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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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religion ? Car c’est une religion. Je crois à deux divinités, la Nature et le Destin. Le respect me courbe aux pieds du dernier, l’étude me fait adorer la première. Quelle est la moralité que ma religion m’enseigne ? Celle-ci : toutes les choses ne sont soumises qu’à des règles générales ; le soleil luit pour la joie du plus grand nombre mais il peut apporter de la peine à quelqu’un ; la nuit répand le sommeil sur la multitude, mais elle protège le crime aussi bien que le repos ; les forêts décorent la terre mais elles abritent le serpent et le lion ; l’Océan supporte mille barques, mais il en engloutit une ; la Nature n’agit donc que pour le bien général et non pour le bien universel et le Destin hâte sa course terrible. Telle est la moralité de ces redoutables agents du monde ; c’est la mienne, à moi, qui suis leur créature. Je veux conserver les artifices des prêtres, parce que ces artifices sont utiles à la multitude ; je veux faire participer les hommes aux arts, que je découvre, aux sciences que je perfectionne ; je veux étendre la vaste carrière de la civilisation : en cela, je sers les masses, j’obéis à la loi générale, je mets en action la grande morale que prêche la nature : mais pour moi-même, je réclame l’exception individuelle, je la réclame pour le sage, assuré que mes propres actions ne sont rien dans la grande balance du bien et du mal ; persuadé que les produits de ma science peuvent être plus profitables à la masse que mes désirs ne peuvent être nuisibles au petit nombre, car les premiers peuvent s’étendre aux régions les plus lointaines et civiliser des nations encore à naître. Je donne au monde la sagesse, je garde pour moi la liberté. J’éclaire l’existence des autres et je jouis de la mienne. Oui, notre sagesse est éternelle mais notre vie est courte ; sachons-en profiter pendant que nous la possédons. Livre ta jeunesse au plaisir et ses sens à la volupté. Elle vient assez tôt l’heure, où la coupe est brisée, où les guirlandes cessent de fleurir pour nous ; jouis alors que tu peux jouir, sois toujours, Apaecidès, mon pupille et mon adepte. Je t’enseignerai le mécanisme de la nature, ses plus profonds et ses plus sombres secrets, la science que les fous appellent magie et les puissants mystères des étoiles. Ainsi tu rempliras tes devoirs envers les hommes ; ainsi tu éclaireras ta race. Mais je t’initierai à des plaisirs que le vulgaire des hommes ne connaît pas : les jours que tu sacrifieras aux mortels seront suivis de douces nuits où tu ne sacrifieras qu’à toi-même. »
    Au moment où l’Égyptien cessa de parler, il s’éleva de tous côtés la plus enivrante musique que la Lydie ait jamais pu enseigner ou l’Ionie perfectionner. On eût dit comme des vagues d’harmonie, qui venaient baigner les sens à l’improviste les énervant les subjuguant avec délices. On aurait cru entendre les mélodies des esprits invisibles, que les bergers ont entendues dans l’âge d’or, courant,, flottant dans les vallées de la Thessalie ou dans les bosquets de Paphos. Les paroles qu’Apaecidès allait proférer en réponse aux sophismes de l’Égyptien s’évanouirent sur ses lèvres. Rompre cet enchantement lui eût semblé une profanation. La susceptibilité de sa nature si prompte à s’émouvoir, la mollesse toute grecque et l’ardeur secrète de son âme furent saisies et captivées par surprise. Il s’inclina sur son siège les lèvres entrouvertes et les oreilles attentives ; un chœur de voix douces et pénétrantes comme celles qui réveillèrent Psyché dans le palais de l’Amour chantait l’hymne que voici :
    L’HYMNE D’ÉROS
    Non loin des bords si frais que le Céphise arrose,
    S’éleva dans les airs un chant délicieux.
    Téos d’un vif éclat vit s’empourprer sa rose ;
    Des colombes soudain descendirent des cieux.
    Laissant tomber des fleurs les Heures pour l’entendre,
    Arrêtèrent leur vol d’avance si réglé.
    La terre murmura le soupir le plus tendre
    De l’antre du dieu Pan à la grotte d’Églé {20} .
    « Aimez, aimez mortels soumis à mon empire,
    Je suis le dieu d’amour le plus ancien des dieux {21} .
    L’Olympe tout entier s’éclaire à mon sourire ;
    Du matin mon baiser entr’ouvre les beaux yeux.
    Les astres sont à moi : mon regard en eux brille ;
    Vous y reconnaîtrez mon prestige charmant.
    Si Phœbé sur les monts triste et

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