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Les fiancés de Venise

Les fiancés de Venise

Titel: Les fiancés de Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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observer tout le ponton auquel le Novara est amarré.
    — Ensuite ?
    — J’attends qu’un homme descende du yacht.
    — Un homme avec une grande moustache, précisa-t-il, vêtu d’une simple redingote. Où va-t-il ?
    — Au Danieli .
    —  Et que fais-tu à ce moment-là ?
    Elle soupira.
    — Je retiens bien à quoi il ressemble. Une dizaine de minutes plus tard, il ressort de l’hôtel. À ce moment-là, je lui prends la clé.
    — Et une fois que tu t’en es emparée ?
    — Je la passe discrètement au sergent Bossi.
    À entendre le ton sur lequel elle donnait ces réponses, avec rapidité et aisance, on aurait pu croire l’opération très facile.
    Le commissaire hocha deux fois la tête. Pendant un moment, il eut une mine extrêmement satisfaite, comme si tout était déjà réglé. Puis soudain, il la regarda avec attention et demanda :
    — C’est pour cela que tu es venue voir Alessandro il y a quelques jours ?
    Tout d’abord, elle ne comprit pas la question.
    — Le manteau, expliqua-t-il. Et les chaussures.
    Ah ! Il avait donc fini par s’en rendre compte. Il était temps !
    — Cela vous plaît ?
    Elle sourit et se sentit rougir. Son visage se mit à brûler. Elle n’avait encore jamais posé une telle question à un homme. Quelle coquette ! Il faut dire qu’elle n’avait encore jamais possédé un tel manteau ni de pareilles chaussures. Par bonheur, le réverbère le plus proche était à dix pas d’elle.
    — Ton manteau va nous faciliter la tâche, dit-il.
    — Quelle tâche ? l’interrogea-t-elle dans son trouble.
    — Le détournement de la clé. Ta cape aurait été un peu trop…
    Il hésita, cherchant le mot juste. Elle comprit.
    — Trop voyante ? suggéra-t-elle.
    Il approuva, releva le col de sa redingote et remit en place son haut-de-forme.
    — La gondole va te reconduire au rio San Maurizio.
    — Je peux y aller à pied.
    — Il fait noir, Angelina, et il y a du brouillard.
    Bien entendu, vu ce qu’il savait sur elle, ces arguments étaient absurdes. Mais le ton soucieux de sa voix l’émut. En outre, il incarnait la loi. Elle s’inclina devant l’arbitraire de la police en haussant les épaules.
    — Comme vous voulez.
    Dans la gondole où elle avait pris place (seule cette fois car le sergent Bossi était resté avec son supérieur sur la riva degli Schiavoni), elle se demanda pour quelle raison elle n’avait pas raconté toute l’histoire au commissaire. La veille, sa visite sur l’ Archiduc Sigmund s’était conclue par un échec ; elle avait été sur le point de lui confesser ce qu’elle savait.
    Certes, elle avait pu monter à bord sans encombre. Le matelot qui l’avait arrêtée lors de sa première tentative l’avait laissée passer de bonne grâce et le chef steward, signor Putz, un nain bossu, l’avait écoutée avec patience. Toutefois, il ne lui avait pas été d’un grand secours. Un homme vêtu comme un prêtre, arrivé peu avant minuit ? Avec un chapeau noir et rond ? Oui, il s’en souvenait. Seulement, l’inconnu n’avait pas réservé de cabine. Or, avait expliqué le nain, il n’existait pas de liste des passagers, juste un registre pour les réservations. Donc pas de réservation, pas de nom. Désolé.
    La barque longeait le môle. Les réverbères de la Piazzetta balançaient avec nonchalance les uns vers les autres, comme si la rive se déplaçait. Cette expérience aussi était nouvelle pour Angelina. Étaient-ils encore nombreux, à Venise, à n’avoir jamais pris la gondole ? En tout cas, la jeune fille éprouvait une sensation merveilleuse. Elle savourait le glissement tranquille après chaque coup de rame, suivi d’une douce accélération et du tendre clapotis des flots contre la proue. Ce mouvement lui rappelait certains rêves dans lesquels elle planait au-dessus des toits et des cheminées, les cheveux épars dans le vent comme l’étoffe d’un drapeau.
    Deux minutes plus tard, la gondole s’engagea sur le Grand Canal. Ses pensées se tournèrent de nouveau vers son expédition à bord de l’ Archiduc Sigmund . Que faire ? Bien entendu, elle pouvait encore attendre. Néanmoins, voilà déjà plus d’une semaine que le crime sur le rio della Verona avait eu lieu. Le commissaire ne manquerait pas de lui demander pourquoi le visage de l’assassin ne lui était revenu que maintenant. Elle ne pourrait lui répondre sans mentir. Quelque chose la gênait dans cette idée.
    Que ressortait-il de

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