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Les fiancés de Venise

Les fiancés de Venise

Titel: Les fiancés de Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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tristesse.
    Un chien aux pattes torses et à la mine d’infâme crapule accourut en grondant dès que Tron et le sergent Bossi eurent atteint l’extrémité du passage. De l’autre côté de la cour, une demi-douzaine de personnes amassées devant une porte ouverte interrompirent aussitôt leur conversation. Elles jetèrent sur les deux intrus des regards aussi méfiants que s’il s’agissait des assassins – lesquels, comme on sait, reviennent toujours sur les lieux de leurs crimes.
    En passant parmi elles, Tron faillit se casser la figure car il n’avait pas vu le seuil de pierre entre la cour et le couloir. Au fond du corridor, une porte entrebâillée laissait pénétrer un fin rayon de lumière qui éclairait les dalles. Le commissaire eut l’impression d’entendre un léger clapotis contre les murs et supposa que l’ouverture donnait sur l’eau. Cependant, il n’en était pas sûr.
    — Où arrive-t-on par là ? s’enquit-il par précaution.
    — C’est un ponton, expliqua le sergent, sur le rio della Verona.
    — Y a-t-il une autre issue que cet embarcadère et le passage ?
    — Non.
    — Et où est l’appartement ?
    — À droite, commissaire.
    La réponse était superflue. Il n’avait pas terminé sa phrase qu’un autre policier sortit dans le couloir et salua le commissaire dès qu’il l’eut reconnu. Depuis la porte de l’appartement, Tron aperçut le sergent Vazzoni, penché au-dessus d’un cadavre. À l’arrivée de son supérieur, il se releva et salua d’un geste rapide.
    — Anna Slataper, commença-t-il de lui-même, trouvée morte il y a une heure par une certaine signora Saviotti qui venait faire le ménage et la lessive tous les deux jours. Aujourd’hui, comme Mlle Slataper n’ouvrait pas, elle s’est servie de sa clé. Dès qu’elle a vu le corps, elle a couru au poste de police sur la place Saint-Marc.
    Allongée sur le dos, la victime portait une robe à fleurs au corset à moitié déchiré. Quelqu’un avait dissimulé son visage sous une serviette de table. Pourtant, elle n’avait pas de blessure à la tête puisque le tissu restait d’un blanc immaculé. En revanche, Tron aperçut sous l’épaule droite une tache sombre de la taille d’une assiette. Du sang caillé sur le sol. Comme il ne voyait pas de plaie au niveau de la poitrine, il en déduisit que l’assassin avait planté un couteau dans le dos. Il aurait pu prier Vazzoni de retourner le corps pour vérifier, mais préféra attendre l’arrivée imminente du docteur Lionardo.
    — Où est maintenant signora Saviotti ? demanda-t-il.
    — Dans la salle de séjour.
    D’un geste de la main par-dessus l’épaule de son supérieur, le sergent désigna l’une des deux portes du vestibule.
    — Quelle est l’autre pièce ?
    — La chambre.
    — Signora Saviotti était-elle seule lorsqu’elle est entrée ici ?
    Vazzoni fit oui de la tête.
    — Et elle a… ?
    Le sergent n’attendit la fin de la phrase.
    — Oui, fermé l’appartement à clé avant d’aller au poste de police.
    — L’avez-vous déjà interrogée ?
    — Je me suis limité au strict minimum. J’ai pensé que vous souhaiteriez l’entendre en premier, commissaire.
    — A-t-on touché quoi que ce soit depuis la découverte du corps ?
    Le sergent se contenta de secouer la tête avec une légère indignation.
    — S’agit-il d’un cambriolage ?
    — Non.
    — Et la serviette ?
    La moue de Vazzoni laissait entendre qu’il jugeait la question inutile.
    — C’est moi qui l’ai posée sur son visage, commissaire.
    Tron posa son haut-de-forme et sa canne sur la table, retira un à un les doigts de ses gants, puis s’agenouilla avec précaution près du cadavre, souleva la serviette et haussa les sourcils sous l’effet de la surprise. Il ne s’était pas attendu à trouver une jeune femme ayant conservé, malgré ses yeux écarquillés, une extraordinaire beauté jusque dans la mort. Ses iris marron étaient tellement sombres que l’on distinguait à peine les pupilles. Elle avait la peau lisse et fine comme de la porcelaine. Ses longs cheveux épais étalés sur le tapis formaient une auréole autour de sa tête.
    Tron évalua son âge à vingt ans tout au plus. Il se releva d’un geste lent et regarda autour de lui pour s’imprégner en quelque sorte du décor . Apparemment, la pièce où ils se trouvaient servait à la fois de vestibule et de cuisine. Une fenêtre aux rideaux fermés qui devait

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