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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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plébiscite !
    - Peut-être, mais je ne crois pas que l'Empereur aura la force de caractére nécessaire pour affronter la sédition les armes à la main. Il n'a jamais commandé et se sent mieux avec une lyre qu'armé d'un glaive et d'un bouclier. Et puis, entre nous, c'est du Sénat et de l'aristocratie que viendront les premiéres attaques.
    quand ils eurent pris congé de Caius, Sevurus dit à Celer :
    - Tu vois, c'est fini pour Néron. Ces deux fieffés coquins de Tigellin et de Nymphidius vont le l‚cher, Caius a été trés clair, il ne va bientôt plus rester à César que trois solutions : se donner la mort, résister héroÔquement dans Rome, ou s'enfuir. Je parie qu'il choisira la derniére.
    - Mais qu'allons-nous devenir, nous, architectes de Néron, aprés sa destitution ?
    - Ne te fais pas trop de souci. Le nouvel Empereur, quel qu'il soit, voudra b‚tir, donner son nom à des murs de pierre, à des arcs de marbre, à des cirques... Et qui à Rome est plus habilité que toi à entreprendre ces travaux ?
    - Pourquoi moi ? Nous sommes deux, que je sache, qui travaillons ensemble.
    Je ne suis qu'un aide que tu veux bien appeler associé.
    - Non. Tu seras seul car j'ai raccroché l'équerre, le compas et le fil à
    plomb le jour o˘ nous avons terminé la Maison Dorée. Le soir, tu me raconteras ta journée lorsque tu reviendras exténué du chantier et que Calpurnia sera triste parce qu'elle se sentira sacrifiée une nouvelle fois... Mais je ne veux pas te décourager : avec tous ses inconvénients, toutes ses difficultés, ses responsabilités écrasantes, notre métier de b‚tisseur reste le plus beau du monde et je voudrais avoir ton ‚ge pour recommen- -cer !
    Il fallait qu'une nouvelle fut capitale pour parvenir jusqu'à la maison du Vélabre par la voie naturelle, celle des colporteurs, des esclaves de litiéres, des gargotiers et des voisins. Le départ de Néron pour l'Egypte en était une. Celui qui aurait pu encore tout sauver en brisant la rébellion à la tête de ses troupes demeurées fidéles, tentait de s'enfuir, comme un l‚che !
    - Viens, dit Celer à Calpurnia. Tu voulais aller aux thermes, profitons-en pour aller aux nouvelles.
    Ils partirent à pied, la main dans la main, heureux de profiter du soleil encore amical de juin. Tous ceux qu'ils croisaient et qui revenaient du centre de la ville avaient l'air pensif. A la taverne o˘ ils s'arrêtérent pour se rafraîchir, le tenancier, un Levantin qu'ils connaissaient bien, leur confirma l'information qui plongeait Rome tout entiére dans le désarroi :
    - C'est vrai, Néron, se sentant abandonné par Tigellin et peu suivi par ses prétoriens, a perdu tout courage et quitté le palais pour embarquer à
    Ostie. La flotte va-t-elle lui obéir ? Là est toute la question. Si tu apprends quelque chose en ville, viens nous en faire part au retour.
    Les événements se précipitaient, c'était évident. En se déshabillant, ils apprirent que Néron n'avait pas encore embarqué et qu'il se trouvait dans sa villa des Jardins serviliens o˘ Tigellin ne l'avait pas suivi pour le protéger. Aux sudatoria, un baigneur qui se disait bien renseigné assura que le préfet du prétoire Nymphidius avait réuni la garde prétorienne pour annoncer la fuite de l'Empereur et peut-être sa mort. Il aurait ensuite demandé aux soldats entraînés par leurs centurions et leurs tribuns de 104
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    proclamer à sa place le proconsul Galba dont les troupes avaient passé les Alpes et marchaient sur Rome. La nouvelle était prématurée, apprirent-ils en se reposant sur l'esplanade du Champ-de-Mars. Néron n'était pas encore destitué.
    L'atmosphére cependant était lourde. Les gens se parlaient à voix basse. Au lieu de s'attarder à l'ombre des colonnades, de jouer à la micatio1 ou de s'adonner à son sport préféré, on se rhabillait en h‚te pour rentrer chez soi. Les foules des grandes villes pressentent les événements graves qui vont bouleverser leur existence. Elles se rencognent dans leur coquille en attendant le pire. Cal-purnia et Celer eux-mêmes, lassés par tous ces bruits contradictoires, éprouvérent le besoin de rejoindre le Vélabre.
    - Rentrons, dit-elle. Si quelque chose d'important se produit, Valerius ou Martial ne manqueront pas de venir nous en rendre compte à l'heure du dîner.
    Ils sourirent comme chaque fois que l'un ou l'autre faisait allusion à
    leurs amis poétes, passés en cette période de crise de l'état d'invités

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