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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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pouvoir ; demain il sera trop tard. Jamais liberté n’aura été achetée à meilleur marché ! tu peux aisément et sans que l’on s’en aperçoive quitter la maison. Ton absence ne durera pas une demi-heure ; et pour si peu, refuserais-tu la liberté ? »
    Sosie était grandement ébranlé ; la demande en vérité, lui paraissait bien ridicule : mais qu’est-ce que cela lui faisait ? Tant mieux d’ailleurs ! il pouvait fermer la porte sur Nydia, et, si Arbacès s’apercevait de son absence, ce ne serait pas, après tout, une faute majeure ; il ne s’attirerait qu’une réprimande ; mais si la lettre de Nydia contenait plus de choses qu’elle n’en avait dit, si elle parlait de son emprisonnement, comme elle ne manquerait probablement pas de le faire, qu’arriverait-il ? Arbacès ne pouvait pas savoir que c’était lui qui avait porté la lettre : au pis aller, le gain était énorme, le risque léger, la tentation irrésistible ; il n’hésita plus, il consentit à la proposition.
    « Donne-moi les joyaux et je me chargerai de la lettre ; mais attends donc, tu es esclave, tu n’as aucun droit sur les ornements… ils appartiennent à ton maître.
    – Ce sont des présents de Glaucus ; c’est lui qui est mon maître… il n’est guère probable qu’il les réclame… d’ailleurs, qui saura qu’ils sont en ta possession ?
    – Cela suffit, je vais t’apporter du papyrus.
    – Non, pas de papyrus ; une tablette de cire et un style. »
    Nydia, comme le lecteur l’a vu, était sortie d’une famille distinguée ; ses parents avaient tout fait pour alléger son malheur, et sa vive intelligence avait secondé leurs efforts. En dépit de sa cécité, elle avait acquis dans son enfance, bien qu’imparfaitement, l’art d’écrire avec un style aigu sur des tablettes de cire ; le sens exquis du toucher qu’elle avait venait à son aide. Dès que les tablettes eurent été apportées, elle traça quelques mots en grec, la langue de son enfance, et que tout Italien de haut rang est supposé connaître. Elle entoura avec soin son épître du fil protecteur, et couvrit le nœud avec de la cire ; puis, avant de remettre les tablettes à Sosie, elle lui parla ainsi :
    « Sosie, je suis aveugle et en prison. Tu peux songer à me tromper… tu peux prétendre que tu as remis ma lettre à Salluste ; tu peux ne pas remplir ta promesse… mais si tu trahis ma confiance, j’appelle solennellement la vengeance sur ta tête… Je te somme donc de mettre ta main droite dans la mienne, comme gage de ta fidélité, et de répéter après moi ces mots : Par la terre où nous marchons, par les éléments que contiennent la vie et qui peuvent l’ôter… par Orcus, le Dieu vengeur… par Jupiter Olympien… qui voit tout… je jure que je tiendrai ma promesse et que le message qu’on me confie sera remis dans les mains de Salluste. Si je manque à mon serment, que les malédictions du ciel et de l’enfer tombent sur moi… C’est assez… je me fie à toi ; prends ta récompense ; il est déjà tard, pars.
    – Tu es une étrange fille, et tu m’as vraiment effrayé… mais après tout c’est naturel, et, si je puis trouver Salluste, je lui remets cette lettre comme je te l’ai promis, sur ma foi… Je puis avoir mes petites peccadilles… Mais manquer à un serment, me permettre un parjure… je laisse cela à mes maîtres. »
    Sosie sortit, après avoir eu soin de mettre la barre à la porte de la chambre de Nydia, en assurant bien les verrous. Puis il plaça la clef dans sa ceinture, et se mit en devoir de faire sa commission ; il s’enveloppa de la tête aux pieds dans un large manteau, et se glissa dehors sans avoir été vu ni arrêté par personne.
    Les rues étaient presque vides, et il eut bientôt gagné la maison de Salluste. Le portier lui dit de laisser sa lettre et de s’en retourner, car Salluste était si chagrin de la condamnation de Glaucus qu’il ne voulait être troublé dans sa douleur par quoi que ce fût.
    « Cependant j’ai juré de remettre cette lettre dans ses propres mains, je dois le faire. »
    Et Sosie, sachant bien par expérience comment on endort un cerbère, lui mit une douzaine de sesterces dans la main.
    « C’est bien, c’est bien, dit le portier adouci ; entre si tu veux ; mais, pour dire la vérité, Salluste est en train de noyer son chagrin dans le vin. C’est son habitude, lorsque quelque chose le tourmente. Il commande un

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