Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
Vom Netzwerk:
couloirs et des issues me donne beaucoup de souci. Et nous n'avons pas encore commencé l'édification des gradins ! Verrons-nous, cher Marcellus, notre úuvre terminée ? Je n'y croirai que lorsque j'entendrai hurler cinquante mille Romains installés dans le chaudron impérial !
    - Cela viendra, cela viendra... En tout cas pour toi qui es encore si jeune. Moi je me sens vieillir...
    Celer croyait entendre son maître Sevurus lorsque s'éternisaient les travaux de la Maison Dorée. Le vieil architecte avait pourtant vu son úuvre achevée. Mais l'amphithé‚tre pesait autrement lourd sur les épaules de ses constructeurs que la fantaisie de Néron. Celer avait réclamé à plusieurs reprises qu'on lui adjoigne un architecte ingénieur capable de l'aider et de le remplacer s'il tombait malade. " Trouve-le toi-même ", avait fini par répondre Marcellus. La chance un matin vint à son 1. Le travertin, roche calcaire particuliérement résistante extraite principalement des carriéres de Tibur (aujourd'hui Tivoli).
    2. On évalue finalement à cent cinquante mille métres cubes la quantité de travertin utilisée au total dans la construction du monument.
    171
    secours sous les traits d'un jeune homme qui demanda à le rencontrer aprés avoir réussi à pénétrer sur le chantier, ce qui n'était pas facile pour un inconnu.
    - Je m'appelle Rabirius, dit-il. Je suis originaire de Campanie. Ne vous fiez pas à mon allure juvénile : j'ai presque trente ans et une solide expérience de notre métier. Je dis " notre métier " car je suis architecte.
    Mon maître était Claudius Gratianus qui connaissait bien Sevurus. Il était à Naples ce que ce dernier était à Rome.
    - Pourquoi dis-tu " il était " ?
    - Parce qu'il vient de mourir. J'ai entendu parler de l'amphithé‚tre des Flaviens et j'ai voulu voir si ce que l'on en disait était conforme à la réalité.
    - Et alors ?
    - Jamais je n'aurais imaginé que l'on pouvait construire un tel monument.
    C'était le genre de discours qui plaisait à Celer. Le hasard lui amenait-il celui qu'il cherchait ?
    - Si j'ai bien compris, dit-il, tu désires travailler avec moi ? Eh bien, montre-moi ce que tu sais faire et je verrai si je peux t'engager dans notre armée. Car tu vois, toutes ces fourmis qui vont et viennent portant des pierres, ce sont les soldats d'un véritable camp avec leur forum, leur enceinte, leurs officiers, leur discipline. Viens avec moi, je vais surveiller l'installation des pilastres du troisiéme ordre. Tu me diras ce que tu penses, tu me feras les remarques que tu voudras et critiqueras sincérement ce que tu estimeras critiquable. Je n'attends pas de toi des flatteries inutiles mais une démonstration de tes connaissances.
    C'est ainsi que Rabirius, fils d'une bonne famille napolitaine d'affranchis, instruit selon les préceptes de Vitruve dans la corporation, formé par des voyages en Gréce dont l'un à Delos o˘ il s'était initié à
    l'extraction et au commerce des marbres, dessinateur de talent, technicien du blocage et doté d'une solide culture générale, prit place dans la famille des b‚tisseurs de la grandeur romaine. Celer en fit d'abord une sorte de secrétaire,
    172
    d'aide de camp, d'homme à tout faire qui le suivait au long de la journée et à qui il demandait son avis sur les sujets les plus divers. Rabirius était intelligent et avait deviné que le redemptor le testait, jugeait ses réactions, essayait de deviner ses limites. Il fit ce qu'il fallait pour plaire à Celer sans devenir obséquieux, pour montrer ses capacités sans faire preuve de prétention, pour rester discret sans manquer d'initiative.
    A la maison, Celer parlait souvent de celui qu'il appelait son assistant et qui avait su peu à peu se rendre indispensable :
    - J'ai peut-être découvert mon adjoint, disait-il. Mar-cellus le trouve trop jeune mais dans quelque temps je suis s˚r qu'il fera un excellent architecte.

    Naturellement, Calpurnia eut envie de connaître l'oiseau rare.
    - Invite-le donc un soir à la cena. Il nous changera un peu de nos écrivains dont le discours a une f‚cheuse tendance à se répéter. Et puis, je te dirai ce que j'en pense. Je ne peux évidemment pas me rendre compte de ses qualités professionnelles, mais l'homme, tu sais que je saurai le juger.
    C'est ainsi que Cocceius Rabirius fit son entrée dans l'atrium du Vélabre o˘ ne l'attendait pas seulement l'úil curieux de Calpurnia. Martial et Juvénal, suspicieux, voulaient eux

Weitere Kostenlose Bücher