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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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corinthienne, s'élanceraient dans le ciel de Rome pour envelopper de marbre le sable d'or de l'aréne.
    Celer, ce matin-là, surveillait la mise en place du fameux appareil de traction et d'élévation de Héron que les meilleurs mécaniciens de l'Empire, choisis dans les provinces pour leur habileté, avaient construit dans l'atelier installé dans les sous-sols de l'édifice. Il se présentait comme une caisse à l'intérieur de laquelle quatre groupes de roues dentées s'entraînaient miraculeusement sous l'effort normal d'un homme tournant une manivelle.
    Prévenu par Marcellus, l'Empereur s'était déplacé pour voir fonctionner cette machine capable de multiplier presque à l'infini la force de l'homme.
    Aprés avoir reçu l'ovation des huit mille ouvriers présents ce jour-là sur le chantier, il félicita Celer :
    - Chaque fois que je viens constater l'avancée des travaux, je me dis que j'ai eu raison de te choisir. Gr‚ce à ton talent, mon nom va rester pour des siécles attaché à ce monument et je t'en récompenserai.
    - Ma récompense, César, c'est de te servir. Si tu es satisfait, mon bonheur est plus grand que l'édifice qui est en train de s'élever sur l'ancien lac de Néron, répondit habilement Celer qui savait que les louanges exagérées irritaient Vespasien.
    - Bien. Je note que chez toi l'amour de l'art l'emporte sur l'app‚t du gain. Mais l'argent n'est pas à dédaigner. Je suis bien placé pour te dire cela, moi qui me suis forgé une réputation de pingre. Mais, entre nous, celle-ci m'arrange : on hésite à me solliciter. Rome, aprés avoir inconsidérément dépensé, a besoin d'un empereur avare ! Cela dit, tu mérites une récompense et tu l'auras ! Maintenant montre-moi comment fonctionne ton engin.
    Celui-ci était solidement arrimé sur l'arête du premier étage. Celer fit accrocher une pierre taillée d'au moins trois mille livres au c‚ble du dévidoir de la machine et s'adressa à Vespasien : 167
    - Noble et vaillant César, veux-tu hisser sans aide ni fatigue cette pierre jusqu'à nous ? Il te suffit de monter par cet escalier intérieur et de tourner la manivelle que tu aperçois sur le côté de la caisse.
    Vespasien ne se fit pas prier. Il grimpa comme un jeune homme la dizaine de marches qui le menérent sur le mur et, sans effort, actionna le mécanisme.
    Le cordage se tendit puis, dans une sage lenteur, le fardeau, un bloc de travertin, quitta le sol. Celer voulut faire relayer l'Empereur mais celui-ci s'était pris au jeu :
    - Mais non ! Je veux monter cette charge jusqu'au bout. Ce sera ma pierre à
    l'édifice !
    Du chantier qui s'était figé durant la manúuvre impériale surgit une immense acclamation.
    - Je préfére ces manifestations impromptues aux ovations provoquées des défilés officiels, dit Vespasien, enchanté. Je viens de passer une trés bonne matinée !
    Comme un énorme champignon, l'amphithé‚tre continuait de pousser sur le vieux terreau de la cité un moment annexé par Néron. En même temps, gr‚ce à
    Martial, la vie culturelle de la maison du Vélabre ne cessait de s'enrichir de nouveaux hôtes. Le poéte avait ainsi amené dans le péristyle de Calpurnia, o˘ il était si doux d'échanger des idées en respirant le parfum des jasmins, un jeune homme séduisant d'allure et d'esprit qui plut tout de suite au maître et à la maîtresse de maison. Tandis qu'il s'inclinait, un peu intimidé devant Calpurnia, Martial l'avait présenté :
    - Le jeune Decimus Junius Juvenalis, vous l'appellerez Juvénal comme tout le monde, mérite d'entrer dans notre cercle. Il ne jure pas qu'il n'écrira jamais de vers mais, pour l'instant, il se veut rhéteur. Son dieu est notre compagnon, hélas trop peu assidu à nos réunions, le sage quintilien dont il suit l'enseignement. Vous l'entendrez déclamer : c'est à coup s˚r un orateur promis à un brillant avenir. C'est aussi un ami trés cher. Si j'osais, je dirais qu'il est pour moi ce que Pylade était à Oreste.
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    - Sois le bienvenu, Juvénal, dans cette maison d'architecte o˘ l'on construit autant de chiméres que d'édifices, dit Celer qui ajouta : De quelle région es-tu ? D'Italie sans doute, cela se devine.
    - Merci de ton accueil, j'essaierai de ne pas paraître ridicule devant les personnages savants et célébres que tu as l'habitude de recevoir. Je suis né à Aquinum, en Cam-panie, mais je suis venu vivre à Rome car c'est là que souffle l'esprit.
    - Trés bien, mais Martial a d˚ te

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