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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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habituel des jeunes gens de l’époque et qui, il y a un siècle, aurait pu trouver de l’écho dans quelque cercle parisien ; pendant cette conversation, dis-je, qui pétillait dans le triclinium de Lépidus, il se passait une scène bien différente dans le cachot du jeune Athénien.
    Après sa condamnation, Glaucus cessa d’être confié à la garde obligeante de Salluste, l’unique ami de son malheur ; il fut conduit le long du Forum par des soldats, qui l’arrêtèrent près d’une petite porte placée à côté du temple de Jupiter. On en voit encore l’emplacement. Cette porte s’ouvrait au centre d’une façon assez bizarre ; elle tournait sur ses gonds, comme nos tourniquets modernes, de manière à ne jamais laisser ouverte que la moitié du seuil. On fit entrer le prisonnier par cette étroite ouverture ; on mit devant lui un pain et une cruche d’eau ; on le laissa ensuite dans les ténèbres, et, à ce qu’il croyait, dans la solitude. Si subite avait été la révolution de fortune qui l’avait précipité des hauteurs de sa jeunesse et de ses heureuses amours dans le plus profond abîme de l’ignominie et dans l’horreur d’une prochaine mort où tout son sang devait être répandu, qu’il avait peine à se convaincre que son esprit n’était pas le jouet d’un songe pénible. Son organisation vigoureuse avait triomphé d’un breuvage dont, par bonheur, il n’avait bu qu’une faible partie. Il avait recouvré sa raison, la conscience de ses actions, mais une sorte de dépression pesait encore sur ses nerfs et sur son intelligence. Son courage naturel et l’orgueil grec lui avaient donné la force de surmonter toute appréhension indigne de son caractère, et de faire bonne contenance devant le tribunal, où l’on avait admiré son maintien noble et calme. Mais la certitude de son innocence fut à peine suffisante pour le soutenir, lorsqu’il se trouva loin des yeux humains, dans l’isolement et le silence. Les vapeurs humides du cachot glacèrent ses sens. Lui, le délicat, le voluptueux, le raffiné Glaucus, lui qui n’avait jusqu’alors connu ni adversité ni chagrin ! Noble oiseau, pourquoi avait-il abandonné son pays lointain et aimé du soleil, les bosquets d’oliviers et ses collines natales, le murmure de ses ruisseaux divins ? Pourquoi avait-il aventuré son brillant plumage au milieu de peuples inhospitaliers, éblouissant leurs yeux de ses riches couleurs, charmant leurs oreilles de ses accents délicieux ? fallait-il qu’il se vît ainsi subitement arrêté, jeté dans une sombre cage, leur victime et leur proie ?… Plus de joyeux essor !… Plus d’invitations à la gaieté !… tout était fini. Le pauvre Athénien ! Ses défauts n’étaient que l’exubérance d’une heureuse nature ! Combien sa vie passée l’avait peu préparé à de pareilles épreuves ! Cette multitude, dont les applaudissements avaient souvent retenti à son oreille, lorsqu’il guidait au milieu d’elle son char gracieux et ses coursiers bondissants, l’accablait maintenant de sinistres huées. Les visages de ses anciens amis (les convives de ses festins) s’offraient froids et glacés à ses yeux. Il n’y avait plus là personne pour consoler, soutenir l’étranger qui avait été tant admiré et adulé ! Ces murs ne s’ouvraient que sur la terrible arène où il devait rencontrer une honteuse mort. Et Ione ? Il n’avait rien appris sur son sort. Aucun mot bienveillant, aucun message d’amitié, n’étaient venus de sa part. L’avait-elle oublié aussi ? Le croyait-elle coupable ?… et de quel crime ?… Le meurtre de son frère ! Il grinçait des dents, il gémissait à haute voix, et, de temps à autre, une crainte affreuse lui traversait le cœur. Si, dans ce délire qui s’était irrésistiblement emparé de ses esprits, qui avait porté un si grand trouble dans son cerveau, où il avait perdu toute conscience de lui-même, si le crime dont il était accusé avait été réellement commis par lui ?… Cependant, il repoussait bien vite cette pensée lorsqu’elle se présentait : car, au milieu de l’obscurité du jour, il se rappelait assez distinctement le bosquet de Cybèle, la pâle figure du mort tournée de son côté, la pause qu’il avait faite auprès du corps, et le choc violent qui l’avait jeté la face contre terre. Il restait convaincu de son innocence ; et pourtant, qui croirait à son innocence, qui prendrait la défense de

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