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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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son ventre puissant effaçait presque la vaste et massive poitrine, qui s’élevait au-dessus.
    « Ne plaisantons pas, dit le gigantesque aubergiste avec l’aimable rugissement d’un tigre offensé ; mon vin est assez bon pour une carcasse qui ramassera avant peu la poussière du sepolarium {24} .
    – Est-ce ainsi que tu croasses, vieux corbeau ? reprit le gladiateur d’un air dédaigneux ; tu vivras assez pour te pendre de dépit quand tu me verras obtenir la couronne de palmier ; et, dès que j’aurai gagné la bourse à l’amphithéâtre, mon premier vœu sera certainement de renier à jamais, toi et ton détestable vin.
    – Écoutez, écoutez donc ce modeste Pyrgopolinices ! il a servi assurément sous Bombomachidès ; Cluninstaridysarchidès {25} , s’écria l’aubergiste. Sporus, Niger, Tetraidès, il déclare qu’il gagnera la bourse sur vous. Par les dieux, chacun de vos muscles est assez fort pour l’étouffer tout entier, ou moi, je ne connais plus rien à l’arène.
    – Ah ! dit le gladiateur, dont la fureur commençait à colorer le visage, notre laniste parlerait d’une façon bien différente.
    – Que pourrait-il dire contre moi, orgueilleux Lydon ? répliqua Tetraidès en fronçant le sourcil.
    – Ou contre moi, qui ai triomphé dans quinze combats ? s’écria le gigantesque Niger en s’approchant du gladiateur.
    – Ou contre moi ? se mit à rugir Sporus les yeux en feu.
    – Paix ! » répliqua Lydon, en se croisant les bras et en regardant ses rivaux d’un air de défi ; « l’heure de l’épreuve ne tardera pas. Gardez votre valeur jusque-là.
    – Soit, dit l’hôte avec aigreur, et, si j’abaisse le pouce pour te sauver, je veux que le destin coupe le fil de mes jours.
    – Parlez de corde et non de fil, dit Lydon avec un ton railleur ; tenez, voilà un sesterce pour en acheter une. »
    Le Titan, marchand de vin, saisit la main qu’on lui tendait et la serra si violemment que le sang jaillit du bout des doigts sur les vêtements des assistants.
    Ils poussèrent un éclat de rire sauvage.
    « Voilà pour t’apprendre, jeune présomptueux, à faire le Macédonien avec moi ! Je ne suis pas un Perse sans vigueur, je te le garantis. N’ai-je pas vingt fois combattu dans l’arène sans avoir baissé les bras une seule ? N’ai-je pas reçu l’épée de bois de la propre main de l’Editor comme un signe de victoire, et une permission de me retirer sur mes lauriers ? Faut-il maintenant que je subisse la leçon d’un enfant ? »
    En parlant ainsi, il lui lâcha la main avec mépris.
    Sans qu’un de ses muscles bougeât, et en conservant la physionomie souriante avec laquelle il avait raillé l’hôte, le gladiateur supporta cette étreinte douloureuse. Mais à peine eut-il repris la liberté de ses mouvements, que, rampant pour un instant comme un chat sauvage, et ses cheveux et sa barbe se hérissant, il poussa un cri aigu et féroce et s’élança à la gorge du géant avec tant d’impétuosité, qu’il lui fit perdre l’équilibre, malgré sa corpulence et sa vigueur. L’aubergiste tomba, avec le fracas d’un rocher qui s’écroule, et son furieux adversaire roula sur lui.
    Notre hôte n’aurait pas eu besoin de la corde que lui offrait si généreusement Lydon, s’il était resté trois minutes de plus dans cette position ; mais le bruit de sa chute fit accourir à son aide sur le champ de bataille une femme qui s’était tenue jusqu’alors dans une chambre de derrière. Cette nouvelle alliée aurait pu toute seule lutter contre le gladiateur. Elle était de haute taille, maigre, et elle avait des bras qui pouvaient donner autre chose que de doux embrassements. En effet, la gracieuse compagne de Burbo, le marchand de vin, avait comme lui combattu dans le cirque, et même sous les yeux de l’empereur {26} . Burbo l’invincible, Burbo, dit-on, cédait quelquefois la palme à sa douce Stratonice.
    Cette aimable créature ne vit pas plus tôt l’imminent péril où se trouvait son époux, que, sans autres armes que celles que la nature lui avait accordées, elle se précipita sur le gladiateur, et, le saisissant par le milieu du corps de ses bras longs et pareils à deux serpents, elle le souleva au-dessus de l’aubergiste, ne lui laissant que les mains encore attachées au cou de son ennemi. C’est ainsi que nous voyons parfois un chien enlevé par les pattes de derrière, par quelque domestique envieux, dans une lutte où il a

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