Les Dieux S'amusent
lui que Pasiphaé, femme du roi de Crète, était
tombée amoureuse, et c’est de lui qu’elle avait eu un enfant monstrueux, le
Minotaure. Le Minotaure était mort quelque temps auparavant des mains de Thésée ;
mais son père, le taureau de Crète, vivait encore.
S’il s’était agi de le tuer, la tâche eût été, pour Hercule,
relativement facile. Mais l’attraper vivant était une autre affaire.
Ayant posé sa massue et son arc, Hercule, vêtu de sa peau de
lion, pénètre dans le vaste enclos où paissait le taureau. Celui-ci lève la
tête, aperçoit l’intrus, gratte le sol d’un sabot irrité et souffle un jet de
vapeur par les naseaux. Hercule fait un pas en avant, puis un autre, en
direction du taureau menaçant mais immobile. Et tout à coup, alors qu’Hercule n’était
plus qu’à dix pas de lui, le fauve passe à l’attaque. Pour être plus agile, Hercule
a l’idée de se dépouiller de sa pelisse de lion, qui entrave ses mouvements. D’un
geste rapide, il l’arrache de ses épaules et s’apprête à la jeter loin de lui. Mais
il s’aperçoit alors, avec surprise, que c’est vers la peau de lion, et non vers
l’homme qui la tient encore, que le taureau dirige sa charge. Par hasard, Hercule
vient d’inventer l’art du toréador. Se servant de la peau du lion comme d’une
cape, il excite le taureau, provoque sa charge et la détourne ; une fois, dix
fois, cent fois, le taureau attaque furieusement mais en vain : ses cornes
ne rencontrent chaque fois que les plis flottants de la cape. À la centième
passe d’Hercule, une superbe « veronica » de la main gauche, le
taureau épuisé tombe sur les genoux. Hercule n’a plus qu’à lui attacher les
pattes et le rapporter sur ses épaules au palais d’Eurysthée, lequel, épouvanté,
va se cacher sous son lit.
Le cerf aux cornes d’or et le sanglier d’Érymanthe
— Puisque tu es si fort pour attraper les animaux
vivants, je voudrais, dit alors Eurysthée à Hercule, que tu m’en captures deux
autres : le cerf aux cornes d’or de la forêt de Cérynée et le sanglier du
mont Érymanthe. Comme je suis bon prince, je compterai cela pour deux travaux.
Le cerf aux cornes d’or n’était pas particulièrement
redoutable, mais il était capable de courir très vite et très longtemps. Il ne
fallut pas moins d’un an à Hercule pour le fatiguer et le prendre. Soucieux de
ne pas passer autant de temps avec le sanglier, Hercule employa pour lui une
autre méthode. Il força la bête à monter, toujours plus haut, sur la pente du
mont Érymanthe. Une épaisse couche de neige molle en recouvrait le sommet. Le
sanglier s’y enfonça et s’y épuisa bientôt. Il fut alors une proie facile pour
Hercule.
Les troupeaux deGéryon
L’insatiable Eurysthée demanda ensuite à Hercule de lui
rapporter les troupeaux de Géryon, un géant à trois corps qui vivait au sud de
l’Espagne. La première partie de la tâche, consistant à se débarrasser de
Géryon, fut expédiée rapidement par Hercule, qui en avait vu d’autres. Mais les
difficultés commencèrent lorsqu’il s’agit de transporter les troupeaux. Par
voie de terre, il y avait, de Cadix à Mycènes, une distance énorme à parcourir,
dans des régions le plus souvent montagneuses. Et, par voie de mer, il n’était
pas possible d’accéder à la Méditerranée, qui, à cette époque, n’était pas
reliée à l’Atlantique. Qu’à cela ne tienne : d’un coup de massue, Hercule
brise l’isthme qui fermait la Méditerranée et ouvre le détroit de Gibraltar. De
part et d’autre du détroit, à Gibraltar et à Ceuta, se dressent encore aujourd’hui
les « Colonnes d’Hercule ».
Le huitième d’Hercule
Si j’ai choisi d’appeler le travail suivant « le huitième
d’Hercule » (comme on dit « la huitième de Beethoven »), plutôt
que de lui donner son nom officiel de « cavales de Diomède », c’est
parce que l’objet initial de ce travail, à savoir la capture de quatre chevaux
anthropophages, se révéla en définitive beaucoup moins important que les
incidents annexes qui vinrent s’y greffer.
Les quatre chevaux en question appartenaient à un roi nommé
Diomède, qui avait pris l’habitude perverse de les nourrir de chair humaine et
qui, pour leur procurer leur ration journalière, sacrifiait tous les voyageurs
qui passaient sur ses terres. Eurysthée, qui désapprouvait cette pratique, chargea
Hercule d’y mettre fin. Ce fut vite
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