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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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s’accordait bien avec l’ombre et la solitude du lieu.
    Apaecidès était dans le printemps de son âge ; cependant il paraissait avoir plus vécu que l’Égyptien. Ses traits délicats et réguliers étaient fatigués et décolorés, ses yeux creux ne brillaient que d’un éclat pareil à celui que donne la fièvre ; son corps se courbait prématurément et sur ses mains délicates, comme celles d’une femme, de petites veines bleuâtres et tuméfiées indiquaient la lassitude et les faiblesses du relâchement de ses fibres. Sa figure avait une frappante ressemblance avec celle d’Ione ; mais l’expression différait beaucoup de ce calme majestueux et spirituel, qui donnait à la beauté de sa sœur un repos divin et que maintenant nous appellerions classique. Chez elle, l’enthousiasme était visible, quoique toujours modeste et contenu ; c’était là le charme et le sentiment de sa physionomie ; on éprouvait ce désir qu’excitait un esprit qui paraissait tranquille, mais qui ne sommeillait pas. Chez Apaecidès, tout révélait la ferveur et la passion de son tempérament ; et la portion intellectuelle de sa nature par les larges flammes de ses yeux, par la largeur de ses tempes comparée à la hauteur de ses sourcils, par le frémissement de ses lèvres semblait être sous l’empire d’une rêverie idéale et profonde. L’imagination de la sœur s’était arrêtée au seuil sacré de la poésie ; celle de son frère moins heureuse et moins retenue s’était égarée dans le champ des visions impalpables et sans formes ; les facultés qui avaient paré l’une des dons du génie menaçaient d’apporter la folie à l’autre.
    « Vous prétendez que j’ai été votre ennemi, dit Arbacès ; je connais la cause de cette injuste accusation. Je vous ai placé parmi les prêtres d’Isis ; vous vous révoltez de leurs supercheries et de leurs impostures. Vous pensez que je vous ai trompé aussi ; la pureté de votre cœur s’en offense ; vous vous imaginez que je suis aussi un imposteur.
    – Vous connaissiez les jongleries de ce culte impie répondit Apaecidès ; pourquoi me les avoir cachées ? Lorsque vous me pressiez si vivement de me dévouer à cette profession, dont je porte le costume, vous ne cessiez de me parler de la sainte vie de ces hommes consacrés à la science ; vous m’avez jeté dans la compagnie d’un ignorant et sensuel troupeau, qui n’a d’autres connaissances que celles des fraudes les plus grossières ; vous me parliez d’hommes sacrifiant les plaisirs mondains à la sublime étude de la vertu et vous m’avez mis au milieu d’hommes souillés de tous les vices ; vous me parliez d’amis, de guides flamboyants du genre humain : je ne vois que des trompeurs et des traîtres. Oh ! vous avez eu tort.
    « Vous m’avez enlevé la gloire de ma jeunesse, ma foi sincère à la vertu, ma soif sanctifiante de sagesse. Jeune comme j’étais, riche plein de ferveur, ayant devant moi tous les brillants plaisirs de la terre, je me résignais sans soupirer avec bonheur avec exaltation dans la pensée que j’allais pénétrer les mystères de la sagesse suprême, jouir de la société des dieux, des révélations du ciel ; et maintenant… maintenant !… »
    Un sanglot convulsif étouffa la voix du prêtre. Il se couvrit le visage de ses mains et de grosses larmes se firent passage à travers ses doigts et inondèrent ses vêtements.
    « Ce que je t’ai promis, je te le donnerai, mon ami, mon élève ; les choses, dont tu te plains, n’ont été que des épreuves pour ta vertu ; ton noviciat n’a fait qu’en rehausser l’éclat… Ne pense plus à toutes ces fourberies de bas étage… Il est temps que tu ne sois plus confondu avec ces esclaves de la déesse, serviteurs subalternes de son temple. Tu es digne d’entrer dans l’enceinte sacrée. Je serai désormais ton prêtre, ton guide ; et toi, qui maudis en ce moment mon amitié, tu vivras pour la bénir. »
    Le jeune homme releva la tête et regarda l’Égyptien avec un vague étonnement.
    « Écoute-moi, continua Arbacès d’une voix plus puissante et plus solennelle après avoir eu soin de s’assurer qu’ils étaient seuls. De l’Égypte est venue toute la science du monde. À l’Égypte, Athènes emprunta sa philosophie, et la Crète sa profonde politique. À l’Égypte appartenaient ces tribus mystérieuses qui (longtemps avant que les hordes de Romulus se répandissent dans les

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