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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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pleines jusqu’au bord qu’on répandit en libations sur cet étrange autel. La musique changea encore sa mélodie et reprit d’un ton lent et solennel :
    III
    Sois le bienvenu ténébreux convive,
    Qui des bords lointains jusqu’à nous arrive.
    Quand nos fleurs à nous tomberont un soir,
    À ta table aussi nous irons nous seoir.
    Sois le bienvenu…
    Qui mérite mieux notre hommage
    Convive qui dois un jour,
    Au bord de l’éternel rivage
    Nous fêter tous à notre tour !
    Mais cependant puissions-nous vivre
    Longtemps pour égayer ton front,
    Convive que nous devons suivre
    Dans l’empire noir et profond !
    En ce moment, la jeune fille assise près d’Apaecidès continua soudain la chanson :
    IV
    Heureuse encore est notre destinée :
    Terre et soleil voilà notre trésor !
    Chaque heure ici riante et fortunée,
    Loin des tombeaux prend un brillant essor.
    Douce est pour toi cette coupe écumante,
    Doux sont tes yeux mon bien-aimé mon roi.
    Doux sont les miens ; regarde ton amante ;
    La tourterelle est moins tendre que moi.
    Laisse, laisse ma tête
    Se poser sur ton cœur
    Pendant l’aimable fête.
    Mais ô mon cher vainqueur,
    Réveille-moi bientôt par un souffle de flamme :
    Que des mots adorés que des soupirs alors,
    Que des regards divins apprennent à mon âme
    Qu’elle vit et qu’un cœur répond à ses transports !
    Éveille éveille-moi mon compagnon fidèle ;
    Tant que la torche brûle au fond de l’urne d’or,
    Aimons-nous et brûlons comme elle ;
    Dis-moi que tu m’aimes encor !

LIVRE II

Chapitre 1
  Une maison mal famée à Pompéi, et les héros de l’arène classique
     
    Transportons-nous maintenant dans un de ces quartiers de Pompéi, qui n’étaient pas habités par les maîtres du plaisir, mais, par ses élus et par ses victimes, dans l’antre des gladiateurs et des lutteurs à gages, des vicieux et des misérables, des vagabonds et des débauchés, dans l’Alsace d’une ville antique.
    C’était une large salle qui s’ouvrait sur une allée étroite et populeuse. Devant le seuil se tenait un groupe d’hommes, dont les muscles de fer bien formés, les cous herculéens et courts, les physionomies audacieuses et impudentes, indiquaient les champions de l’arène. Sur une tablette, en dehors de la boutique, on voyait rangées des cruches de vin et d’huile, et au-dessus, sur le mur, une grossière peinture représentait des gladiateurs buvant : tant est ancienne la mode des enseignes ! Des espèces de petites loges, comme on en voit de nos jours, formées de tables séparées, occupaient l’intérieur de la salle. Autour de ces tables étaient assis des groupes d’hommes dont les uns buvaient, les autres jouaient aux dés, et d’autres à un jeu plus savant appelé duodecim scripta, que quelques-uns de nos savants mal renseignés ont commis l’erreur de prendre pour le jeu d’échecs, quoiqu’il ressemblât bien davantage au trictrac, et qu’on s’y servît de dés quelquefois, mais non pas toujours.
    Le jeu n’était pas encore très avancé, et rien ne faisait mieux connaître l’indolence de ces habitués de tavernes, que cette heure matinale ; cependant, malgré la situation de la maison et le caractère de ses habitants, elle n’était point souillée de cette odieuse malpropreté qu’on rencontre dans les lieux semblables de nos cités modernes. Les dispositions joyeuses des Pompéiens, qui cherchaient du moins à flatter les sens, lorsqu’ils négligeaient l’esprit, se révélaient dans les couleurs tranchées qui s’étalaient sur les murs, et dans les formes bizarres, mais non pas sans élégance, des lampes, des coupes et des ustensiles de ménage les plus communs.
    « Par Pollux ! s’écria un des gladiateurs en s’appuyant contre le mur d’entrée et en frappant sur l’épaule d’un gros personnage, le vin que tu nous vends, vieux Silène, suffirait pour rendre clair comme de l’eau le meilleur sang de nos veines. »
    L’homme à qui s’adressait ce propos, et que ses bras nus, son tablier blanc, ses clefs et sa serviette négligemment placés à sa ceinture, désignaient clairement comme l’hôtelier de la taverne, était déjà entré dans l’automne de la vie ; mais ses membres étaient encore si robustes et si athlétiques qu’ils auraient pu faire honte aux nerfs des plus vigoureux assistants, si ce n’est qu’un peu trop de chair recouvrait ses muscles, que ses joues étaient bouffies à l’excès, et que

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