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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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Soriade et de la sorciére de Canope concernaient le petit berger de Bithynie, 1 chef-d'úuvre de beauté dont il avait fait un dieu ? Anti-
    ï nous pouvait-il l'abandonner au moment o˘ les ans commençaient à peser sur ses épaules ? Il frissonna et ordonna de chercher un point d'amarrage pour passer la nuit.
    La soirée heureusement fut agréable. L'air était doux, ï les m‚ts des felouques oscillaient lentement au souffle du f vent. Les senteurs venues du désert, par-delà les jardins du Nil, rappelaient à Hadrien les parfums qui flottaient sur Nicomédie le soir o˘ il avait rencontré Antinous. Les noirs pressentiments étaient oubliés, l'enfant-dieu était là, bien vivant, gai, gracieux. Le cuisinier avait préparé les poissons péchés par les hommes d'équipage, on but ce soir-là un peu plus que de coutume et tout le monde rit lorsque Antinous annonça qu'il était un peu gris et qu'il allait se coucher.
    Le drame éclata le lendemain matin dans la splendeur du soleil levant.
    Hermogéne, le médecin de l'Empereur, n'avait pas hésité, malgré l'énormité
    de l'irrévérence, à réveiller l'Empereur.
    - Maître vénéré, dit-il, Antinous a disparu, il n'est plus sur la felouque dont tous les recoins ont été fouillés.
    Hadrien p‚lit. Il pensa aux oracles et comprit qu'il ne reverrait plus celui qui avait ébloui ses derniéres années. Il ne dit rien, seulement qu'on l'aide à s'habiller, et monta sur le pont o˘ les secrétaires, les hommes de garde et l'équipage chuchotaient par petits groupes et évitaient de croiser son regard.
    - A-t-on vérifié si les canots d'appoint étaient tous là ? demanda-t-il d'une voix blanche.
    - Il en manque un, dit un matelot. Il était amarré avec les deux autres contre la coque.
    - qui était de garde cette nuit ?
    - Moi, César vénéré. J'ai vu vers minuit Antinous prendre le canot. Je lui ai demandé o˘ il allait à cette heure. Il m'a répondu qu'il n'arrivait pas à dormir et qu'il voulait respirer un peu d'air frais. Je n'avais pas l'ordre de l'empêcher...
    - L'empêcher, non. Mais tu aurais d˚ prévenir qu'il avait quitté le bord.
    Peux-tu au moins dire, imbécile, dans quelle direction il s'est dirigé ?
    - Il a descendu le courant.
    L'homme bredouilla encore une vague excuse mais Hadrien était déjà en train de donner l'ordre d'embarquer.
    - quatre rameurs dans chaque canot et des cordes ! cria-t-il. Hermogéne à
    mon bord avec son coffre de remédes !
    - Puis-je vous accompagner ? interrogea Chabrias, le vieux philosophe chargé de l'éducation d'Antinous et qui aimait son éléve comme un fils.
    - Naturellement. Mais qu'on fasse vite. J'ai un mauvais pressentiment.
    Il leva les yeux vers le ciel et implora : " Dieux puissants, et toi aussi Osiris, maître du fleuve, faites qu'on retrouve Antinous. "
    Le courant était assez fort à cette période de l'année et les bateaux légers, entraînés par les rameurs, filérent à grande allure le long de la berge.
    - Un peu plus loin se trouve l'embarcadére d'un vieux temple abandonné.
    Peut-être a-t-il été jusque-là, dit Chabrias. Antinous m'a dit hier qu'il voulait visiter ces ruines.
    Hadrien, le premier, aperçut le canot amarré à un ponton vermoulu.
    - Il est là ! s'écria-t-il. Vite, débarquons et cherchons.
    Imité par les autres, l'Empereur supplia d'une voix qui trahissait son émotion : " Antinous, Antinous, réponds-nous. "
    Hélas ! Antinous ne pouvait plus répondre. Hermogéne venait d'apercevoir son corps qui flottait à quelques métres
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    du bord, à moitié enfoui sous les papyrus et les feuilles de nénuphars.
    Aussitôt il appela à l'aide et deux rameurs réussirent à ravir au fleuve sa tendre victime. Hadrien, en larmes, essuya doucement le visage figé et taché de boue. Personne n'avait vu le Pére de la Patrie pleurer. Ses proches, demeurés respectueusement à l'écart, touchés à la fois par la mort d'un si jeune homme et par la détresse de leur Empereur, ne pouvaient eux non plus retenir leurs larmes. quand Hadrien se releva, Hermogéne vint le soutenir et lui offrit de boire quelques gorgées de l'élixir qu'il préparait avec des racines d'aspérule :

    - Bois ce remontant, mon maître, car il va te falloir beaucoup de courage pour supporter cette terrible épreuve !
    Hadrien repoussa le breuvage et dit en séchant ses larmes :
    - qu'on prépare une civiére avec des branchages pour ramener Antinous à
    bord.
    Pendant que les hommes

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