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Les fiancés de Venise

Les fiancés de Venise

Titel: Les fiancés de Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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étaient fermés avec soin. Il fallut un moment pour que ses yeux s’habituent à la pénombre. Du côté du corridor, deux taches de lumière pâle flottaient devant le mur. En s’approchant, le commissaire identifia deux minuscules flammes qui brillaient à l’intérieur d’un verre rond et translucide, supporté par un tuyau muni d’un régulateur en laiton pour le débit du gaz. Voilà donc à quoi ressemblait le nouvel éclairage dans les chambres du Danieli .
    Aucun des trois tiroirs du bureau n’était fermé à clé, de sorte que Tron ne fut pas surpris d’y avoir cherché en vain les photographies. Sur un guéridon, Gutiérrez avait accumulé quantité de documents dont l’examen, comme on pouvait s’y attendre, n’apporta rien non plus. Dans une commode haute sur pieds, pourvue de faux tiroirs que le commissaire avait désespérément tenté d’ouvrir, il découvrit, une fois qu’il eut soulevé le couvercle, toute une batterie de verres ainsi qu’une demi-douzaine de bouteilles de champagne posées sur un lit de glace pilée, dans un bac en métal.
    Des journaux italiens et français s’entassaient sur une console située au-dessous des lampes à gaz. Un exemplaire du Moniteur cachait une enveloppe marron (Tron sentit son cœur s’emballer follement) dans laquelle l’ambassadeur avait rangé des coupures de presse concernant les activités de l’armée française au Mexique.
    Alors, le commissaire passa dans la dernière pièce (aux rideaux également fermés) et s’appuya un instant contre le mur. La chambre contenait un grand lit à deux places, une armoire, deux malles-cabines, une table de toilette et trois chaises. Où cacherait-il, pour sa part, ce genre de clichés ? Entre les chaussettes et les plastrons ? En dessous du matelas ? Comme il ne parvenait pas à se décider (et que Gutiérrez avait de toute façon probablement fait un autre choix), il commença bêtement par le tiroir de la table de toilette. Elle renfermait un blaireau, un savon à l’amande de Florence, deux rasoirs à main et un miroir de voyage. C’était tout.
    Tron se tourna vers le placard. Il palpa trois queues-de-pie, six redingotes, une fourrure et un pardessus noir qui faisait penser à un manteau de curé, glissa la main sur le fond de l’armoire et sur la planche au-dessus de la tringle. Rien. Les deux malles-cabines contenaient des douzaines de chemises, de maillots, de lavallières et de plastrons, mais pas de photographies.
    Il souleva le matelas sans aucun résultat ; par expérience, il savait qu’on ne trouvait jamais rien dans un lit – ni d’ailleurs en dessous. Cela dit, pensa-t-il, on ne pouvait pas exclure que des esprits raffinés préfèrent justement ce genre de planques. Il soupira, s’agenouilla avec lenteur, souleva la courtepointe en lourd brocard et passa sans grand espoir la tête sous le sommier.
    Et là, à un endroit qu’avec la meilleure volonté du monde, on ne pouvait qualifier d’original, il découvrit ce qu’il cherchait : une robuste malle en métal, fermée par un cadenas non moins robuste. Pas de doute : les photos devraient se cacher là. Seulement, comment forcer la serrure sur place ? Avec une pince à cheveux ? Absurde. Ou bien devait-il traîner la malle dans le couloir et l’escalier de service pour la confier à un spécialiste de la questure ? Non, bien entendu. Surtout qu’il n’était pas sûr qu’elle contînt les clichés. Dans ce cas, le commissaire serait bien en peine de justifier ses actes.
    S’il avait refermé la porte entre le vestibule et le salon, il aurait peut-être entendu le bruit de la poignée. Mais là, il ne perçut les pas qu’une fois l’intrus dans la pièce intermédiaire. Sans réfléchir, il se jeta par terre, poussa la malle, se glissa sous le sommier et retint son souffle. Si jamais il s’agissait de Gutiérrez, alerté par quelque détail (peut-être son secrétaire s’était-il rendu compte qu’il avait perdu la clé), il viendrait à coup sûr jeter un coup d’œil sous le lit.
    Les pas se firent plus proches, puis s’arrêtèrent. Tron sentait littéralement son pouls battre contre ses tempes, rapide et violent. On aurait dit qu’un doigt jouait un staccato précipité sur un tambour feutré. Une voix retentit dans sa tête – celle de l’ambassadeur : « Vous vouliez vous assurer que tout était en ordre ? Moi aussi, dès que González a constaté la disparition de la clé. Pouvez-vous

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