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Les disparus

Titel: Les disparus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Mendelsohn
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la
mémorisation erronée d'informations récentes simplement parce que l'esprit a
besoin d'intégrer certaines données aux histoires sur le monde qu'on nous a
appris à nous raconter depuis toujours et que, pour cette raison même, nous
chérissons.
    Bien entendu, il est important de distinguer différents
types d'erreurs – de s'accorder sur les choses importantes, comme le dirait
par la suite Bob. Cela dit, les petites erreurs, lorsque nous en prenons
conscience, ont pour effet de nous déstabiliser, quand bien même elles sont
expliquées et pardonnées ; inévitablement, elles nous obligent à nous demander
quelles autres erreurs, même si nous envisageons clairement dans quelles
circonstances elles ont pu être commises, aussi insignifiantes soient-elles,
peuvent être en réalité tapies dans les histoires et, plus encore, dans les
textes auxquels nous nous fions aveuglément pour établir les
« faits ». Le livre d'Ytzhak Arad, par exemple, contient un
appendice, l’Appendice A , qui fournit, comté par comté, les détails des
déportations à Belzec des Juifs polonais au cours de l'Opération Reinhard,
pendant la fin de l'été et l'automne 1942. Quand j'ai ajouté ce livre à ma
bibliothèque de livres consacrés à l'Holocauste, bibliothèque qui devait tant,
au début, aux recommandations de mon frère Andrew (Masters of Death est
un livre à lire absolument, m'avait-il dit, et je me le suis donc procuré,
puisque je suis son frère cadet, après tout), j'ai feuilleté ce volumineux
appendice rigoureusement organisé, à la recherche du nom Bolechow. Là,
j'ai lu que dans le comté de Stryj, dans la ville de Bolechow, deux mille Juifs
avaient été déportés, ce que je savais évidemment, puisque cette information
concorde avec les différents rapports des survivants et des témoins de la
seconde Aktion. Mais l'appendice du livre d'Arad donne les dates des
déportations de masse comme étant du 3 au 6 août 1942. C'est ce dont Bob se
souvenait, naturellement, même si Meg avait déclaré avec emphase que la seconde Aktion s'était déroulée les 4, 5 et 6 septembre ; et, comme nous le
verrons dans un moment, un autre survivant a témoigné, quatre ans seulement
après l’Aktion, qu'elle s'était déroulée les 3, 4 et 5 septembre. Selon
moi, la prépondérance des preuves suggère que la grande Aktion a eu lieu
au cours de ces premières journées de septembre, et je suppose que le
« mois d'août » d'Arad est simplement une erreur (assez facile à
commettre, compte tenu du grand nombre d'entrées indexées pour le mois de
septembre). Comme j'ai grandi en entendant des histoires, comme j'ai passé de
nombreuses années à chercher dans des archives et que je sais (par exemple)
qu'une entrée qui dit « Kornbuch » doit en réalité désigner une femme
qui s'appelait Kornblüh, comme j'ai parlé à tant de survivants, comme je l'ai
dit, je ne suis pas gêné par cette disparité entre les témoignages oraux et
écrits, entre la date que quelqu'un peut vous donner au cours d'une interview
et l'information indiquée dans l'appendice d'un livre qui fait autorité. Après
tout, si vous alliez à l'instant sur le site Internet de Yad Vashem et que vous
cherchiez sur la banque de données des Noms des Victimes de la Shoah à « Jäger »
de Bolechow, vous apprendriez – ou plutôt vous penseriez apprendre
– qu'une jeune femme du nom de Lorka Jejger a existé et que la notice
suivante est véridique :
     
    Lorka Jejger est née à Bolchow, en Pologne, de Shmuel et
d'Ester. Elle était célibataire. Avant la Seconde Guerre mondiale, elle a vécu
à Bolchow, en Pologne. Pendant la guerre, elle était à Bolchow, en Pologne.
Lorka est morte à Bolchow, en Pologne. Cette information est fondée sur une
page du témoignage donné le 22/05/1957 par son cousin, un survivant de la
Shoah.
     
    Alors qu'en fait pas un élément de cette notice de la banque
de données de Yad Vashem n'est exact, puisque (comme nous l'apprend son
certificat de naissance), Lorka est née le 21 mai 1920 et qu'elle est vivante,
selon plusieurs témoins visuels, jusqu'à l'hiver 1942 au moins. Et j'ajouterai
que la totalité ou presque des informations fournies par cette source
importante qu'est la banque de données de Yad Vashem, concernant « Shmuel
Yeger » (ou « léger ») et « Ester Jeger » (et les
trois filles que la banque de données leur attribue : « Lorka
Jejger », « Frida Yeger » et « Rachel

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