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Les fiancés de Venise

Les fiancés de Venise

Titel: Les fiancés de Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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l’établissement qui tient le compte de la princesse.
    La comtesse eut l’air surprise.
    — Qu’y a-t-il de mal à cela ?
    — Maria ne manquera pas d’en avoir vent. As-tu conscience que tu me fais apparaître sous un jour impossible ?
    Elle dévisagea son fils par-dessus le bord de sa tasse.
    — Ce n’est pas cela qui te fait apparaître sous un jour impossible, Alvise.
    Comme Tron se taisait, elle laissa ses yeux errer sur le plafond et donna à comprendre qu’elle avait du mal à se contenir devant un tel manque de discernement.
    — La princesse a-t-elle accepté ta demande en mariage ou non ?
    — Oui, elle a accepté.
    — Dans ce cas, elle a pris un engagement.
    — Si tu veux le voir ainsi…
    — Parce que toi, tu vois cela de manière différente ?
    — Je vois que toute une série de raisons ne l’aident guère à franchir le pas.
    — Lesquelles ?
    — L’impression d’arriver dans un milieu qui ne lui convient pas, par exemple.
    — Puis-je savoir de quel milieu il s’agit ? Et à cause de quoi ?
    — Un milieu dans lequel on émet des réserves sur ses bonnes manières.
    — Oh ! Excuse-moi si un détail ou deux m’ont choquée dans le comportement de la princesse. De toute évidence, tu n’y accordes pas la même importance.
    — Au cours des deux années qu’elle a passées en France, Maria a été reçue aux Tuileries presque tous les jours. L’idée qu’elle puisse manquer d’entregent est ridicule.
    — Tout cela parce qu’une demoiselle de Gambarare a fréquenté deux ans la cour de ce parvenu ? Voilà qui est ridicule, Alvise.
    Il haussa les épaules.
    — Appelle Napoléon comme tu veux. Il n’empêche que Paris est une capitale internationale, ce qu’on ne saurait dire de Venise. Il n’a pas été facile pour Maria de s’accoutumer de nouveau à l’étroitesse de vues qui règne ici.
    — Dois-je comprendre qu’elle me trouve provinciale ?
    — Elle a bien trop de tact pour faire ne serait-ce qu’une allusion de ce genre, la défendit-il.
    — Mais bien sûr, tu lis dans ses pensées.
    — Cela n’est absolument pas nécessaire. Pour comprendre ses hésitations, il suffit de t’entendre parler.
    — Veux-tu prétendre que c’est moi qui suis responsable de ce retard ?
    — Je peux très bien imaginer que ton insistance joue un rôle dans ses réflexions.
    Le sourire qu’elle lui fit parvenir par-dessus la table était un chef-d’œuvre de distinction.
    — À supposer que tu ne te trompes pas sur ses véritables motifs…
    — Je ne crois pas que tes spéculations à ce sujet m’intéressent.
    — La princesse est jeune et belle, continua-t-elle pourtant d’une voix lente. Le genre d’activités auxquelles elle se livre implique en général qu’on fréquente des hommes ?
    Elle se pencha au-dessus de son assiette, prête au combat.
    — Ou est-ce que je me trompe ?
    — Tu as parfaitement raison.
    — Bien. Alors, peut-être ne repousse-t-elle le mariage que parce qu’entre-temps, elle a fait la connaissance…
    Il se leva de manière si brusque qu’il se cogna à la table et renversa la tasse. Son café se répandit sur la nappe tandis que la porte s’ouvrit soudain derrière lui et qu’une voix l’appela avec une légère excitation.
    — Alvise ?
    Le commissaire vit volte-face et aperçut Alessandro sur le pas de la porte. À côté de lui se tenait un homme en uniforme. Sous le coup de la surprise, Tron mit quelques secondes à reconnaître le sergent Bossi.
    Son adjoint avait la tête toute rouge. Il tournait son casque dans ses mains avec nervosité et jetait des regards timides sur les tapisseries accrochées aux murs.
    — Je suis désolé, je…
    Le policier s’arrêta au beau milieu de sa phrase et essuya du revers de la main son front brillant comme un lumignon. Tron ne put s’empêcher de sourire.
    — Qu’y a-t-il, sergent ?
    — Une femme…
    Les quelques syllabes lui collaient sur les lèvres comme des gouttes de sirop.
    — Qu’est-il arrivé à cette femme ?
    — Dans un appartement du rio della Verona, commissaire.
    — Et alors ?
    — Découverte par la femme de ménage.
    — Continuez, sergent !
    — Poignardée.
    Il avait le souffle aussi court que s’il avait eu lui-même un couteau planté dans le dos.
    Tron souleva un sourcil.
    — Avez-vous prévenu le docteur Lionardo ?
    Le policier hocha la tête.
    — Il devrait déjà être en route.
    — Ma gondole est-elle

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