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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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souper excellent, les meilleurs vins, et ne quitte la table que lorsque son chagrin est sorti de son esprit pour faire place à la liqueur…
    – Bonne méthode, très bonne ! Ah ! ce que c’est que d’être riche ! si j’étais à la place de Salluste, je voudrais avoir quelque chagrin à chasser tous les jours. Mais dis un mot en ma faveur à l’intendant. Je le vois venir. »
    Salluste était trop triste pour recevoir de la compagnie… mais trop triste aussi pour boire seul. C’est pour cela que, selon sa coutume, il admettait son affranchi à sa table ; et jamais plus étrange banquet n’eut lieu que ce soir-là. De temps en temps l’épicurien au bon cœur soupirait, pleurait, sanglotait, puis mangeait quelques mets et remplissait sa coupe avec une nouvelle ardeur.
    « Mon brave camarade, disait-il à son compagnon… C’est un terrible arrêt… bien terrible… Ce chevreau ne vaut rien… Pauvre cher Glaucus… quelle gueule que celle de ce lion !… ah ! ah ! ah ! »
    Il sanglota de nouveau, et ses sanglots ne furent interrompus que par le hoquet.
    « Prenez cette coupe de vin, dit l’affranchi.
    – Ce vin est un peu trop froid… Mais c’est Glaucus qui doit avoir froid… que ma maison soit fermée demain… que pas un esclave ne sorte… Je ne veux pas qu’un seul de mes serviteurs honore de sa présence cette maudite arène… Non, non.
    – Goûtez de ce falerne… votre douleur vous absorbe… Par les dieux ! elle vous fera perdre la raison… un peu de cette tarte à la crème. »
    Ce fut dans ce moment favorable que Sosie se vit admis devant cet inconsolable gourmand.
    « Oh ! qui es-tu ?
    – Un simple messager pour Salluste ! Je lui remets ce billet de la part d’une jeune femme : je ne crois pas qu’il y ait de réponse ; puis-je sortir ? »
    En disant cela, le discret Sosie tenait sa figure cachée dans son manteau et déguisait sa voix, de peur d’être reconnu plus tard.
    « Par les dieux ! un entremetteur chez moi ! Malheureux que tu es, ne vois-tu pas que j’ai du chagrin ?… Va-t’en, et que la malédiction de Pandarus t’accompagne ! »
    Sosie ne perdit pas un moment pour se retirer.
    « Ne lirez-vous pas cette lettre, Salluste ? dit l’affranchi.
    – Une lettre… quelle lettre ?… répondit l’épicurien courroucé, et qui commençait à voir double… Ces misérables femmes… suis-je un homme à penser au plaisir ? ajouta-t-il avec un nouveau hoquet… lorsque mon ami est sur le point d’être dévoré ?
    – Mangez une autre tartelette.
    – Non, non, la douleur m’étouffe.
    – Qu’on le porte au lit », dit l’affranchi. Et la tête de Salluste s’étant inclinée sur son sein, on le porta à son cubiculum, pendant qu’il exhalait encore des lamentations sur le sort de Glaucus, et des imprécations contre les invitations malencontreuses des dames vouées au plaisir.
    Sosie de son côté s’en retournait plein d’indignation.
    « Un entremetteur ! vraiment, se disait-il à lui-même… ce Salluste est un insolent, et un grossier ; s’il m’avait appelé un fripon, un voleur, j’aurais pu lui pardonner : mais un entremetteur !… Fi !… Il y a dans ce mot de quoi faire soulever le cœur le moins susceptible. Un fripon n’est fripon que pour son propre plaisir ; un voleur est voleur pour son propre bénéfice ; et quand on agit pour son compte, on a beau être un gredin, on est jusqu’à certain point honorable ; on est philosophe. C’est ce qu’on appelle agir par principes… sur une grande échelle. Mais un entremetteur est une créature qui s’avilit dans l’intérêt d’autrui ; une casserole mise sur le feu pour le potage d’un autre… une serviette que passe un marmiton et à laquelle tous les convives s’essuient les doigts… Un entremetteur ! J’aimerais mieux qu’il m’eût appelé un parricide… mais il était ivre et ne savait ce qu’il disait ; d’ailleurs, je n’étais pas reconnaissable. S’il avait su que c’était moi, il m’eût dit, j’en suis sûr : « Honnête Sosie ! » ou bien : « Mon digne garçon ! » Quoi qu’il en soit, les bijoux ont été gagnés lestement… c’est ce qui me console. Ô déesse Féronia, je serai bientôt libre, et alors je verrai qui osera m’appeler entremetteur ! à moins pourtant qu’on ne me paye bien pour cela. »
    Tel était le monologue du généreux et délicat Sosie, tandis qu’il suivait une étroite ruelle

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