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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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profondément affecté et lui proposa d'inhumer les cendres de Celer au columbarium de Pomponius réservé aux dignitaires de la Maison impériale. Calpurnia remercia et refusa : l'arbre de Valerius devint aussi celui de Celer. Longtemps, tout le monde s'accorda à dire qu'il poussait plus vite que les autres et que son ombre était aussi fraîche que l'eau claire d'une ondée d'été.
    Les obséques avaient eu lieu sans attendre, selon la coutume, au lendemain de l'accident et, ironie du sort, à la veille de l'inauguration de l'amphithé‚tre Flavien. Calpurnia avait hésité à répondre favorablement à
    Titus qui l'invitait à assister à ce premier spectacle dans la loge 206
    impériale. Elle avait réuni ses amis aprés la dispersion des cendres pour leur demander conseil.
    - Si tu t'en sens le courage, vas-y, avait dit Martial. L'Empereur te fait un grand honneur...
    - Je me moque des honneurs ! s'était écriée Calpurnia. Si j'y vais, ce sera pour que Celer ne soit pas tout à fait absent à l'heure de son apothéose.
    Pline le Jeune avait dit aussitôt :
    - Si quelqu'un doit assister à l'inauguration, c'est toi. Il faut que le nom de Celer demeure attaché à son úuvre.
    Juvénal avait opiné et Rabirius fut le plus convaincant :
    - Calpurnia, il te faut voir ce premier spectacle avec les yeux de notre cher Celer. S'il avait pu parler, c'est ce qu'il aurait dit quand j'ai recueilli son dernier souffle.
    - Trés bien, avait conclu Calpurnia. Je mettrai demain ma plus belle tunique, celle de notre mariage, et j'irai voir César lancer le premier mouchoir dans l'aréne. C'est de ce geste dont parlait toujours Celer lorsqu'il était question du grand jour tant espéré. Et Terentia m'accompagnera. Il faut qu'elle garde le souvenir du triomphe de son pére!
    Titus, dont on reconnaissait à cette attention une délicatesse peu courante chez ses prédécesseurs, avait envoyé l'une des litiéres impériales chercher Calpurnia tôt dans l'aprés-midi. La jeune femme y monta avec Terentia, vêtue elle aussi de blanc. Toutes deux n'avaient pas encore vraiment réalisé ce que la mort du mari et du pére représentait pour elles. Elles se laissaient porter, immatérielles comme des esprits, par les huit Syriens en tenue rouge qui suivaient, visage impénétrable et muscles bandés, les coureurs africains chargés d'ouvrir le passage dans la foule.
    Elles arrivérent trés vite au pied de l'énorme " g‚teau blanc " de Terentia. Les porteurs posérent la litiére devant l'entrée du petit axe de l'ovale réservée à l'Empereur et elles n'eurent que quelques métres à
    parcourir pour atteindre le podium au milieu duquel se dressait la 207
    tribune princiére. Un officier de la garde prétorienne, en tenue de gala, les invita à s'asseoir sur des siéges de marbre blanc garnis de coussins.
    Les quelques places situées autour du fauteuil de Titus encore vide étaient presque toutes occupées par des personnages dont l'importance devait être considérable à en juger par la somptuosité des toges, la grosseur des bagues et la hauteur des coiffures féminines, aussi entortillées que l'imbroglio des ruelles de la basse ville. Calpurnia ne connaissait aucun de ces dignitaires qui la dévisageaient avec insistance, se demandant à
    l'évidence qui était cette femme et cette toute jeune fille. Elle ne reconnut que Domitien, arrivé juste avant son frére Titus. Lorsque celui-ci parut, cinquante mille spectateurs se levérent dans la même seconde et une énorme ovation déferla des tribunes. Une ovation qui était plutôt un grondement confus, comme si l'aréne était devenue soudain l'úil d'un fracassant cyclone.
    Le regard de Titus se posa un instant sur Calpurnia et il ordonna à l'une des vestales qui avaient pris place derriére lui d'aller chercher la jeune femme. Calpurnia n'avait guére l'habitude des courbettes mais elle avait tellement entendu dire à Celer que Titus était la simplicité personnifiée qu'elle s'inclina sans crainte et dit avec aisance les mots qui convenaient :
    - Divin César, je te salue et te remercie de tes attentions. Mon mari t'aimait et t'admirait. Il était fier d'être ton architecte.
    - Moi aussi j'appréciais Celer et son accident m'a bouleversé. Il mérite plus que moi les ovations que tu entends. Je penserai à lui quand, tout à
    l'heure, je déclarerai l'amphithé‚tre ouvert au peuple de Rome. quant à
    toi, je veillerai à assurer ton existence. Si tu as besoin d'aide,

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