Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Les disparus

Titel: Les disparus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Mendelsohn
Vom Netzwerk:
Je ne savais que dire. J'ai écouté
Shlomo traduire pour Anna ce qu'il venait de me dire. Il n'était pas moins
agité la seconde fois.
    Itzhak hut gemakht a zakh duss iss kegn Gott, s'est
écrié de nouveau Shlomo.
    Itzahk a fait une chose qui est contre Dieu. Und Gott hut ihm gerattet ! Et Dieu l'a sauvé !
    A ce moment-là, Anna, qui avait eu, je le suppose, de
nombreuses années pour méditer sur certaines ironies de l'histoire, pour penser
à la façon dont Dieu intervient ou non dans les affaires humaines, a interrompu
Shlomo, en secouant la tête avec ce sourire qu'elle avait, en ajoutant cette
fois à la tristesse habituelle un certain amusement un peu las. Elle a fait un
geste un peu vague vers le ciel.
    Vuss, kegn Gott ? a-t-elle dit sur le ton de
l'admonestation. Kegn di rabbunim !
    Je n'avais pas besoin de Shlomo pour traduire. Elle venait
de dire, Comment ça, contre Dieu ? Contre les rabbins ! Si la vie est
en jeu, Dieu pardonne !
     
     
    Peu de temps après,
Shlomo m'a déposé devant la résidence élégante d'Elkana pour
la réception de famille. Le cousin de ma mère était expansif à propos du
gigantesque déjeuner de fin d'après-midi, servi dans la salle à manger de la
résidence. Après la présentation hilare de quelque vingt-cinq cousins, cousins
au deuxième degré et troisième degré, des Rami, Nomi, Pnina, Re'ut, Gai et
Tzakhi (ces étranges noms israéliens abrégés de nouveau ! – assis là,
je me suis souvenu de la façon dont nous riions en disant YONA YONA YONA quand
nous étions petits et que mon grand-père venait avec cette jeune femme
israélienne aux cheveux noirs, avant qu'il ait commencé à venir avec ces autres
femmes) ; après les sourires timides, les hochements et les grimaces muettes,
après que tous ces gens se sont assis, Elkana s'est levé pour porter un toast de
bienvenue. Gêné parce que j'étais incapable de répondre en hébreu, j'ai souri
bêtement et hoché la tête en direction de chacun des convives. En anglais, j'ai
dit que j'étais heureux d'être en Israël et de pouvoir enfin rencontrer toute
la mishpuchah. Avec prévenance, Elkana m'avait placé entre les
petites-filles de sa sœur, des jeunes femmes qui n'avaient pas trente ans et
qui toutes deux parlaient parfaitement l'anglais. Nous nous sommes mis à
bavarder et, au bout d'un moment, nous avons échangé potins et secrets de
familles. Dans cette famille ? a dit Gal, incrédule, en réponse à
une question que j'ai posée à un moment donné. Tu plaisantes ? Elle
a regardé Ravit et s'est mise à rire. J'ai souri et j'ai dit, Ouais,
beaucoup d'entre nous aussi. A l'autre bout de la table, Elkana avait gardé
près de lui le fils de son fils Rami, Tzakhi, un beau jeune homme brun qui
approchait maintenant de la trentaine. Rami, un surnom pour Abraham :
mon grand-père. Tzakhi, le diminutif d'Itzhak. Rami était quelque part
en Extrême-Orient ; comme son père, c'était quelqu'un. Elkana pérorait devant
son petit-fils. Les journaux disaient que les recherches du leader irakien
déchu se poursuivaient ; Elkana, bien qu'il eût pris sa retraite depuis
longtemps, avait l'aura de quelqu'un qui a accès à des informations
privilégiées en haut lieu, et il hochait la tête dans ma direction, en disant
assez fort, On va le trouver à Tikrit, je vous le dis. C'est là qu'il est
chez lui, avec les siens. À ma droite était assise Ruthie, dont les tresses
étaient devenues un mélange de blond paille et de blanc ; elle traduisait aussi
vite qu'elle le pouvait quand j'essayais de communiquer avec les autres, quand
elle jugeait utile de me répéter ce qu'ils avaient dit. C'est comme ça que j'ai
appris que la plupart des jeunes gens présents n'étaient pas conscients du fait
que cette grande famille joyeuse venait d'un endroit qui s'appelait Bolechow et
que leur nom avait été autrefois 
     
    La rencontre initiale d'Abraham avec une culture
étrangère n'est pas, au premier coup d'œil, un grand succès. Assez tôt dans
parashat Lech Lecha,, nous apprenons que, en dépit du fait que Dieu a conduit
Abraham en Canaan, le territoire promis, il y a eu, très vite, une famine dans
ce pays qui a conduit Abraham à fuir avec sa famille en Egypte, un pays
d'abondance. Avant d'arriver en Egypte, Abraham élabore un plan. Comme elle est
une belle femme, dit-il à Saraï, les Egyptiens voudront s'emparer d'elle et le
tuer ; il lui ordonne donc de mentir et de dire qu'Abraham n'est pas son mari,
mais son

Weitere Kostenlose Bücher