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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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chez moi, et de fort mauvaise humeur, je vous l’avoue : la pauvre fille en ressentit les effets, mais ce n’était pas sa faute si elle était aveugle ; elle l’était depuis sa naissance. Peu à peu, nous nous réconciliâmes avec notre marché. Elle n’avait pas, assurément, la force de Staphyla, et elle était de peu d’utilité dans la maison. Mais elle savait trouver son chemin dans la ville, comme si elle possédait les yeux d’Argus ; et lorsque nous vîmes un matin qu’elle nous rapportait une poignée de sesterces qu’elle avait gagnés à vendre des fleurs cueillies dans notre petit jardin, nous pensâmes que c’étaient les dieux qui nous l’avaient envoyée. Depuis ce temps-là, nous la laissons aller où elle veut, remplissant sa corbeille de fleurs, qu’elle tresse en guirlandes, selon la mode thessalienne, ce qui plaît aux jeunes gens : le grand monde a pris de l’affection pour elle, car on lui paye ses fleurs bien plus cher qu’aux autres bouquetières ; et elle rapporte tout ce qu’elle gagne à la maison, ce qu’aucune autre esclave ne ferait. C’est pour cela que je travaille moi-même, mais ses profits me mettront bientôt en état d’acheter une autre Staphyla. Il est probable que quelque voleur thessalien aura enlevé la jeune aveugle à d’honnêtes parents {28} . Outre son adresse à composer des guirlandes, elle a le talent de jouer de la cithare pour accompagner ses chants ; c’est encore d’un bon rapport ; et enfin, dernièrement… mais ceci est un secret.
    – Un secret ! s’écria Lydon ; êtes-vous devenue un sphinx ?
    – Sphinx, non. Pourquoi, sphinx ?
    – Cesse ton commérage, bonne maîtresse, et apporte-nous à manger. J’ai faim, dit Sporus.
    – Et moi aussi », ajouta le morose Niger en aiguisant son couteau sur la paume de sa main.
    L’amazone se rendit à la cuisine, et revint quelques instants après avec un plateau surmonté de gros morceaux de viande à moitié crus : car, alors comme à présent, les héros de la lutte croyaient cette nourriture plus propre à entretenir leur hardiesse et leur férocité. Ils entourèrent la table comme des loups affamés aux yeux étincelants ; les viandes disparurent, le vin coula. Mais laissons là ces importants et classiques personnages pour suivre les pas de Burbo.

Chapitre 2
  Deux illustres personnages
     
    Dans les premiers temps de Rome, la profession de prêtre n’était pas une profession de gain, mais d’honneur. Elle était embrassée par les citoyens les plus nobles, et interdite aux plébéiens. Plus tard, et longtemps avant l’époque dont il est question, elle était ouverte à tous les rangs ; du moins cette partie de la profession qui comprenait les flamines, les prêtres, non de la religion en général, mais des dieux particuliers. On avait remis au choix du peuple la dignité réservée d’abord aux patriciens du prêtre de Jupiter (flamen dialis) que précédait un licteur, et dont la place donnait entrée au sénat. Les divinités moins nationales, moins honorées, étaient desservies ordinairement par des ministres plébéiens : beaucoup d’entre eux choisissaient cet état, moins par impulsion religieuse que par calcul pour échapper à la pauvreté. Ainsi, Calénus, prêtre d’Isis, était de la plus basse origine. Sa famille, à l’exception de son père et de sa mère, était une famille d’affranchis. Il avait reçu d’eux une éducation convenable, et de son père un petit patrimoine qu’il avait bien vite dévoré. Il embrassa la prêtrise comme une dernière ressource dans son malheur. Quels que fussent les émoluments de cette profession sacrée, qui, à cette époque, n’étaient pas probablement considérables, les ministres du temple populaire n’avaient pas à se plaindre du casuel de leur vocation. Il n’y en a pas de plus lucrative que celle qui repose sur les superstitions de la multitude.
    Calénus n’avait plus qu’un seul parent vivant à Pompéi : c’était Burbo. Divers liens obscurs et honteux, plus forts que ceux du sang, unissaient leurs cœurs et leurs intérêts ; et souvent le ministre d’Isis, déguisé, s’échappait furtivement du temple, où il était supposé en dévotion, et se glissant par la porte de derrière du gladiateur retiré, homme infâme à la fois par ses vices et par son métier, se réjouissait de jeter le masque de l’hypocrisie ; masque qui, malgré son avarice, sa passion dominante, lui semblait

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