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Les fiancés de Venise

Les fiancés de Venise

Titel: Les fiancés de Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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mentir, précisa-t-il. Qu’as-tu appris à mon sujet ?
    — Que tu étais parti au Mexique.
    Elle s’interrompit, puis ajouta :
    — Tu aurais quand même pu me dire au revoir.
    — Notre relation était sur le point de nous échapper, Maria. Il y avait trop de choses en jeu pour moi.
    — Pour moi aussi.
    — Je sais, dit-il en hochant la tête.
    — Et maintenant ? l’interrogea-t-elle.
    — C’est long, quatre ans, répondit-il. Maintenant, je me réjouis de te revoir.
    — La redingote te va bien.
    Il rit.
    — Je me fais l’effet d’un déserteur.
    — Combien de temps va durer cette mascarade ?
    — Je ne sais pas, dit-il en haussant les épaules. Nous avons rencontré quelques problèmes à Venise.
    Il la précéda dans une pièce chichement meublée. Sur la table au centre, en apparence prévue pour les repas, elle aperçut plusieurs numéros de la Gazzetta di Venezia , deux tasses sales, un verre à eau et une bouteille de grappa. Un fond de moisi auquel se mêlaient un relent de vieux chou, une odeur de chat et de la fumée de cigarette planait dans l’air. Quoiqu’il fît froid, elle sentit la sueur lui couler sur les tempes et les cheveux lui coller au front.
    — Quelles sortes de problèmes ?
    Elle ramena sa mèche en arrière tout en s’asseyant à la table.
    Il lui répondit par une question.
    — Que sais-tu de l’archiduc Maximilien ?
    — Qu’il doit embarquer pour Veracruz et qu’il est le jouet de Napoléon.
    — Quoi d’autre ?
    Il avait allumé une cigarette et l’observait à travers un nuage de fumée.
    — Qu’il ne pourra pas conserver la couronne du Mexique si celui-ci rappelle ses troupes.
    Il expira un anneau.
    — Ce qui ne manquera pas de se produire si les pertes sont trop importantes, laissa-t-il tomber.
    — A-t-il une chance de réussir ? l’interrogea-t-elle.
    Sa réponse fut immédiate.
    — Seulement s’il parvient à lever sa propre armée.
    Elle approuva d’un geste de la tête.
    — Pour cela, dit-elle, il a besoin d’argent – il doit prélever des impôts. Et il n’aura pas beaucoup de temps. Je pense qu’il en est conscient. Il ne m’a pas donné l’impression d’être un rêveur.
    Il la regarda avec surprise.
    — Tu connais l’archiduc ?
    — Je lui ai été présentée à Trieste hier. Lors de la réception de la délégation mexicaine.
    — Que faisais-tu là ?
    — Le prince avait acheté des parts sur des mines d’argent dans le Sonora.
    — Qui sont manifestement toujours en ta possession ?
    — En effet, soupira-t-elle. En outre, il a investi dans les emprunts mexicains à la fin des années cinquante.
    — Cela ne vaut pas grand-chose à présent.
    — À l’époque, l’affaire semblait prometteuse.
    — A-t-il placé beaucoup d’argent ?
    — Assez pour que je rencontre de sérieuses difficultés si Maximilien échoue.
    — Tu n’as rien à attendre du président actuel.
    Elle sourit d’un air las.
    — Je sais. C’est pourquoi je soutiens l’archiduc. Il faut absolument qu’il devienne empereur du Mexique.
    — Dans ce cas, nous avons un intérêt commun.
    — Vas-tu retourner là-bas ?
    Il fit oui de la tête.
    — Quand ?
    — Dès que j’aurai résolu ce… problème.
    — Tu ne m’as toujours pas confié de quoi il s’agissait.
    — Disons que plusieurs cercles espèrent voir les projets de Maximilien avorter et que leur bras s’étend jusqu’à Venise.
    — Les juáristes ?
    — Benito Juárez n’est pas le seul ennemi de l’archiduc.
    — Peux-tu m’en dire plus ?
    Il secoua la tête.
    — Non. Pas tant que certains détails restent en suspens.
    — Pourquoi m’as-tu demandé de venir ici ?
    — Je voulais être sûr qu’on ne nous dérangerait pas. Et surtout, je voulais…
    Il s’interrompit et reprit sa phrase du début.
    — Je voulais voir quel effet produisait sur moi ta présence.
    — Et alors ? demanda-t-elle en souriant.
    Il lui rendit son sourire. Elle nota avec soulagement l’absence de gêne.
    — Je crois que, cette fois, nous pourrons nous dire au revoir, déclara-t-il d’un ton placide.
    Il se tut, puis reprit sans transition :
    — Est-il vrai que tu vas te marier ?
    Elle le regarda d’un air surpris.
    — Avec un certain comte Tron, à ce qu’on m’a rapporté. Le commissaire de Saint-Marc.
    — Tu es bien informé.
    — Celui qui s’occupe des crimes dans le centre de la ville.
    Il avait dit ces mots d’une voix

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