, c’est trop peu dire ; je le sais, et c’est cette magnifique et heureuse assurance qui me soutient maintenant. Ô Cylène ! continua Olynthus d’un ton passionné, épouse de mon cœur, qui m’a été enlevée dans les premiers mois de notre mariage, ne te verrai-je pas, et dans peu de jours ? Bien venue, bien venue est la mort, qui me conduit au ciel et vers toi ! »
Le soudain élan d’une affection humaine remua toutes les fibres sympathiques du cœur de l’Athénien. Il sentit, pour la première fois, quelque chose de plus tendre que le lien qui attache des compagnons d’infortune. Il se rapprocha d’Olynthus. Car les Italiens, féroces à certains égards, n’étaient pas inutilement cruels ; ils ne séparaient pas les cellules, n’accablaient pas les prisonniers de chaînes, et permettaient aux victimes de l’arène la consolation d’autant de liberté et de communauté que la prison en pouvait offrir.
« Oui, continua le chrétien dans une sainte ferveur, l’immortalité de l’âme, la résurrection, la réunion des morts, tel est le grand principe de notre foi, et c’est pour proclamer cette grande et sublime vérité qu’un Dieu lui-même a voulu mourir. Ce n’est point un fabuleux Élysée, un poétique Orcus, mais un pur et radieux héritage du ciel lui-même, qui récompense l’homme juste et bon.
– Raconte-moi donc tes doctrines et expose-moi tes espérances », dit Glaucus avec ardeur.
Olynthus s’empressa de faire droit à cette demande ; et, comme il arrivait souvent dans ces premiers âges de la foi chrétienne, ce fut dans l’ombre d’un cachot, et devant les approches de la mort, que le radieux Évangile jeta ses rayons doux et sacrés.
Chapitre 17
Une chance pour Glaucus
Les heures avaient passé avec la lenteur d’une cruelle torture sur la tête de la pauvre Nydia, depuis le moment où elle avait été replacée dans sa prison.
Sosie, comme s’il avait craint d’être de nouveau trompé par elle, s’était abstenu de la visiter jusqu’au matin du jour suivant, et encore assez tard ; il ne fit alors que renouveler ses provisions de pain et de vin, puis referma précipitamment la porte. La journée entière s’écoula ; et Nydia se sentait captive, captive sans espoir, le jour même du jugement, et lorsque son témoignage pouvait sauver la victime. Cependant, sachant, quelque impossible qu’il lui parût de s’enfuir, que la seule chance de salut pour Glaucus reposait sur elle, cette jeune fille, frêle et passionnée, et d’une organisation si nerveuse, résolut de ne pas s’abandonner à un désespoir qui l’aurait rendue incapable de saisir une occasion de s’échapper. Elle garda toute sa liberté d’esprit, malgré sa douleur intolérable, et, dans le tourbillon de ses pensées, qui se succédaient avec rapidité, elle prit même un peu de pain et de vin, afin de soutenir sa force, et de se préparer à tout événement.
Après avoir formé et rejeté mille plans nouveaux de fuite, elle regarda Sosie comme sa seule espérance, le seul instrument qu’elle pût encore mettre à profit. Le désir de connaître l’époque où il pourrait être libre l’avait rendu superstitieux. Par les dieux ! ne pourrait-il pas être tenté par l’appât même de la liberté ? n’était-elle pas presque assez riche pour l’acheter ? Ses bras délicats étaient couverts de bracelets, présents d’Ione ; elle portait à son cou cette même chaîne qui, on doit se le rappeler, avait occasionné sa querelle jalouse avec Glaucus, et qu’elle avait ensuite promis de porter toujours. Elle attendit donc ardemment le retour de Sosie ; mais, comme les heures s’écoulaient, et qu’il ne revenait pas, son impatience fut bientôt au comble. La fièvre agitait chacun de ses nerfs ; elle ne pouvait supporter la solitude plus longtemps. Elle gémit ; elle cria ; elle se frappa contre la porte. Ses cris retentirent dans la salle, et Sosie, plein d’humeur, se hâta de venir voir ce qui se passait, afin de la faire taire, s’il était possible.
« Oh ! oh ! qu’est-ce que cela ? dit-il avec aigreur. Jeune esclave, si tu continues à crier ainsi, nous te bâillonnerons de nouveau. Mes épaules courraient des risques, si mon maître venait à t’entendre.
– Bon Sosie, ne me gronde pas ; je ne puis demeurer seule plus longtemps ; la solitude
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