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Les fiancés de Venise

Les fiancés de Venise

Titel: Les fiancés de Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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donner sur l’arrière-cour surmontait un poêle en briques à côté duquel une caisse contenait du bois à brûler. Près de la porte de la salle de séjour, une simple étagère aux planches recouvertes de papier servait de vaisselier. Tout était propre et bien rangé. Rien ne permettait de conclure ni à une extrême pauvreté ni à une grande richesse.
     
    Quel genre de vie cette jeune femme pouvait-elle bien avoir mené ici ? À quelles activités se livrait-elle ? Avait-elle des amis ? Des parents ? Un amant peut-être ? Et – il ne put s’empêcher de se poser la question – avait-elle tiré profit de son exceptionnelle beauté ? Ou, peut-être, cette peau de porcelaine et ces sourcils gracieux avaient-ils au contraire causé sa perte ?
    Comme il le savait, rares étaient les crimes dont l’élucidation ressemblait à une subtile partie d’échecs. Le plus souvent, il s’agissait d’une histoire d’amour ou d’argent – parfois les deux. L’expérience lui avait appris que quelques discussions dans l’entourage direct de la victime permettaient en général de découvrir un motif plausible. Ensuite, il n’était guère plus difficile d’arrêter l’assassin que d’ouvrir une boîte de friandises.
    Lorsqu’il pénétra dans la salle de séjour, signora Saviotti, assise bien droite sur une chaise, se contenta de le saluer d’un mouvement réservé de la tête. La colonne vertébrale collée au dossier, ses doigts minces comme des pattes d’araignée posés sur ses cuisses, elle semblait vouloir dire qu’elle avait mieux à faire que d’attendre ici la venue du commissaire, mais que, compte tenu des circonstances – il s’agissait quand même de résoudre un meurtre –, elle se résignait à un tel sacrifice.
    Tout en elle était brossé, lustré, poli, depuis ses cheveux gris relevés en un haut chignon jusqu’au mouchoir amidonné qui dépassait de la manche de sa robe en laine noire. Sa bouche ne formait qu’un simple trait sur sa mine de papier mâché au menton trop court. Une dame aux revenus modestes, supposa Tron, peut-être la veuve d’un petit fonctionnaire, obligée d’arrondir ses fins de mois. Il estima qu’elle devait avoir dans les soixante ans.
    — Signora Saviotti ?
    Il s’arrêta et esquissa une révérence polie. De nouveau, elle se contenta d’un hochement circonspect de la tête. L’une de ses mains pareilles à des griffes fit un brusque mouvement vers le sommet de son crâne, comme pour redresser son chignon.
    — La découverte du corps de Mlle Slataper a sans doute été pour vous un choc, dit-il en guise d’introduction.
    Les commissures de ses lèvres se relevèrent de quelques millimètres, ce qui, dans son cas, équivalait sans doute à un éclat de rire. Elle déclara :
    — La mort est toujours un choc, commissaire.
    Il s’était attendu à une voix maigrichonne, sans corps, et non grave et harmonieuse.
    — Le sergent m’a dit que vous veniez tous les deux jours assister la demoiselle.
    Elle sembla sensible à l’euphémisme. Son dos perdit un peu de sa raideur.
    — C’est exact.
    — Quand êtes-vous venue pour la dernière fois ?
    — Il y a deux jours. J’arrive en principe vers une heure. Je frappe à la porte, elle ouvre.
    — Et aujourd’hui ?
    — Personne n’a ouvert. Cela se produisait de temps à autre. J’avais une clé pour le cas où elle s’absentait.
    Tron remarqua qu’elle retroussait ses fines lèvres à la fin de chaque phrase et secouait en même temps légèrement la tête, ce qui faisait vibrer son gigantesque chignon.
    — Vous l’avez donc utilisée.
    Cette fois, le chignon se balança vers l’avant.
    — Au départ, j’ai pensé qu’elle avait chuté et s’était blessée. Mais ensuite, j’ai compris qu’elle était morte.
    — Êtes-vous entrée dans l’appartement ?
    La réponse jaillit aussi vite que si elle avait prévu la question. Pendant un court instant, le commissaire perçut une faible lueur dans ses yeux marron clair.
    — Je suis restée sur le pas de la porte. J’ai aussitôt refermé à clé et suis accourue au poste de police.
    Il se contenta de hocher la tête.
    — Mlle Slataper avait-elle de la famille à Venise ? continua-t-il. Faut-il prévenir quelqu’un ?
    Il s’imaginait déjà apportant cet après-midi la nouvelle de sa mort et répandant le chagrin. Par bonheur, signora Saviotti secoua la tête de gauche à droite.
    — En tout cas, je ne connais

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