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Les disparus

Titel: Les disparus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Mendelsohn
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Bolechow et Lwów. Son père conduisait le camion. Et lui,
Jäger, disait parfois à son père d'aller chercher deux chevaux pour l'aider à
tirer le camion au sommet d'une colline, parce qu'il était surchargé et ne
pouvait plus avancer ! De très grands chevaux, des chevaux allemands,
comme ceux qu'ils utilisaient pendant la guerre pour tirer les canons.
    Ah, vraiment ? ai-je dit de nouveau. Mais, cette fois,
plusieurs personnes s'étaient rassemblées autour de nous pour écouter ce qui se
disait : une femme entre deux âges en blouse de ménagère et deux jeunes femmes
en jeans et t-shirts moulants.
    Elles étaient curieuses de savoir qui nous étions.
    Il avait l'habitude d'aller à Lwow, a poursuivi Alex en
traduisant les propos de Stepan, et lorsque quelque chose tombait en panne, il
était furieux, c'était le désastre ! Il avait sa boucherie près du centre,
à un endroit où trois nouvelles maisons ont été construites depuis. Pas très
loin du Ratusz, en face de la Magistrat. De l'autre côté de la
rue.
    Oui, ai-je dit.
    Et donc Stepan a continué à parler un bon moment et nous a
raconté beaucoup de choses. Il se souvenait des Szymanski, une famille
polonaise. Ils avaient une maison avec une sorte de taverne à l'intérieur, on
pouvait y manger des saucisses. La maison n'existe plus aujourd'hui. Il ne
savait rien de plus au sujet des Szymanski. Il se souvenait des Grunschlag. Ils
vendaient du bois. Il se souvenait d'une famille du nom de Zimmerman. L'autre
vieux et lui se souvenaient des Ellenbogen. Ils avaient une boutique sur le Rynek. Il se souvenait que des Juifs avaient été déportés en Sibérie en 1940 : la
famille Landes. Il se souvenait de noms dont je n'avais jamais entendu parler :
Blumenthal, Kelhoffer. Il se souvenait d'Eli Rosenberg qui était revenu à
Bolechow et y avait vécu longtemps après la fin de la guerre. Il se souvenait
que, pendant l'Occupation, tous les Juifs avaient été tués. Il se souvenait de
choses plus spécifiques de la période de la guerre, par exemple du jour où il
aidait son père à faire quelque chose pas loin du Rynek et que des coups
de feu avaient éclaté. Des balles sifflaient de tous les côtés, pchiou !
pchiou ! pchiou ! a dit Stepan en imitant le bruit des balles. A
terre ! À terre ! avait crié son père et ils s'étaient couchés
dans l'herbe pour se protéger des balles. Sur qui tirait-on ? avons-nous
demandé. Sur des Juifs, probablement, a-t-il répondu. Il avait vu, un jour,
comment les Juifs avaient été emmenés sur la route par les nazis, avec leurs
manches relevées et leurs mitraillettes. Deux types du coin (a traduit Alex),
qui n'étaient pas en uniforme, les aidaient. Il y avait aussi une police ou une
milice juive, organisée par les nazis, et la police juive connaissait tout le
monde. Donc, ces Juifs ont été emmenés dans cet endroit au bout de la ville,
près de Taniawa. Oui, il savait où se trouvait Taniawa, son père avait
participé à la construction du monument commémoratif. Ils avaient l'habitude de
tondre la pelouse là-bas.
    Bien, ai-je dit, nous y allons. J'avais entendu dire que la
végétation avait tout envahi et qu'il était impossible de trouver quoi que ce
fût ; de toute évidence, ce Stepan était la personne idéale pour nous aider à
le retrouver (et nous y sommes allés en effet, plus tard dans la journée, et
après une heure de recherches dans une forêt de fleurs sauvages qui montaient
jusqu'à la poitrine, si dense qu'on avait l'impression d'être dans un conte de
fées, je me suis tourné vers Alex et j'ai dit, comme ma mère aurait pu le dire,
C'est magnifique, cet endroit ! et il a souri sombrement avant de
répondre, C'était toujours dans un endroit magnifique. Finalement, avec
l'aide d'un jeune homme qui habitait dans le coin – pas si jeune,
toutefois, puisqu'il avait eu un père qui était présent le jour où ça s'était
passé et avait raconté à ses enfants comment les Juifs avaient été alignés et
abattus –, avec son aide, nous l'avons trouvé et nous sommes restés là,
devant les petits obélisques en ciment, cet homme, Alex, Froma, Stepan et moi,
en silence pendant un moment. Je me suis senti un peu idiot. Mais j'ai tout de
même sorti un agrandissement de la photo de Ruchele et j'ai dit, Je ne sais
pas, je crois que nous devrions avoir une pensée pour cette jeune fille, cette
jeune fille de seize ans. Pour sa vie. C'est ici qu'elle est morte, ici même.
J'ai fait

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