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Les disparus

Titel: Les disparus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Mendelsohn
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Mondschein, le 20 août 1946 à Katowice, en Pologne, où elle s'était
installée après la guerre. A cette date, lorsque les histoires étaient encore
fraîchement imprimées dans les mémoires, riches de détails que le temps allait
effacer, elle était âgée de vingt-sept ans. Ce qu'elle a raconté de cette
première Aktion, c'est ceci :
     
    Le mardi 28 octobre 1941 à 10 heures du matin, deux
véhicules sont arrivés de Stanislawow, ils se sont arrêtés devant la mairie.
Dans un véhicule, il y avait des hommes de la Gestapo en chemises noires. Dans
l'autre, il y avait des Ukrainiens en chemises et bérets jaunes, avec des
pelles. Ces derniers sont partis immédiatement pour
    Taniawa pour creuser une grande fosse. Une demi-heure
plus tard, des paires sont sorties de la mairie, un Ukrainien accompagné d'un
type de la Gestapo ; munis d'une liste établie par la mairie, ils sont partis
dans la ville.
    La liste était composée des Juif les plus fortunés et les
plus intelligents. Les hommes de la Gestapo portaient des uniformes militaires.
On croyait qu'ils arrêtaient les gens pour les envoyer dans une brigade de
travail. Au bout de deux heures, les gens qui figuraient sur la liste avaient
été en effet arrêtés. Sur la liste figuraient : les rabbins Landau et Horowitz
; le docteur Blumenthal ; Landes, Isaak ; Feder, Ajzyk ; Frydman, Markus ; le
docteur Léon Frydman ; le chef Dogilewski, sa fille a sauté d'une voiture en
marche, alors qu'elle était enceinte de quatre mois, et elle s'est échappée.
Cela représentait 160 personnes en tout.
    Le directeur de la Gestapo, le célèbre Krüger, est arrivé
de Stanislawow. Il a fait son numéro dans la mairie pendant une demi-heure et
puis il est parti. L'action était coordonnée par l'officier de la Gestapo
Schindler. La milice a été aussi engagée. A midi, ils ont commencé à arrêter
les gens dans leurs maisons et dans les rues. Devant les maisons que visitait
un homme de la Gestapo, attendait une foule d'Ukrainiens qui entraient pour la
dévaliser après que les Juif avaient été emmenés sur la place de la ville. Les
hommes de la Gestapo, les membres de la milice ukrainienne et d'innombrables
jeunes Ukrainiens en civil, parmi lesquels se trouvaient des garçons de dix
ans, les faisaient courir dans les rues de la ville. Ils emmenaient les Juifs
au Dom Katolicki sur le champ Woloski. Ils devaient se mettre à genoux et
coller leur visage contre terre. Les Juif qui pensaient qu'on les envoyait dans
un camp de travail avaient pris quelques vêtements chauds, des sacs à dos et
quelques objets précieux. A l'entrée du Dom Katolicki, un homme de la Gestapo
leur ordonnait d'abandonner tous leurs objets précieux et leur argent sous
peine de mort. Ils ont trouvé de l'argent sur la femme d'Abeg Zimerman, qui
avait dû se déshabiller comme tout le monde dans la salle. Elle a été abattue
sur place ; il y a eu d'autres incidents de ce genre. Après une tentative
d'évasion par une fenêtre, la seule qu'il y ait eu, Ajzyk Feder a été abattu.
    Neuf cents personnes ont été entassées dans la salle. Les
gens étaient empilés les uns sur les autres. Un grand nombre d'entre eux
suffoquaient. Ils ont été tués dans la salle, abattus ou simplement frappés sur
la tête avec des massues et des bâtons, comme ça dans la salle.
    Isaac Landes avait la tête tellement fracassée que, plus
tard, lorsque 29 corps assassinés dans le Dom Katolicki ont été emmenés au
cimetière, son fils, le docteur David Landes, qui les a tous examinés, ne l'a
même pas reconnu. Les gens étaient battus sans raison ; par exemple, Schindler,
l'homme de la Gestapo, a jeté une chaise sur la tête de Cyli Blumental et l'a
défiguré, simplement pour s'amuser. Les rabbins étaient particulièrement visés.
Le corps du rabbin Horowitz a été littéralement découpé et dépecé. Le rabbin
Landau a reçu l'ordre par un des hommes de la Gestapo de monter nu sur une
chaise et de déclamer un discours à la gloire de l'Allemagne. Lorsqu'il a dit
que l'Allemagne était une grande nation, le type de la Gestapo l'a frappé avec
une matraque en caoutchouc en criant : « Tu mens ! » Après ça,
il a crié : « Où est ton Dieu ? » Dans la salle, au beau milieu de la
foule, la femme de Beni Halpern est entrée en travail et comme elle était terrifiée,
elle s'est mise à crier. Un type de la Gestapo lui a tiré dessus, mais il n'a
fait que la blesser et a tiré une seconde fois pour

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