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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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ou consulaires. Il arrêta la discussion lorsqu'il aperçut Celer et annonça de sa voix claire, un peu haute :
    - Mes amis, voici notre orfévre du travertin, Celer, fils du grand Sevurus, qui est en train de doter Rome du plus grand monument du monde : l'amphithé
    ‚tre qui perpé-
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    tuera le nom glorieux du premier des Flaviens, mon pére Vespasien. Celer, viens t'asseoir et parle-moi du chantier. Le temps nous manque pour venir nous rendre compte plus souvent de la progression des travaux mais je sais que tout va bien. A part, hélas, la mort de notre cher Marcellus. Je pense que c'est au sujet de sa succession que tu as demandé à me voir ?
    - Oui, seigneur. Personne ne pourra remplacer Marcellus qui a suivi depuis le début la construction de l'amphithé‚tre mais je sais que tu auras à cúur de désigner un curator compétent.
    - C'est l'Empereur qui a pensé à l'un de ses fidéles compagnons, Attius Felicianus, un chevalier qui a été préfet des vigiles puis préfet de l'annone. Tu as d˚ le rencontrer : il était votre voisin au Vélabre o˘ il veillait sur nos réserves de blé.
    - En effet. Mon pére adoptif Sevurus l'appréciait. Il lui a même, je crois, construit une maison.
    - Il n'est pas architecte mais il aime b‚tir et a beaucoup de go˚t. Je pense qu'il t'aidera de tout son cúur à terminer les travaux.

    Celer fut sensible à la nuance. Titus avait dit " il t'aidera ", ce qui signifiait qu'il ne le considérerait pas comme supérieur à lui malgré son titre de curator operis amphitheatri. Il remercia Titus qui l'entraîna dans une piéce voisine :
    - Mo" pére désire te voir. Je pense que c'est pour te féliciter. Il est enchanté de son monument dont tout le monde lui dit le plus grand bien.
    Vespasien accueillit Celer avec sa courtoisie habituelle, la même pour les petites gens que pour les dignitaires de l'Empire.
    - Je ne te vois pas souvent mais je te connais, Celer, je sais que tu es un esprit positif, méthodique et opini‚tre. Il le faut pour réussir ce que j'ai décidé d'entreprendre. Ton empereur te félicite. Tu vas me parler de notre amphithé‚tre mais, avant, je voudrais te poser une question : sans te demander d'aller plus vite en besogne - je
    sais que ce n'est pas possible -, peux-tu me dire combien de temps il te faudra pour terminer les travaux ? Bref, quand pourrai-je inaugurer le chef-d'úuvre de mon régne ?
    - Comment te répondre avec exactitude, seigneur. Dans notre métier, les prévisions sont bien aléatoires. Chaque jour réserve des surprises, parfois bonnes, le plus souvent mauvaises, qui obligent à refaire un travail ou à
    repenser un plan longuement m˚ri. Comme je te dois une réponse, je dirai quatre ou cinq ans. Bientôt, l'amphithé‚tre apparaîtra presque terminé aux profanes. Pourtant la coquille sera à peu prés vide. Il restera à
    construire le systéme de vo˚tes en berceau, de radiales, de piliers en travertin, de couloirs et d'escaliers qui supporteront les gradins des siéges étages jusqu'au podium et au sable de l'arena,
    - Je dirais que tes paroles sont pour moi de l'hébreu si je ne parlais pas correctement cette langue depuis mon séjour en Judée. Mais je retiens que tu crois en ton travail et je te fais confiance. Si je t'ai demandé quand tu auras terminé, c'est que mon vieux corps, meurtri par tant de campagnes, fatigué par tant de siéges longs et pénibles, me donne de plus en plus de souci. Tiens, en ce moment, mon pied droit me rappelle avec insistance le siége de Jotapate au cours de la rude guerre juive. La légion venait d'établir son bélier contre la muraille derriére laquelle Joséphe, devenu aujourd'hui mon ami, se défendait depuis des semaines. C'est là que j'ai été blessé alors que je commandais la manúuvre. Une fléche tirée de la ville m'a atteint au pied et tous ceux qui étaient prés de moi furent effrayés de me voir perdre mon sang. Leur trouble gagna tout le camp et mon fils Titus, prévenu, se précipita. Je vis l'instant o˘ tout le monde allait abandonner son poste et o˘ la victoire, si chérement acquise, allait nous échapper. Il ne me restait qu'à dissimuler la douleur que je ressentais sous le pansement de fortune qu'on m'avait fait, et à rendre aux légions la confiance et le courage, à les exciter à combattre avec plus d'ardeur 177
    encore. Jotapate est tombée le soir même... Mais je me demande pourquoi je te raconte cette vieille histoire. D'habitude, je ne songe

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