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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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lorsqu'il n'a pas mal aux dents, je crains que notre assemblée ne sombre bientôt sous le poids des ans. Il faut -donc que Petronius rajeunisse les légions du Vélabre. Il ne connaît pas encore grand monde mais je suis s˚r que bientôt il saura nous dénicher les bons numéros parmi ceux qui essaient de nous succéder.
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    Apollodore ne tarda pas à faire le pélerinage du Vélabre. Comme tous ceux qui, à Rome, touchaient de prés ou de loin à la construction ou à la littérature, il avait entendu parler de la fameuse maison o˘ s'étaient succédé les plus grands noms de l'architecture et sur laquelle régnait une femme peu banale qui, disait-on, avait été un modéle de beauté et était restée, à l'‚ge o˘ les dames renoncent à plaire et abandonnent leur combat contre les rides et la graisse, une trés belle femme au visage attrayant et à la silhouette déliée.

    Lorsque Regus, l'esclave gardien de l'entrée, annonça qu'Apollodore désirait la voir, Calpurnia lui dit de le faire attendre dans l'atrium et alla en h‚te dans sa chambre rectifier l'ordonnance de sa coiffure. Devant la glace, elle fit une moue en ravivant ses lévres de gelée à la cerise et murmura : " Je ne peux, hélas, faire beaucoup mieux mais, telle que je suis, je me supporte... " Elle chaussa ses sandales discrétement brodées de fils d'or et s'avança vers Apollodore, altiére mais souriante, drapée dans les plis d'un léger tissu de Cos.
    - Sois le bienvenu dans cette maison que ta présence honore. Tu as demandé
    à me parler, je t'écoute.
    - Calpurnia, ma visite n'est pas protocolaire. Elle n'est dictée que par le désir de te connaître et surtout de te dire que la disparition tragique de Rabirius m'a beaucoup affecté. Enfin, je tenais à t'assurer que si je pouvais t'aider, d'une façon ou d'une autre, je le ferais avec tout le respect que je porte à ta famille.
    Calpurnia le remercia.
    - Il fait encore trés beau, dit-elle. Suis-moi dans le jardin o˘ nous serons mieux pour parler. C'est Sevurus qui l'a planté il y a bien longtemps. Il en était plus fier que de la fameuse Maison Dorée née des rêves fous de Néron. Il avait prévu que cette úuvre insensée ne survivrait pas à son initiateur. Ce travail de géant nous a rapporté beaucoup d'argent mais aussi beaucoup de malheur. Mon pére adoptif y a laissé sa santé et il a failli ruiner mon ménage.
    317
    - Tu étais, je crois, mariée au grand Celer ? Celui de l'amphithé‚tre Flavien ? Crois bien que l'on se souviendra de ces deux noms. C'étaient de grands artistes. Le choix de Trajan me contraint à essayer de faire aussi bien qu'eux et aussi bien que Rabirius. Je ne suis pas s˚r d'y arriver.
    - Mais si. Ton renom a franchi les frontiéres des camps de légionnaires. Tu as construit le grand pont du Danube et mon gendre Julius Lacer qui a été
    sur place pour achever certains détails nous a dit qu'il s'agissait d'une úuvre remarquable. Je te le dis, bien que cela puisse choquer certains : personne mieux que toi ne pouvait succéder à Rabirius. En me forçant un peu, j'arrive à comprendre les raisons de Trajan qui veut qu'un homme nouveau traduise ses projets.
    - Merci, Calpurnia. Tes paroles généreuses sont un baume pour ma conscience. Elles me donnent le courage d'entreprendre.
    Elle l'avait regardé durant la conversation et retrouvait dans son visage marqué par le soleil et les vents de l'Orient la détermination et la flamme de Celer quand il évoquait son appétit de créer.
    La quarantaine allait bien à la silhouette d'athléte que laissait deviner la toge dont il s'était vêtu pour rendre visite à la maîtresse du Vélabre.
    L'amour exclusif que Calpurnia avait porté à ses partenaires - " trois seulement ", pensait-elle parfois avec une nuance de regret -ne l'avait jamais empêchée de regarder les autres hommes en femme sensuelle qui aimait à mesurer son pouvoir. Elle savait celui-ci réduit par l'‚ge et n'avait nul dessein de séduire Apollodore mais elle fut heureuse de sentir que son charme automnal opérait encore. Intimidé comme un jeune homme, prompt à se justifier, attentif à ses moindres réactions, l'homme fort des camps et des chantiers lui paraissait vulnérable. Elle hésita un moment et renonça à

    l'entreprise de séduction qui la tentait.
    - J'espére, Apollodore, que tu reviendras, dit-elle pour 318
    indiquer que l'entrevue était terminée. J'aimerais que tu connaisses mon petit-fils qui rêve

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