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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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aussi mettre à l'épreuve ce nouvel arrivant qui risquait un jour de partager leur position d'hôtes privilégiés. Mais Rabirius était subtil. Il savait parler aux femmes et conquit trés vite la confiance de Calpurnia. quant aux deux compéres, il déjoua avec habileté les piéges qu'ils lui tendaient. Certes, il n'écrivait pas de vers mais il parlait le grec, il n'était pas publié mais il-pouvait discourir longuement sur la sculpture helléne et romaine. Bien vite, les hommes de plume renoncérent à le chatouiller et dirent qu'ils espéraient revoir souvent au Vélabre un Napolitain aussi sympathique. Cela leur valut une pointe de Calpurnia qui leur fit remarquer que 173
    jusqu'à nouvel ordre c'était elle qui invitait dans sa maison.
    Des travaux d'une telle ampleur, s'étalant sur des années, ne pouvaient se dérouler sans aléas. Des accidents, mortels parfois, se produisaient, des maîtres de chantier étaient remplacés, des disputes, graves ou non, éclataient qu'il fallait calmer, des vols étaient commis que l'on devait sanctionner. Marcellus et ses aides s'acquittaient avec fermeté de cette t
    ‚che de surveillance et de police que le curator détestait :
    - Vespasien ne m'a pas fait un cadeau en me confiant ce mandat, disait-il à
    Celer. C'est une fin de carriére certes honorable, mais épuisante.
    Heureusement que je m'entends bien avec toi...
    - Avoue aussi que c'est exaltant. Se dire que l'on construit pour des siécles un monument unique qui aura s˚rement sa place parmi les Merveilles du monde ne manque pas de grandeur. qu'est le phare d'Alexandrie à côté de notre amphithé‚tre ?
    Marcellus soupirait :
    - Tu as raison. Je r‚le mais si l'Empereur m'ôtait l'enivrant plaisir de voir grandir chaque jour l'ellipse magique, je mourrais de honte et de dépit. i Vespasien et Titus ne furent pour rien dans le départ du curator.
    Marcellus, un matin, ne vint pas au chantier. Il était mort dans la nuit, en quelques minutes, prés de sa femme qui ne retint que deux mots des derniéres phrases incompréhensibles qu'il prononça dans son délire : "
    amphitheatrum " et " colossus^ ".
    Celer et toute la maison du Vélabre furent trés attristés par cette mort subite qui les privait d'un ami devenu cher et de celui qui avait endossé, depuis le début, l'écrasante responsabilité administrative et financiére de l'amphithé‚tre Flavien.
    1. Marcellus ne pouvait pas prévoir, pas plus que sa femme, que son dernier mot, colossus, deviendrait au VIIIe siécle celui qui désignerait désormais l'amphithé‚tre Flavien (Colosseo en italien, Colisée en français).
    174

    Pour l'architecte, cette disparition était lourde de conséquences. qui allait être désigné à sa place ? Et qui, dans l'intervalle, pouvait continuer à gérer le chantier et la vie de plus de deux mille personnes ?
    Celer demanda une audience à Titus et, en attendant, un conseil à Calpurnia :
    - Il m'est impossible, même pour peu de temps, de mener de front la direction technique du chantier et son administration. De plus, les chiffres m'assomment dés qu'ils ne concernent pas la géométrie. que dois-je faire ?
    Calpurnia réfléchit un instant et dit :
    - Il s'agit d'un travail qui n'est pas le tien, qui t'ennuie et auquel tu ne connais rien. Ignorance pour ignorance, confie-le à Rabirius. Cela ne va sans doute pas l'enchanter mais le sacrifice est le propre de la jeunesse.
    Et qui sait... peut-être se révélera-t-il un excellent gestionnaire.
    Voilà comment le serviable Rabirius dut délaisser les plans, l'acre odeur de la chaux et le calcul des portées de vo˚tes pour se consacrer à
    additionner les tonnes de travertin, les milliers de briques et les quintaux de farine de blé nécessaires à la nourriture des ouvriers.
    Celer fut reçu par Titus au Palatin. Le cadre n'avait subi aucune modification depuis Néron, à part peut-être l'absence de quelques afféteries de décoration dont raffolait l'ancien empereur mais dont s'accommodait mal l'austérité vespasienne. L'atmosphére, elle, avait changé. Au parfum vénéneux des plantes exotiques qui avait flotté dans le palais succédait la fragrance plus naturelle des rosés et, surtout, l'ambiance était celle du travail. On ne croisait plus dans les couloirs des groupes de courtisans désúuvrés. Tout le monde avait l'air affairé et, lorsque Celer fut introduit prés de Titus, ce dernier était entouré d'une dizaine de personnes, sénateurs, préfets

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