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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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pâle scintille,
    C’est un dernier rayon jeté sur son amant.
    À moi toutes les fleurs : violette anémone ;
    La plus humble retient le zéphyr amoureux.
    À moi les jours de mai comme les jours d’automne ;
    Dans les bois dépouillés les rêves sont nombreux.
    Aimez, aimez mortels ; aimer c’est être sage.
    Regardez en tout lieu le monde est plein de moi.
    Les vents ont pour les flots les flots pour le rivage,
    Des baisers caressants ; ainsi le veut ma loi.
    Tout enseigne l’amour. » Cette voix comme un songe
    S’évanouit au sein des bosquets embaumés ;
    Mais le son qui dans l’air quelque temps se prolonge
    À la brise du soir semble redire : « AIMEZ ! »
    Quand le chant eut cessé l’Égyptien saisit la main d’Apaecidès et le conduisit éperdu et chancelant, quoique malgré lui vers le rideau, qui était au fond de l’appartement. Mille étoiles étincelaient derrière ce rideau ; le voile lui-même sombre jusque-là se trouva éclairé par mille feux cachés et brilla de la couleur bleue des cieux. Il représentait les cieux mêmes, tels que dans les nuits de juin, on les voit briller sur les sources de Castalie. Çà et là se déployaient des nuages roses et légers du sein desquels souriaient peintes avec un art charmant des figures d’une beauté divine, des corps dont la forme aurait pu être rêvée par Phidias ou par Apelles ; et les étoiles qui resplendissaient dans l’azur transparent roulaient rapidement tandis que la musique qui recommença sur un ton plus vif et plus gai semblait imiter la joyeuse mélodie des sphères.
    « Oh ! quel est ce prodige Arbacès ? dit Apaecidès d’une voix émue. Après avoir nié qu’il est des dieux, voulez-vous me révéler…
    – Leurs plaisirs » interrompit Arbacès d’un ton si différent de sa froide et habituelle tranquillité, qu’Apaecidès tressaillit et pensa que l’Égyptien lui-même éprouvait une transformation. Au moment où ils s’approchaient du rideau, une mélodie étrange puissante exaltée se fit entendre derrière et le rideau se déchira en deux et s’évanouit pour ainsi dire dans les airs. Une scène dont la séduction n’a jamais été surpassée chez aucun sybarite se montra alors aux yeux éblouis du jeune prêtre : une vaste salle de banquet s’étendait au loin avec d’innombrables lumières qui remplissaient l’air d’une douce chaleur et des parfums d’encens, de jasmin, de violette et de myrrhe, tout ce que les fleurs les plus odorantes et les plus précieux aromates pouvaient distiller de suave paraissaient se confondre dans une essence ineffable, qui donnait l’idée de l’ambroisie ; aux légères colonnes élancées vers le plafond aérien étaient suspendues des draperies blanches parsemées d’étoiles d’or ; vers les extrémités de la chambre, deux fontaines lançaient leurs jets dont les gouttes pénétrées par les reflets roses de la lumière semblaient autant de diamants. Autour de la salle où ils entraient, s’éleva lentement à leurs pieds au son d’une musique invisible, une table couverte des mets les plus délicats que la fantaisie ait jamais pu rechercher pour flatter les sens et sur laquelle des vases de cette fabrique myrrhine, dont le secret est perdu {22} et dont les couleurs étaient si vives et la matière si transparente, se dressaient chargés de produits exotiques de l’Orient. Les lits, dont cette table formait le centre, étaient recouverts de tapisseries d’azur et d’or ; d’une foule de tuyaux invisibles dans le plafond cintré, coulait une eau parfumée qui rafraîchissait l’air délicieux et rivalisait avec les lampes comme si les esprits des eaux et du feu se disputaient à qui répandrait les plus agréables senteurs. Alors écartant de blanches draperies, s’avancèrent de jeunes beautés pareilles à celles que voyait Adonis lorsqu’il était couché sur le sein de Vénus. Les unes portaient des guirlandes, les autres des lyres. Elles entourèrent le jeune homme, elles le conduisirent au banquet en l’enchaînant dans leurs fleurs. Toute pensée de la terre s’effaça de son âme ; il se crut le jouet d’un songe et retint son haleine de peur de se réveiller trop tôt. Le plaisir des sens qu’il n’avait jamais encore goûté fit battre son pouls brûlant et voila sa vue ; un frisson parcourut tout son être. Pendant qu’il était ainsi émerveillé égaré, les voix mystérieuses attaquèrent une mesure vive et

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