Les Dieux S'amusent
peu scrupuleux. Il vit bientôt
tout le parti qu’il pouvait tirer de la collaboration bénévole d’Hercule et lui
annonça d’emblée que, « pour lui faire plaisir », il lui confierait
successivement dix tâches, toutes plus difficiles les unes que les autres.
Le lion de Némée
La première tâche d’Hercule fut de débarrasser le royaume de
Mycènes d’un lion redoutable, qui sortait périodiquement de la forêt de Némée
pour s’attaquer aux troupeaux et à leurs bergers. Muni de son arc et de sa
massue, Hercule se mit à la recherche du lion de Némée et le trouva bientôt. Il
tenta d’abord de le tuer à coups de flèches, mais la peau du lion était si
épaisse que les flèches n’y pénétraient pas. Il lui assena alors un formidable
coup de massue. Mais la tête du lion était si dure que la massue se brisa. Hercule
attaqua enfin le lion à mains nues ; indifférent à ses rugissements, à ses
crocs et à ses griffes, il parvint à l’étouffer entre ses bras puissants. Lorsque
le lion fut mort, Hercule découpa sa peau et s’en revêtit comme d’une cape, la
tête du lion reposant comme un casque sur sa propre tête. C’est dans cette
tenue qu’il retourna chez Eurysthée pour l’informer que sa première tâche était
accomplie. Le premier instant d’épouvante passé — car Eurysthée avait cru
d’abord voir apparaître le lion lui-même —, il confia à Hercule une
deuxième mission : le nettoyage des écuries d’Augias.
Les écuries d’Augias
Augias était un voisin et ami d’Eurysthée. Il possédait un
troupeau de trois mille bœufs qui, le jour, paissaient dans de riches prairies
et, la nuit, dormaient dans d’immenses étables. Par suite de la négligence du
personnel d’entretien, ou peut-être d’une grève (l’histoire ne le dit pas), ces
étables étaient restées quelque temps sans être nettoyées et une quantité
immense d’excréments s’y était accumulée. Ils dégageaient une odeur si
nauséabonde que personne ne pouvait plus s’approcher des étables et que, chaque
jour, la couche de fumier s’élevait de vingt centimètres, menaçant de monter
bientôt jusqu’au toit.
À distance respectueuse, Hercule contempla cet océan de
bouse et comprit qu’avec une pelle et un balai il n’en viendrait jamais à bout.
Une violente colère le prit ; pour la passer, il se saisit d’un gros
rocher qu’il projeta violemment vers un torrent qui coulait à ses pieds. Dans
sa chute, le rocher provoqua une avalanche qui, à son tour, forma un barrage au
fond de la vallée. Sortant de son lit, le torrent fut alors détourné vers les
écuries d’Augias et les nettoya en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire. Augias,
reconnaissant, fit cadeau à Hercule de trois cents de ses bœufs.
Les oiseaux du SacStymphale
Les bois qui entouraient le lac Stymphale étaient peuplés d’une
multitude d’oiseaux redoutables, pourvus de becs et de griffes d’airain qui les
rendaient dangereux pour le bétail et même pour les humains. Eurysthée confia à
Hercule la mission de les détruire.
Arrivé un matin de bonne heure sur les rives du lac, Hercule
se mit en devoir de tirer ses flèches sur les oiseaux perchés dans les arbres. Comme
il était un fin tireur, ses flèches faisaient mouche à chaque coup. Mais les
oiseaux étaient si nombreux qu’ils se reproduisaient plus vite qu’Hercule ne
les tuait. À la fin de la journée, le carquois d’Hercule était vide, et il y
avait plus d’oiseaux dans les arbres que lorsqu’il était arrivé le matin. Dans
un mouvement de rage, le héros frappa de toute sa force son épée de bronze sur
son bouclier d’airain. Le choc du métal retentit comme un coup de tonnerre. Effrayés,
tous les oiseaux prirent leur vol dans un tournoiement agité et confus. Cela
donna une idée à Hercule : au moment où, rassurés, les oiseaux s’apprêtaient
à se reposer sur les arbres, il donna un second coup d’épée sur son bouclier, provoquant
un nouvel affolement des oiseaux. Et ainsi, se servant de ses armes comme d’une
paire de cymbales, il força les oiseaux à voler toute la nuit. À l’aube, épuisés
par leur vol prolongé, ils tombèrent, l’un après l’autre, dans le lac Stymphale,
où ils se noyèrent.
Le taureau de Crète
La quatrième tâche imposée par Eurysthée à Hercule fut d’aller
chercher, et de ramener vivant, le taureau de Crète. Je vous ai déjà parlé de
cet animal : c’est de
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