Les dîners de Calpurnia

chére, c'est du civisme !
    Ils rirent, comme ils le faisaient souvent lorsqu'ils étaient seuls, mais des voix venaient du vestibule, Coc-cius ouvrait la porte à Valerius et, bientôt, celui-ci entrait dans un grand mouvement de toge, suivi par Martial, heureux d'avoir retrouvé son complice.
    - Comme cette maison de beauté et de bonheur m'a manqué, mes amis !
    s'exclama-t-il.
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    Il serra Celer contre lui, embrassa Calpurnia sur les deux joues puis alla chercher un objet protégé par du gros drap cousu qu'il avait déposé dans le vestibule :
    - Votre cadeau de mariage, mes enfants. A Thepsies, j'ai pu soustraire à la convoitise de Néron ce Cupidon ciselé dans le marbre par Praxitéle, m'a-t-on assuré. Je ne suis pas comme toi. Celer, capable de discourir sur les beautés de l'art mais je pense que Sevurus le jugera digne de figurer dans son sacrarium. A propos, comment va le grand architecte ?
    - Il est las et il m'inquiéte, répondit Calpurnia. Cet interminable chantier de la Maison Dorée l'a épuisé, mais il va être content de te revoir. Tu dînes avec nous, j'espére ?
    - Pour être franc, c'était mon ambition...
    Aidée par Celer car la statuette était lourde, Calpurnia ouvrit le paquet et libéra Eros de ses langes. Réduction en marbre d'une statue plus grande, ou esquisse de celle-ci, il était magnifique, le fils d'Aphrodite, qui, d'un geste gracieux, se coiffait d'une couronne de rosés !
    - Mais comment as-tu su que nous nous étions mariés ? demanda Celer.
    - Les grandes nouvelles se jouent des océans, des montagnes et même des isthmes. Martial m'envoyait parfois une tablette ou un papyrus. Mais cela n'a pas été une surprise : Calpurnia t'avait choisi depuis longtemps, elle n'a été prés de moi qu'un oiseau de passage.
    - En somme, j'étais le seul à ne pas connaître les desseins secrets de Calpurnia ! s'exclama Celer.
    - Menteur, tu le savais trés bien ! dit la jeune femme en l'embrassant.
    Sevurus avait pris son bain du soir et s'était fait masser. Tout à fait reposé au moment de se mettre à table, il trouva des mots choisis pour saluer le retour de Valerius et s'extasia devant la statuette qu'il reconnut tout de suite comme étant une úuvre de Praxitéle :
    - Elle mérite la place d'honneur ! déclara-t-il. Vous voyez, le voyage de Néron n'aura pas été inutile puisqu'il
    va me permettre de finir mes jours sous le regard de ce Cupidon espiégle, úuvre du plus grand des sculpteurs.
    - Un festin n'était pas prévu ce soir, dit Calpurnia. Nous mangerons donc ce que nous avons. Ce sera tout de même du jambon de Crémone, un poisson, des légumes et des fruits. Vous ne mourrez pas de faim. quant au vin...

    - ... du vin de " la vigne mariée à l'ormeau ", un vin virgilien, voilà ce qui me plaira ce soir, chanta doucement Valerius.
    - La musique est-elle de Néron ? demanda Calpurnia.
    - Non, c'est un air qu'on fredonnait dans les tavernes du Pirée.
    - Me jouerez-vous de la musique aprés le dîner ? questionna Sevurus que ce repas improvisé enchantait.
    - Bien s˚r ! répondirent les deux invités en suivant Celer qui allait choisir le vin.
    Aprés avoir traversé la cuisine o˘ Ceria s'affairait et commandait les deux jeunes esclaves qu'elle avait formées pour réussir des plats délicats et savoureux, ils arrivérent dans le pistrinum dont le four de brique laissait échapper la bonne odeur du pain qui finissait de cuire, puis dans l'horreum1, avant de descendre quelques marches et d'accéder à la cave.
    Avec fierté, Celer montra une quantité impressionnante d'amphores rangées et étiquetées :
    - Il y a plus de trente ans que Sevurus a commencé de constituer cette belle collection qui n'est sans doute pas la plus importante de Rome mais s˚rement l'une des mieux choisie. Il y a tout de même ici plus d'un millier d'amphores.
    - quelle merveille ! s'exclama Martial qui n'était jamais descendu dans le caveau des trésors. Tenez, ce Sorrente et ce Capoue ont vingt ans !
    - Oui, commenta Celer. Et ils devront encore attendre cinq années avant d'être appréciés par nos bouches expertes. Heureusement, il existe des crus qui deman-1. Cellier o˘ étaient conservées les réserves alimentaires : miel, sel, huile, épices, viandes séchées...
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    dent moins de patience. Ce Rhégio que nous boirons ce soir est tout de même depuis quinze ans dans cette cave.
    quand ils remontérent, la table était mise, les hors-d'úuvre disposés dans les plats et